Interview
Gilbert Brisbois ("L'After foot") : "Jamais personne n'est venu me dire d'arrêter d'attaquer Ribéry ou Benzema"
Publié le 18 mai 2018 à 15:00
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie, l'anchorman du soir de RMC s'est confié auprès de puremedias.com.
Gilbert Brisbois Gilbert Brisbois© Abaca
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puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Gilbert Brisbois, présentateur de "L'After foot" sur RMC et BFM Sport a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 26 avril 2018.

Partie Coupe du monde

puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Gilbert Brisbois : C'est France/Brésil 1986. A Guadalajara, à midi, 50 degrés. Les pénos. La grande équipe du Brésil. J'ai plein d'images du match. Je me souviens des tirs au but gagnants de Luis (Fernandez, ndlr), de Platini, blessé mais qui est quand même là. J'étais gamin, j'avais 12 ans. Quand on est enfant, ce sont les choses les plus marquantes. J'étais au stade en 2006 pour le coup de boule de Zidane. Ca ne m'a pas créé les émotions de ce match-là.

"Messi il est moche quoi ! Il est efficace, mais il court, il fait des petits pas, ce n'est pas gracieux" Gilbert Brisbois

Quel est le plus mauvais souvenir ?
C'est ce match France/Italie en finale en 2006. Pour une raison très simple. Moi, je couvrais la Coupe du monde pour RMC. On avait bossé comme des dingues pendant un mois. On était complètement cramé. Arrive la finale, on bosse, on commente le match. En prolongations, je fais un malaise ! Je suis tellement fatigué, je commence à avoir des vertiges, je ne me sens pas bien. On était deux à commenter. Et du coup, j'arrête. Il fallait que j'aille marcher. Je loupe complètement la fin. Je n'ai rien vu du coup de boule, je suis juste revenu au moment des tirs au but. C'était mon pire souvenir. Et pour l'anecdote, on avait notre patron, assis dans la tribune à côté de nous, François Pesenti. Je lui avais vite filé le casque en lui disant de prendre ma place. Il n'était pas totalement mécontent, parce qu'il s'est retrouvé à l'antenne pour ça. Dans mon malheur, j'ai fait un heureux.

Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
J'hésiterais entre Zidane et Cristiano. Zidane, début des années 2000... En 2006, il fait des trucs totalement incroyables et exceptionnels, jusqu'à péter un boulon au moment de son coup de boule. Dans le duel entre Messi et Cristiano, je penche pour le Portugais. Dans le geste sportif, j'accorde beaucoup d'importance au style. Ce mec a un truc... Messi il est moche quoi ! Il est efficace, mais il court, il fait des petits pas, ce n'est pas gracieux. Cristiano, il a un truc. Je lui mets une note de style de 10/10.

Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Je mise sur une équipe européenne en surprise. Les Sud-Américains, quand ils sont loin de chez eux, c'est un petit peu plus compliqué. Il peut y avoir des surprises avec la Pologne qui est une bonne équipe. On peut aussi s'attendre au Portugal, qui a gagné l'Euro, mais qui reste quand même une surprise. Ils n'ont pas survolé l'Euro, loin de là.

Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
Potentiellement oui. Mais moi, je n'y crois pas. Objectivement, il y a beaucoup plus fort que nous. L'Allemagne, l'Espagne, le Brésil sont beaucoup plus forts. Ces trois équipes-là nous battent neuf fois sur dix. Maintenant, en Coupe du monde, il peut se passer des trucs irrationnels. Je suis plutôt d'un naturel optimiste mais je ne vois pas la France gagner.

Partie Médias
"Pendant la Coupe du monde, il n'y a qu'une seule radio qui existe, c'est nous !" Gilbert Brisbois

Comment vous préparez-vous pour couvrir la Coupe du monde sur RMC ?
Nous, on est à bloc ! On est déjà dans la Coupe du monde depuis plusieurs semaines avec des chroniques à l'antenne, avec une montée en puissance concernant l'équipe de France et avec des interviews exclusives des joueurs et des sélectionneurs. Pendant la Coupe du monde, il n'y a qu'une seule radio qui existe, c'est nous ! Quelle radio à part RMC va faire tous les matchs et va prendre l'antenne tous les jours de 13h jusqu'à minuit avec un programme 100% Coupe du monde ? De fait, on est la radio de la Coupe du monde.

Quelle sera votre place dans ce dispositif ?
Je chapeaute aujourd'hui tous les programmes sport sur RMC et je serai aussi à l'antenne pour certaines tranches des matchs de l'équipe de France. Evidemment, je serai là pour "L'After foot" que je présente depuis quelques années.

Et vous côtoyez également les forts caractères de la "Dream Team RMC".
C'est un métier ! Je suis une sorte de dompteur de fauves. Globalement, on bosse tous dans le respect de l'un et de l'autre. Il peut y avoir des clashs parfois, des débats enflammés. L'importance, c'est que tout le monde ait la parole et puisse développer son point de vue. Nous, on est une radio d'opinion. Donc, il faut qu'il y ait de l'opinion en permanence à l'antenne et qu'elle puisse s'exprimer de manière forte et claire. L'anchorman, mon rôle à l'antenne, est d'être le garant de cette parole et de l'équilibre de cette parole. C'est le travail quotidien dans la préparation de nos émissions et dans le fil du show.

Quand on est anchorman dans une émission de football, ce n'est pas difficile de rester neutre ?
Qui a dit qu'on était neutre ? On est tous derrière l'équipe de France, même si ça ne nous empêche pas de dire ce qu'on pense quand on n'est pas content. Après, c'est aussi ça qui fait notre succès : la liberté de parole, l'objectivité et l'engagement. Donc, je pense qu'on est objectif. C'est naturel dans la façon d'être à l'antenne. Cette objectivité est doublée d'une passion qui habite un peu tout le monde. Les gens autour du micro sont des grands connaisseurs de foot. Dans leurs façons de présenter les choses, ils le font de manière objective. C'est comme ça qu'on prépare les émissions et qu'on les vit. On n'est pas trop attaquable là-dessus. Ca se ressent à l'antenne.

"A chaque fois que je vois 'After' sur n'importe quel thème de politique ou de débat de société, je me dis : 'Merde, ils sont gonflés'" Gilbert Brisbois

Pour revenir aux origines de "L'After foot", vous avez créé cette émission en 2006 sur RMC. D'où vous est venue l'idée de la lancer ?
Elle a rempli une case vide. A l'époque sur RMC, avant 2006, on faisait les matchs et après il y avait la rediffusion de l'émission de Brigitte Lahaie. C'était une superbe émission, au demeurant. Mais c'était hyper frustrant pour nous, les gens du sport et du foot. Après un match, il y a tellement de trucs à dire et là, il n'y avait pas l'espace pour le faire. Il se trouve que dans certains pays, notamment en Espagne, c'est culturel ! Les émissions d'après-match sont les plus écoutées. Ils vont parfois jusqu'à 3h du matin les soirs de grand match. J'ai fait mon étude de marché en Espagne, pour savoir comment ces émissions fonctionnent. J'ai présenté mon projet à François Pesenti. On a démarré doucement. On a fait la première sur un Lyon/Milan de Ligue des champions en 2006. Puis, la Coupe du monde 2006 est arrivée avec la France en finale. On faisait des "After" tous les soirs. L'émission s'est installée sur la grille. Elle est montée en puissance. On la faisait que les soirs de matchs les saisons qui suivent, puis à partir de 2008, c'est devenu une émission quotidienne, sept jours sur sept. Je n'ai rien inventé. On a repris le concept en l'adaptant aux spécificités françaises. Par exemple, en Espagne, ce sont des grands malades. Un gars est identifié pro-Real Madrid et ils le mettent face à un supporter de Barcelone. Il y a un côté théâtral qu'on n'a pas en France. On ne veut pas que nos consultants jouent un rôle. Ca a marché assez vite. On a rempli un vide. Le supporter de foot qui éteignait sa télé ou qui sortait du stade avait envie de débattre.

C'est un format ensuite copié chez vos concurrents...
Quelque part, c'est la rançon de la gloire. Au départ, on était seul. Ensuite, les autres radios, de façon un peu moutonnière, s'y sont mises. Il y en a eu sur d'autres radios nationales. Ils ont arrêté depuis, car ils ne sont jamais arrivés au niveau de "L'After". Puis, les télés ont embrayé. Canal+ ne le faisait pas. Ils avaient des émissions de résumés des rencontres, mais ils n'avaient pas d'émissions d'après-match. Aujourd'hui, ils en font plusieurs. beIN Sports le fait également aujourd'hui.

C'est un format qui a également été adapté en politique. Pendant la campagne présidentielle, toutes les chaînes d'infos et certaines chaînes nationales proposaient des débats après chaque évènement.
A chaque fois que je vois "After" sur n'importe quel thème de politique ou de débat de société, je me dis : "Merde, ils sont gonflés". Mais mon "After", il appartient à tout le monde.

"On a perdu un peu de notre couleur d'antenne avec le passage en télé" Gilbert Brisbois

Dans vos émissions, vous êtes entouré et vous travaillez avec des anciens sportifs. C'est essentiel d'avoir des ex-joueurs de football dans les débats sportifs ?
Ce n'est pas indispensable, mais ça aide. Ils ont quand même une expertise du terrain qui est incontestable. On a envie de dire : "Le jockey n'a jamais été cheval". Le truc, c'est que pour être reconnu du public dans "L'After", il faut être imprenable. Et en général, les footeux sont imprenables, car ils vivent là-dedans depuis qu'ils ont 15 ans. Pour eux, c'est parler de leur profession, de leur milieu. Moi, demain, j'ai un footeux qui me dit : "Mamadou Niang a été le meilleur buteur de Dijon" alors qu'en fait, c'était à Troyes, on reçoit dix mails et quinze tweets. Et il est disqualifié, c'est mort. Il faut que tu sois totalement passionné, imprenable sur la culture foot et surtout avoir de l'opinion et de l'engagement.

L'arrivée des droits sportifs européens en août pourrait changer quelque chose à votre ton ?
Une chance énorme qu'on a sur RMC dans "L'After", c'est qu'on a toujours eu une liberté de ton totale ! Depuis presque 20 ans que je travaille ici, jamais personne n'est venu me dire d'arrêter d'attaquer Ribéry ou Benzema ou tel club. Jamais ! On fait ça de façon construite, avec enquête journalistique si besoin. Tout est argumenté. Après, on est d'accord ou pas d'accord avec nous. La liberté de ton est totale. Ca n'a pas changé depuis que le groupe a les droits de la Premier League. Donc, ça n'a aucune raison que ça change avec les droits de la Ligue des champions la saison prochaine.

Depuis 2016, "L'After" est retransmis sur BFM Sport. Qu'est-ce que ça a changé pour vous ?
La présence de caméras a changé un petit peu le ton. La caméra fait qu'on a une obligation de posture, de recul sur soi-même. Au début, ça a un peu perturbé tous les intervenants qui ont dû s'y faire. Finalement, je suis assez content, car le ton global de l'émission n'a pas changé. Par contre, on a dû mettre à la poubelle des dizaines et des dizaines de jingles historiques de "L'After" qu'on ne peut pas utiliser à la télé pour des questions de droit. C'est un peu dommage. On a perdu un peu de notre couleur d'antenne avec le passage en télé. Après, le passage en télé nous offre aussi une fenêtre extraordinaire et on doit être la seule émission qui est diffusée en simultané sur trois supports : la radio, la télé et le site web.

A la rentrée, garderez-vous les commandes de "L'After" ?
Il n'y a pas de raisons que ça change. J'en fais moins qu'avant, je n'en fais que trois par semaine. Mais je vais continuer.

Aurez-vous une place particulière avec les championnats européens ?
On va faire beaucoup d'émissions de soirée avec les rencontres européennes. On aura, par l'intermédiaire des droits, des accès privilégiés. On va pouvoir bénéficier de contenus éditoriaux somptueux. On aura des réactions à chaud de Mourinho, de Klopp ou de l'entraineur du PSG avant les autres. On aura ça dans "L'After". Ce sera des émissions de folie !

"Les consultants sont assez grands pour ne pas aller dans l'injure ou la polémique qui n'a pas de justification" Gilbert Brisbois

Jean-Michel Larqué va quitter la station à la fin de la saison, avant la Coupe du monde. Comment l'avez-vous appris ?
Ca fait bizarre. Ca fait de la peine. J'aurais aimé qu'il continue. Il est très en forme. Il a toujours des avis très tranchés qui sont souvent différents. On va le regretter. Après, c'est son choix. On lui prépare quelques surprises sympas. Mais il a 70 ans, et alors ? Qu'est-ce que ça fait ? Il y a certains entraîneurs qui ont été champions d'Europe plus vieux.

En 2014, lors d'un match Argentine/Pays-Bas, Jean-Michel Larqué avait dérapé à l'antenne en lançant : "C'est la première fois que je vois un Blanc courir plus vite qu'un Noir". Vous étiez à côté de lui à ce moment. Comment avez-vous réagi ?
On gère ça du mieux qu'on peut. On se rend compte évidemment vite du souci. Je n'ai pas un souvenir très précis de la manière dont j'ai rattrapé l'affaire ce jour-là. C'était injustifié. On n'est pas à l'abri parfois de certains débordements. Connaissant Jean-Michel, il ne faut rien y voir d'autre...

Ca fait écho aux récents propos de Denis Balbir, tenus hors antenne, lors d'un match de l'Olympique de Marseille sur W9. Doit-on revoir le vocabulaire du football ?
Moi qui aujourd'hui suis responsable du sport, je ne vais jamais dire à un consultant de se retenir. Il faut qu'il soit lui-même. Ce qu'il fait le succès de Moscato, de Dugarry, de Rothen, de "L'After", c'est que les gens sont eux-mêmes avec leurs caractères et leurs forces de conviction. Ils sont tous assez grands pour savoir quelles sont les limites à ne pas dépasser. Ils sont assez grands pour ne pas aller dans l'injure ou la polémique qui n'a pas de justification. On enchaîne tous les jours, en sport, de 16h à minuit, du débat acharné. Le week-end, c'est 12 heures par jour. Quand on additionne toutes ces heures sur l'année et quand on compte tous les écarts qu'il y a depuis 2000, ils se comptent sur les doigts d'une main. L'antenne est quand même très bien tenue.

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