Une retraite bien méritée. Philippe Bouvard, l’infatigable voix de RTL, s’apprête à tourner la page. Ces dernières années, le journaliste s’était fait plus discret, sans quitter totalement ses fonctions, et en gardant également une chronique mensuelle dans le magazine "VSD". Son objectif : quitter RTL en janvier, pour marquer ses 60 ans passés derrière le micro rouge. Sa dernière apparition en public date du samedi 30 novembre. Il est apparu sur scène à Cannes à l’occasion de l’avant-première des "Mille et une vies de Philippe Bouvard", un documentaire de Paris Première retraçant sa carrière dans la presse, à la télévision et à la radio.
Ce 6 décembre, Philippe Bouvard fête son anniversaire en annonçant une décision qui n’a rien de soudain. À 95 ans, le créateur des "Grosses Têtes" tire officiellement sa révérence. Depuis son domicile, une nouvelle fois au micro de sa radio, il partage un moment empreint de tendresse et de lucidité sur sa vie, évoquant son parcours et ce lien unique avec les auditeurs.
"À 95 ans révolus, je pense qu’il est temps de partir le cœur serein", confie-t-il. Ni regrets ni grands discours, juste une pointe de malice : "95 ans, c'est un âge canonique. Surtout que j'en remets un peu, je ne dis pas 'j'ai 95 ans', je dis 'je viens d'entrer dans ma 96ᵉ année d'âge'", s’amuse-t-il. Et quand on lui demande ce qu’il aimerait que l’on retienne de lui, il répond : "Rien du tout. Je ne mérite pas d'être retenu ! J'ai occupé ma place très longtemps. Pas trop mal. C'est tout, tranche Philippe Bouvard. J'ai fait mon boulot. Au revoir et merci. Enfin, 'au revoir'. Adieu." Pourtant, il admet avoir eu une relation précieuse avec les auditeurs. "Parler aux gens, c’est leur offrir une part de soi. C’est un lien que la lecture, si durable soit-elle, ne peut pas toujours recréer."
Impossible d’évoquer Philippe Bouvard sans parler des "Grosses Têtes", qu’il a animées pendant 37 ans, de jour comme de nuit, à la radio comme à la télévision. "Ça a été une des réussites de ma vie et en tout cas, ça fait partie de ma vie quotidienne", raconte-t-il avec fierté. Mais son palmarès ne s’arrête pas là : 11 collaborations simultanées à une époque où il était partout, à la radio, à la télé, dans la presse. "C'est un record", concède-t-il. "Je suis un journaliste qui a été d'abord multimédia", analyse-t-il. "Je suis venu au bon moment et je suis resté suffisamment pour avoir une petite influence, mais pas pour me gonfler la tête", confie-t-il encore dans un sourire.
Philippe Bouvard reste lucide sur les marques du temps. Il évoque sans détour ses soucis de santé, entre la perte de la vue et une audition déclinante. "Vieillir, surtout au-delà de 95 ans, c’est une petite performance, mais pas sans handicaps, et sans le fait que les gens vous considèrent d'un autre œil et vous entendent d'une autre oreille", se désole-t-il. "J’essaie encore de me glisser dans la peau de celui qui écoute, mais en forçant un petit peu l’oreille". "Il faut me souhaiter d'avoir encore un soupçon de vie pendant un moment, de faire entendre ma voix de temps à autre, mais sans en abuser", glisse-t-il, "comme des conversations agréables comme celle-ci. Merci d’être venu me voir", conclut "Monsieur" Bouvard.