Une figure du journalisme disparaît. Jean-Pierre Elkabbach est mort ce mardi 3 octobre à l'âge de 86 ans. Pendant plusieurs décennies, l'homme de médias a occupé de nombreuses fonctions au sein de l'audiovisuel public et privé. Outre son travail de journaliste, notamment politique, il a également été président de chaînes et conseiller auprès de plusieurs dirigeants.
Né à Oran, en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a fait ses premiers pas en tant que journaliste durant l'été 1960 en Algérie, en intégrant Radio Alger. Dix ans plus tard, il apparaît pour la première fois à la télévision en présentant le journal de la première chaîne de l'ORTF. En 1972, il rejoint la deuxième chaîne et anime son premier magazine "Actuel 2". En parallèle, le journaliste présente la tranche d'information de midi de France Inter, avant de grimper les échelons d'année en année, devenant en 1977 le directeur de l'information d'Antenne 2.
De cette époque à 1981, l'intervieweur incarne plusieurs émissions sur la deuxième chaîne, dont notamment "Cartes sur table", aux côtés d'Alain Duhamel. Jugé proche de la majorité de Valéry Giscard d'Estaing, Jean-Pierre Elkabbach est évincé de l'antenne à la suite de l'élection de François Mitterrand. Il rejoint alors une radio avec qui il entretiendra des liens particulièrement forts, Europe 1 où il anime jusqu'en 1987 "Découvertes" et dont il est nommé directeur général adjoint en 1988.
En novembre 1990, Yves Sabouret, le président de La Cinq, chaîne qui a fermé en 1992, fait appel à ses services en tant que conseiller. En marge de ses activités radios, il présente sur cette chaîne le magazine "Pile et Face" et l'émission dominicale "Dimanche, 20h10". Après l'arrêt de la chaîne, Jean-Pierre Elkabbach réapparait sur le service public en animant "Repères" sur France 3. En décembre 1993, sa carrière prend un tournant lorsqu'il est élu président de France 2 et France 3, qui deviennent France Télévisions. Mais il est contraint de quitter son poste en 1996 à la suite de la polémique concernant les contrats signés avec Jean-Luc Delarue.
A la même époque, il signe son retour sur Europe 1 où il récupère l'interview politique de la matinale. Le journaliste se rapproche alors du magnat des médias Jean-Luc Lagardère, auprès de qui il devient conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe. A partir de décembre 1999, il préside Public Sénat pendant trois mandats où il anime "Bibliothèque Médicis". En avril 2005, l'éditorialiste est d'ailleurs nommé directeur général de l'antenne d'Europe 1 et administrateur de Lagardère Active Broadcast, tout en conservant son interview de la matinale.
Lors de la campagne présidentielle de 2007, il est contesté au sein de sa rédaction pour sa proximité avec le candidat de l'UMP et futur président de la République, Nicolas Sarkozy. Autre objet de contestation, le journal de 19h d'Europe 1 annonce par erreur la mort de Pascal Sevran le 21 avril 2008. Il confirme quelques jours plus tard être à l'origine de la mauvaise information et qu'il s'agissait d'une faute individuelle. Le président de la station bleue doit d'ailleurs s'expliquer devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui adressera une mise en demeure à la radio. Un mois plus tard, il est remplacé à la tête de la radio par Alexandre Bompard, mais garde son entretien dans la matinale.
En janvier 2017, Jean-Pierre Elkabbach est évincé de l'interview politique de la matinale d'Europe 1. Fabien Namias le remplace à ce poste. Il décide alors de rejoindre la chaîne CNews où il récupère l'entretien quotidien de la matinale de la chaîne info du groupe Canal+. En janvier 2019, il obtient une seconde émission "Sans détours", diffusée tous les dimanches. Outre ses programmes sur CNews, il est également nommé conseiller de l'actionnaire Vincent Bolloré qui dirige le groupe Canal+.