C'est le pari de cette fin de saison de M6. La chaîne dévoile ce soir "The Island", une série documentaire en trois épisodes dans laquelle treize hommes - et aucune femme - se portent volontaires pour tenter de survivre sans aucune assistance sur une île déserte. A quelques heures du premier épisode, attendu à 20h55, Jérémie Fazel, producteur de l'émission pour Shine France, répond aux questions de puremedias.com sur le format et la sécurité autour du programme.
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Propos recueillis par Charles Decant.
Pour Shine, spécialiste des formats "feel-good", "The Island" est un projet étonnant. Ca n'a pas l'air très "feel-good" comme émission...
Ce n'est pas toujours feel-good. Je ne vous raconte pas la fin ! Mais effectivement, pour Shine, c'est un peu un programme ovni, pour le PAF en général aussi. Ce n'est pas du tout la même façon de tourner, de raconter, de mettre des ambiances. On n'est pas sur des émissions d'aventure habituelles. On est entre le documentaire et l'aventure.
C'est très contraignant, en tant que producteur, de travailler sur un programme où tout est filmé par les candidats eux-mêmes ?
C'est ultra contraignant. Je n'ai jamais eu un projet de ce type-là à gérer. D'habitude, on est présent sur le tournage, on encadre, mais là j'étais à distance, je ne savais pas toujours ce qui se passait, je récupérais les rushs avec un décalage, sans possibilité d'intervenir, et c'était ultra frustrant. Bien évidemment, on a dû intervenir à certains moments, mais c'était pour des questions de sécurité.
Quatre des candidats filment ce qui se passe, comment s'est passé le casting ?
On dépose treize personnes sur l'île. Parmi ces treize participants, il y a un médecin, mais c'est un participant comme les autres, il va aller chercher son eau, il va devoir se battre pour trouver de la nourriture... Dans ce groupe, il y a aussi quatre personnes qui sont des professionnels de l'image, qui ne sont pas forcément caméraman mais qui ont un regard journalistique. L'un de ces quatre hommes est technicien. Mais tous sont amenés à se filmer, ils ont tous été formés pendant une journée pour pouvoir se filmer avec des GoPro, des caméras professionnelles ou semi-professionnelles. On leur laisse ce matériel-là. Ce qu'on veut, c'est qu'ils vivent leur expérience de la manière la plus pure possible, sans interférence extérieure.
C'est un peu effrayant en tant que producteur de laisser tout ce matériel entre les mains des candidats ?
J'ai serré les fesses plus d'une fois, on a récupéré pas mal de matériel cassé, il suffit d'une vague, de quelqu'un qui tombe dans l'eau pour que les caméras partent à la benne...
En termes humains aussi, je suppose qu'on serre les fesses ?
C'est évidemment la priorité, je ne vous cache pas que le matériel passe après. A quinze minutes, il y a une équipe qui peut intervenir, de la même manière qu'à Paris. Tous les candidats ont une balise GPS. La sécurité est la priorité absolue. On a droit à une foulure, des piqûres, se casser quelque chose, mais on ne peut pas aller au-delà. On a droit à zéro risque.
En termes de casting, vous avez décidé de rester fidèle au format britannique d'origine, c'est-à-dire exclusivement des hommes. La question d'intégrer des femmes s'est posée ?
Moi je me la suis posée, cette question. Je trouve qu'à treize hommes, ça marche très bien. Je trouve que ça vaudrait le coup d'essayer avec treize femmes - encore faut-il que cette saison 1 fonctionne. Mais là, avec treize hommes, ça donne un résultat hallucinant.
Pour une chaîne comme M6 qui s'adresse en priorité aux ménagères, vous n'avez pas peur que ça pose un problème d'identification ?
Peut-être, je ne sais pas. En tous cas, elles verront des hommes torse nu à un moment donné, peut-être que ça les inspirera !
Vous avez tourné avant l'accident de "Dropped" ?
Oui, on a tourné de fin janvier à fin février, on est revenu avant l'accident. On a été extrêmement choqué, peiné, attristé, ce sont des collègues. Personnellement, j'ai perdu des amis donc ça nous a tous profondément touchés.
Ce drame et ceux de "Koh-Lanta" ont posé la question des limites qu'on repousse dans ce type d'émissions... Vous vous l'êtes posée ?
Je pense qu'il faut qu'on se pose tous cette question. Ca reste de la télévision. Ce qui s'est passé en Argentine, j'y pense en permanence. Il se trouve que j'avais terminé le tournage et commencé une bonne partie du montage quand c'est arrivé. Je n'y pensais pas de la même façon. Mais la sécurité a été notre priorité numéro un, je le répète.
Ca coûte moins cher de produire un programme sans cadreur ?
Non, pas du tout ! Il y a une grosse logistique, pour la sécurité il y a énormément d'argent qui est mis sur le tapis. Pour la post-production aussi. Le fait de ne pas avoir d'équipe éditoriale ni de cadreur derrière ces participants induit qu'il y a beaucoup plus de temps de post-production et de montage que sur une émission normale. C'est plus comme un documentaire.
Il y avait un médecin, des cadreurs parmi les candidats. Ils étaient salariés, du coup ?
Non, le médecin n'était pas salarié. Les quatre candidats spécialistes de l'image, eux, ont touché une indemnité supérieure. Il y a des heures de travail pour certains, des non-rentrées d'argent pour d'autres qui font qu'il y a une indemnité. Mais ce sont tous des gens qui sont venus pour l'expérience, pas pour l'argent ou la notoriété.