Le créateur de "Je suis Charlie" parle. Joachim Roncin, auteur du cri de ralliement devenu mondial, publie aujourd'hui une tribune dans Libération. Il rappelle comment il a créé ce slogan et cette image sur fond noir juste après l'annonce de l'attentat contre le journal satirique mercredi dernier.
Surtout, Joachim Roncin raconte l'après, c'est-à-dire comment ce message lui a échappé pour devenir l'étendard d'une bonne partie de la planète. Ce directeur artistique au sein du magazine gratuit Stylist décrit aussi sa gêne lorsque les médias ont commencé à le contacter. "Je sais bien qu'il faut nourrir la bête mais j'avoue être troublé par cet intérêt. Il m'apparaît déplacé et indécent d'imaginer me mettre en avant. Je décide de répondre de manière sporadique à certains journaux. Dans l'idée de préciser mon intention et d'éloigner toute récupération idéologique. Puis, je refuse toutes les autres sollicitations", explique-t-il.
Surtout, Joachim Roncin précise qu'il écrit cette tribune pour dénoncer les tentatives de détournement de sa création à des fins commerciales. "50 dépôts auraient été déposés à l'Institut national de la propriété industrielle", dénonce-t-il. Tous refusés. "Il me semble odieux et incompréhensible qu'on puisse ne serait-ce que penser à transformer un tel message de liberté en marque" poursuit le directeur artistique. Précisant qu'il n'était en aucun cas "cette figure de leader que certains ont voulu accoler derrière l'image", il conclut en annonçant qu'il continuera "à prendre la parole pour défendre la valeur de ces trois mots 'Je suis Charlie'".