L'eau, ça mouille. Insulter son patron, c'est mal. Etre désagréable avec les lecteurs, c'est pas gentil. Cet enfilage de perles aurait très bien pu figurer dans la charte des réseaux sociaux dévoilée hier par France Télévisions qui en a fait la promotion à grands renforts de tweets. Si l'initiative est louable, le résultat est plus que décevant malgré une introduction pompeuse et un document réalisé après avoir "longuement échangé" au sein du groupe.
Tout ça pour ça. Les 13 commandements de cette bible sont d'une banalité affligeante et ressemblent à un règlement intérieur de collège. On est mal à l'aise à l'idée de penser que France Télévisions peut penser que ses salariés soient capables de publier tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux. Le groupe les appelle ainsi à respecter la loi, à être polis, à mesurer leurs propos, à ne pas balancer de documents confidentiels ou encore à ne pas engager la responsabilité du groupe. Sans blague. Un tel document peut s'avérer pertinent s'il est uniquement destiné à un usage interne pour des salariés qui n'auraient jamais utilisé un réseau social.
Publié à l'extérieur, on s'interroge réellement sur sa pertinence d'autant plus que France Télévisions y donne des avis qui sont en totale contradiction avec l'usage quotidien des réseaux sociaux. Un article en particulier retient mon attention : "Il est conseillé de publier des propos qui s'inscrivent dans la prolongation logique des écrits (sites, blogs) et/ou des paroles (antenne). Autrement dit, il est recommandé de ne pas tweeter sur ce que vous n'auriez pas dit à l'antenne". Twitter serait alors réduit à un outil de promotion : on zappe ainsi les avis tranchés du journaliste Jean-Daniel Flaysakier, les blagues de Nagui sur l'âge de Michel Drucker ou encore les efforts de Laurent Ruquier à répondre aux critiques des journalistes et des téléspectateurs.
A trop vouloir s'ériger en modèle, France Télévisions devient arrogant dans sa communication on line alors que le groupe audiovisuel n'est pas forcément le plus à la pointe. Avant de se voir dicter des règles discutables sur les réseaux sociaux, on aimerait déjà bénéficier de tous les programmes en replay ou de sites internet dignes de ce nom.