"J'en ai marre". Ce jeudi 1er août, la drag queen Paloma a adressé un message à ses abonnés, à la suite de sa participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris le vendredi 26 juillet dernier. "Je vais prendre un peu de distance avec les réseaux sociaux dans les prochains jours", a écrit Paloma en story sur son compte Instagram. "Trop de violence. Trop de mépris de nos luttes. Trop d'ignorance de ce que les minorités traversent depuis des siècles" poursuit-elle. "Le patriarcat a encore de belles perspectives devant lui. Les femmes n'ont malheureusement pas fini de souffrir sous les coups des hommes, les queers n'ont pas fini de devoir plier l'échine sous le glaive de la morale, les personnes racisées n'ont pas fini d'être persécutées par les blancs..." dénonce encore l'artiste.
Aux côtés d'autres artistes drag comme Nicky Doll ou encore Piche, la grande gagnante de la saison 1 de "Drag race france" est en effet apparue dans le tableau "Festivité", imaginé par le metteur en scène de la soirée, Thomas Jolly. Un tableau selon lui inspiré inspiré de "l'idée d'une grande fête païenne liée aux dieux de l'Olympe". Le principe : mettre en valeur la fête, la danse, la musique électro et les cultures queer françaises.
Le tableau a cependant déclenché de nombreux commentaires critiques ou discriminants, certains y voyant une parodie "irrespectueuse" des représentations artistiques de a Cène, dernier repas de Jésus avec ses apôtres, comme dans le célèbre chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci.
Au centre du tableau, le chanteur Philippe Katerine a présenté ses excuses publiquement sur la BBC. Autre figure centrale, la DJ et activiste Barbara Butch, a porté plainte contre X, après avoir reçu une vague après avoir été la cible d'une terrible vague de cyberharcèlement. Selon son avocate, l'artiste a été "menacée de mort, de torture et de viol" et "elle est également visée par de nombreuses injures à caractère antisémite, homophobe, sexiste et grossophobe" depuis la diffusion de la soirée. De son côté, le journaliste Jean-Baptiste Marteau, qui fait partie des présentateurs et commentateurs des JO sur France 2, a également poussé un coup de gueule contre les "insultes homophobes" reçues sur les réseaux sociaux depuis le début de l'événement.
Dans un entretien accordé au magazine "Elle" également paru ce jeudi, Paloma a évoqué la vague de haine dont elle est également victime en ligne. "Je savais que notre présence allait faire parler. Chaque fois que je participe à un événement, ces gens ne me lâchent pas", confie-t-elle. "Mais comme cette fois, c'était devant le monde entier, l'impact est forcément décuplé. Le fait que des gens ont fait de notre tableau quelque chose de blasphématoire, cela rajoute de l'huile sur le feu. Aujourd'hui, je reçois à peu près 1.000 messages par jour sur Instagram ! J'ai bloqué tous les haters... C'est la première fois que des personnes recherchent mon compte Instagram uniquement pour venir m'insulter. Je suis habituée à recevoir de la haine, mais avant la cérémonie, c'était principalement sur X. Maintenant, c'est partout", déplore-t-elle encore.
"Y a des jours où j'ai envie de me battre et des jours où j'aimerais juste être un artiste comme les autres et ne pas avoir à prendre la parole sur ces sujets", peut-on encore lire dans la story de Paloma sur Instagram. "Autour de moi, nombreux sont ceux qui font l'autruche et ne se mouillent pas. La couronne ne rend pas tout le monde courageux et le privilège s'accompagne souvent de l'oubli. En gagnant 'Drag Race' j'ai perdu le droit d'être égoïste et j'ai gagné le devoir d'être conscient", explique le comédien et réalisateur, Hugo Bardin de son vrai nom. "Je vais prendre du temps pour moi et laisser Twitter tranquille quelques jours. Pour garder le moral et mon humour. Restons forts et gardons une chose à l'esprit : nous existons et nous ne partirons pas. Ce n'est pas une guerre contre eux mais une guerre pour nous", conclut-elle.