Tout le monde a son mot à dire. Ce vendredi 26 juillet, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris a fait l'effet escompté. Suivi par des centaines de millions voire un milliard de spectateurs dans le monde entier (le chiffre de l'audience globale n'a pas été encore rendu public, ndlr), dont 23,24 millions en France, ce spectacle géant sur la Seine, une première dans l'histoire des JO, a été dans l'ensemble salué par les commentateurs, des réseaux sociaux en passant par la presse internationale. Grandiose, inclusive, mettant à l'honneur la diversité, les droits des femmes et de la communauté LGBT+, cette cérémonie n'a pourtant pas manqué de susciter quelques critiques.
Au moment de la diffusion, des journalistes ont notamment pointé du doigt une réalisation défectueuse, perturbée par la pluie, comprenant des plans flous, des choix de prises de vues étranges, et beaucoup de coupures, ne permettant pas de voir les tableaux dans leur entièreté. Pire encore, le passage très attendu de la Patrouille de France dans le ciel, n'a même pas été diffusé.
Invités sur le plateau de BFMTV ce dimanche 28 juillet au matin, Thomas Jolly, metteur en scène de la cérémonie, et Daphné Bürki, à la fois directrice du stylisme et commentatrice de la cérémonie sur France 2, ont apporté quelques éléments de réponse. "C'est la question du live et d'un spectacle qui se déploie sur six kilomètres dans un dispositif de caméras gigantesque", a expliqué le metteur en scène. "Et effectivement, à la réalisation, le réalisateur a loupé beaucoup de moments", a-t-il encore remarqué.
Mais si France Télévisions se charge de retransmettre en clair ses Jeux olympiques avec un dispositif XXL, ce n'est pas le groupe public qui est chargé de la captation. Comme pour toutes les épreuves, c'est l'Olympic Broadcasting Services (OBS) filiale du CIO, qui s'occupe des retransmissions des JO depuis 2001. Selon "Le Monde" cette société "aussi puissante que secrète" mobilise en France "8.000 professionnels en provenance de 100 pays; 1.200 étudiants français des écoles de médias seront aussi chargés des aspects techniques ou rédactionnels, pour lesquels ils seront rémunérés". Mais elle a plutôt l'habitude de filmer des cérémonies dans des stades, et non pas le long d'un fleuve comme la Seine.
Selon "L'Équipe", le comité de Paris 2024 avait d'abord pensé au Français Jérôme Revon, qui se charge du défilé du 14 juillet depuis 12 ans, pour assurer la réalisation. Mais OBS a finalement opté pour l'expérimenté Britannique Simon Staffurth qui a réalisé les cérémonies d'ouverture depuis 2016. Sans répétitions générales, et sous la pluie, celui-ci a alors dû faire avec un flot d'images continu divisé entre 120 caméras, drones, hélicoptères et smartphones.
"C'était une expérience différente quand on était sur les quais et quand on était devant son écran", a encore commenté Thomas Jolly sur BFMTV. "Mais malgré tout, les messages ont quand même traversé les écrans et même les frontières. C'est le plus important. Il y a beaucoup d'idées qu'on n'a pas faites mais parce qu'elles n'étaient pas réalisables dans le temps qu'on avait. Ou même parfois en raison de la faisabilité technique. J'avais parlé d'une Tour Eiffel à l'envers, en face de la vraie. C'était un peu trop ambitieux", a-t-il admis.
Au-delà de la réalisation, certains des choix artistiques ont également été remis en question par certains téléspectateurs en France et dans le monde, notamment aux États-Unis. L'un des tableaux, intitulé "Festivité", s'est en effet ouvert sur la DJ Barbara Butch, affublée d'une coiffe ressemblant à une auréole dotée, au centre d'une table composée notamment de drag-queens. Le tout non sans rappeler les représentations artistiques la Cène, dernier repas de Jésus avec ses apôtres, comme dans le célèbre chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci. Puis, le chanteur Philippe Katerine est apparu nu et peint de bleu sur la table du festin.
Un moment considéré par certains comme une "moquerie" des croyances chrétiennes et conservatrices. "Ce n'est pas mon inspiration", assure Thomas Jolly. "Il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là parce qu'il est le Dieu de la fête dans la mythologie grecque. Le dieu du vin qui est un des fleurons de la France. Et le père de Sequana, la déesse qui est reliée au fleuve, la Seine. L'idée était de faire une fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe. Vous ne trouverez jamais chez moi une volonté de moquerie et de dénigrer qui que ce soit. J'ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie. Et aussi qui réaffirme les valeurs de notre République, liberté-égalité-fraternité", l'artiste.