2024, année historique. Jamais, depuis sa privatisation en 1987, TF1 n'avait cédé les commandes du classement général mensuel de Médiamétrie. C'est désormais chose faite. Portée par l'engouement des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, France 2 a pris l'avantage, en juillet et surtout en août, sur la filiale du groupe Bouygues. Une prise de pouvoir néanmoins éphémère. Avec une programmation offensive dès l'événement sportif terminé, la Une a aligné au dernier trimestre ses trois meilleures performances de l'année (jusqu'à 19,5% de part d'audience en novembre 2024) et assuré l'essentiel : achever 2024 avec une part d'audience stable sur un an.
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Malgré un mois d'août historiquement faible (16,9% ; -2,2 points sur un an), TF1 (18,7% en 2024) a résisté, selon les données annuelles publiées par Médiamétrie le 30 décembre dernier. La chaîne locomotive du groupe de Rodolphe Belmer a maintenu une cadence suffisamment élevée le reste de l'année pour rester au niveau de 2023 (+ 0,1 point) et 2022 (égalité), année marquée pourtant par la Coupe du monde de football. "Les audiences très fortes des Jeux olympiques sur France 2 cet été n’ont pas provoqué d’effet de halo, les téléspectateurs sont revenus sur TF1 à la rentrée", analysait Xavier Gandon, directeur des antennes TV et digitales du groupe TF1, dans une interview à Puremédias le 24 décembre 2024.
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La Une avait tenté de compenser le raz-de marée des Jeux olympiques avec une programmation de mini-séries événement de prime time à la rentrée ("Brocéliande", "Cat's Eyes"...) et une stratégie de diffusion en deux temps de la saison 4 de "HPI", meilleure audience fiction de l'année.
Dès janvier surtout, elle a investi de nouvelles cases de son fond de grille jusqu'ici inexploitées : "Bonjour !", la matinale de TF1 présentée par Bruce Toussaint, a débarqué entre 6h54 et 9h30, une tranche auparavant dévolue aux dessins animés peu porteurs, et "Plus belle la vie, encore plus belle" a renforcé la solidité du bloc de la mi-journée. Sur TF1, le feuilleton dénombre 2,3 millions de téléspectateurs en moyenne pour sa première année et affiche des "hausses considérables" sur la case avec 41% de part d'audience sur les Femmes responsables des achats âgées de moins de 50 ans (FRDA-50), soit + 15 points par rapport à 2023. Juste avant, "Le 13 Heures" de Marie-Sophie Lacarrau et Anne-Claire Coudray revendiquent 2,3 millions de téléspectateurs d'avance sur son concurrent direct. L'écart est de 1,2 million de téléspectateurs en faveur de TF1 à "20 Heures". Un record depuis 10 ans, selon TF1.
De façon plus sporadique, la Une a aussi capitalisé sur les événements télé, à l'image du concert annuel des Enfoirés et des compétitions sportives dans son escarcelle (Euro 2024 de football en juin et juillet, tournoi d'automne de rugby en octobre et novembre). Plus récemment, TF1 a enfin connu des très hauts – avec l'élection de Miss France le samedi 14 – et des très bas – avec un documentaire sur les 30 ans de carrière d'Arthur le jeudi 26 et le lancement catastrophique de "Gladiators" le vendredi 27 – en décembre (18,2%), son plus mauvais mois de l'année hors été.
Deuxième, France 2 rayonne avec une part d'audience moyenne de 15,8% en 2024, son plus haut niveau depuis 2010 (16,1%). La chaîne publique progresse d'un demi-point de part d'audience sur un an et poursuit son irrésistible ascension entamée en 2017. Il y a sept ans, pour rappel, elle réunissait 13,0% du public quand TF1 en fédérait 20,0%. En sept ans, l'écart entre le duo de tête est ainsi passé de 7 à 2,9 points...
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En enchaînant le dispositif du Tour de France cycliste avec la couverture XXL des Jeux olympiques et paralympiques de Paris – dont la cérémonie d'ouverture est entrée dans l'histoire de la télévision – France 2 a ouvert une parenthèse estivale enchantée avec des parts d'audience moyennes atteignant 23,3% en août (+ 9,1 points versus août 2023) et 19,5% en juillet (+ 1,0 point versus juillet 2023). Elle a aussi (très légèrement) progressé en septembre (15,4% ; + 0,2 point sur un an) et en octobre (14,4% ; + 0,1 point).
Néanmoins, les Jeux seraient-ils l'arbre qui cache la forêt ? Hors été, la chaîne publique, en baisse 8 mois sur 12 en 2024, a connu une année plus contrastée avec des parts d'audience mensuelles, pour certaines, en très fort déclin : 14,8% en février (- 1,1 point sur un an), 14,4% en décembre (- 0,8 point), 14,2% en juin (- 1,0 point), et surtout 14,1% en novembre (- 1,3 point), son plus faible niveau cette année.
Ce mois-là, la création n'a pas été récompensée. Parmi les nouveautés, "Dans l'ombre" et "Ça, c'est Paris !", deux mini-séries lancées le mercredi, ont plombé cette journée habituellement porteuse dévolue aux téléfilms français. Pour limiter la casse ces deux derniers mois de l'année, France 2 a néanmoins pu compter, en fiction récurrente cette fois, sur l'incontestable succès de la saison 5 de la série "Astrid et Raphaëlle", présente à 7 reprises dans le top 100 des audiences de l'année mais aussi sur ses flux, à l'instar de "100% logique". Le jeu, présenté par Cyril Féraud, a signé son record d'audience historique le 21 décembre dernier.
Loin du duo de tête, France 3 échoue à franchir la barre des 9 points de part d'audience en 2024 et signe sa plus faible année historique sous cette dénomination créée en 1992 (8,9% ; - 0,1 point). À l'image de sa grande sœur, la Trois a pourtant largement bénéficié de l'effet Jeux olympiques avec une moyenne de 10,7% en août (+ 0,9 point sur un an). Cette belle performance n'a pas masqué ses difficultés sur le reste de l'année : hors août, ses parts d'audience moyennes ont oscillé entre 9,0% en janvier et avril et 8,3% seulement en février (-0,7 point sur un an). Ce mois-là, France 3, plombée par plusieurs échecs en prime time, n'a pas dépassé les 8 points de part d'audience plus d'une journée sur deux.
France 3, dont la politique de régionalisation s'est intensifiée depuis 2023, parvient néanmoins à conserver sa place sur le podium, dérobée à M6 en 2018, et l'écart entre les deux challengers n'a jamais été aussi important, à l'avantage de la chaîne publique (1,1 point). M6 glisse en effet sous les 8 points de part d'audience en 2024 (7,8% ; - 0,3 point versus 2023), son pire score sur cet indicateur depuis 1990 (7,3%). Trois ans après son lancement en mars 1987, elle connaissait à l'inverse de la tendance actuelle une fulgurante ascension.
Ponctuellement portée par l'Euro 2024, dont elle a diffusé plusieurs rencontres choc dont la finale, M6 n'a pas fait d'étincelles au global en juin (8,0%) et juillet (7,4%), censés constituer sa période forte de l'année. Si les succès de "L'amour est dans le pré" et "La France a un incroyable talent", les blockbusters assurés par Karine Le Marchand, mais aussi de "Capital", présentée par Julien Courbet le dimanche, ne se démentent pas, la chaîne dirigée par David Larramendy depuis avril 2024 a passé la moitié de l'année sous les 8 points de part d'audience (jusqu'à 6,2% au plus fort de la période olympique en août). La faute notamment à un fond de grille déserté – hors éditions d'information et "Scènes de ménages", une stratégie peu lisible en access et des déceptions ("Destination X") ou échecs de flux en prime time ("Le Golden Bachelor" finalement déprogrammé, "Que le meilleur gagne"...).
Dans le reste du classement, France 5, stable sur un an (3,5%), évolue en cinquième position devant C8 (3,0% ; - 0,1 point). La chaîne du groupe Canal+ achève sa dernière année d'existence avec un record mensuel historique en novembre mais à égalité avec Arte (3,0% ; + 0,1 point). La chaîne franco-allemande double TMC et BFMTV signe en 2024 son record historique depuis son lancement en France en 1992. Une sacrée prouesse !
Derrière, trois chaînes sont à égalité : TMC, à son plus bas niveau depuis la prise de contrôle par TF1 en 2010, BFMTV et CNews affichent, en effet, une part d'audience annuelle de 2,9%. Si les deux premières sont en légère baisse sur un an, la chaîne info du groupe Canal+, plus forte que BFMTV cinq mois cette année (mai, juin, septembre, octobre et novembre) sans compter l'égalité du mois de mars, poursuit sa progression ininterrompue depuis son lancement en 2017 et atteint un niveau record en 2024 (+ 0,6 point sur un an, meilleure progression toutes chaînes confondues). Sa part d'audience a doublé en quatre ans (1,4% en 2020, 2,9% en 2024) et été multipliée par cinq en sept ans (0,6% en 2017, 2,9% en 2024). Du côté des autres chaînes info, LCI (1,7%) accuse une perte de 0,3 point de part d'audience et Franceinfo, faible, est stable sur un an (0,8%).
Dans la suite de la hiérarchie, signalons enfin que W9 (2,2% ; - 0,1 point sur un an) est à son plus bas depuis 2008 (1,8%) et NRJ 12 (0,9%), dont il s'agit comme C8 de la dernière année d'existence sur la TNT, quitte la scène à son plus faible niveau depuis 2007. Pour sa dernière année pleine sur le canal 4 – après 40 ans – Canal+ (1,3%), à égalité avec Chérie 25, gagne 0,1 point sur un an.
Le classement des chaînes de télévision en 2024
© Puremédias
Le classement des groupes de télévision en 2024
© Puremédias
Côté groupes, France Télévisions, présidé par Delphine Ernotte, fait la course en tête (29,0%) devant TF1, en très léger retrait sur un an (26,8% ; - 0,1 point). Le groupe, dirigé par Rodolphe Belmer, confirme son leadership sur les cibles commerciales, avec 33,5% sur les Femmes responsables des achats âgées de moins de 50 ans, 30,5% sur les 25-49 ans et 33,0% sur les 15-34 ans.
Le groupe M6, lui, accuse le coup. Sous les 13 points de part d'audience, l'entité, en baisse continue depuis 2020, a perdu 1,8 point en quatre ans. Du côté du groupe Canal+ (8,2%), la dynamique est tout autre : le groupe de Maxime Saada, qui progresse de façon ininterrompue depuis 2018, a glané 2,2 points de part d'audience en six ans. Le départ annoncé de Canal+ et C8 de la TNT devrait évidemment changer la donne en 2025.
Source : Médiamétrie
Lecture : part d'audience 2024 / évolution sur un an / évolution sur deux ans / évolution sur trois ans
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