Des plans flous, des séquences pas diffusées, des gouttes de pluie gênant la bonne visibilité des téléspectateurs... Même si la qualité de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques a été très majoritairement saluée, des critiques sur la réalisation de l'événement se sont multipliées. Certaines sont même venues du metteur en scène, Thomas Jolly. Invité de BFMTV deux jours après le spectacle, l'artiste a reconnu que "le réalisateur a loupé beaucoup de moments". "Mais malgré tout, les messages ont quand même traversé les écrans et même les frontières. C'est le plus important", a-t-il nuancé.
Mais qui était aux manettes de la réalisation de cette cérémonie regardée par plus de 23 millions de téléspectateurs en France et bien plus à travers le monde ? OBS, Olympic Broadcasting Service, filiale du CIO et chargée de la production des JO depuis 2001, avait confié cette mission au Britannique et expérimenté Simon Staffurth. L'organisation s'est d'ailleurs expliqué sur ce choix dans les colonnes de "L'Équipe", ce mardi 30 juillet.
"Notre réalisateur a collaboré avec nous pour les cinq dernières cérémonies d'ouverture et de clôture (Rio 2016, PyeongChang 2018, Tokyo 2020, Pékin 2022 et Paris 2024). Il a également dirigé des événements majeurs à grande échelle, notamment des Coupes du monde, des événements royaux... Il a reçu un Emmy Award, un BAFTA et a été nommé pour quatre autres BAFTA", a énuméré OBS, ajoutant que qu'"en raison de la complexité" de l'événement, l'entreprise "avait constitué une équipe avec deux réalisateurs supplémentaires" pour épauler Simon Staffurth.
Au cours de cet entretien, OBS est également revenue sur les "ratés" évoqués par Thomas Jolly. "Il a été convenu avec l'équipe créative que nous présenterions deux parties incluant la patrouille de France. La première était la séquence du "coeur au-dessus de la ville", qui intervient immédiatement après la vidéo de la Bibliothèque nationale de France, mettant en scène le triangle amoureux joué par l'équipe créative. OBS a capturé le coeur tel qu'il venait d'être tracé par les avions de la patrouille de France, en respectant le timing de la vidéo et en incluant le plan du coeur conformément au plan de couverture. Mais il est vrai qu'en raison des conditions météorologiques défavorables, le coeur ne "s'inscrivait" pas idéalement dans le ciel", a expliqué la société.
La deuxième séquence pointée du doigt par Thomas Jolly concerne le passage où la mezzo-soprano française Axelle Saint-Cirel chantait "La Marseillaise" depuis le toit du Grand Palais. "Pour cette séquence, nos caméras étaient positionnées stratégiquement pour capturer les avions de la patrouille de France, survolant directement le Grand Palais, précisément à la fin de l'hymne, ce qui était le signal convenu", a commencé OBS. "Cependant, même si nous sommes restés sur le plan pendant 17 secondes, les avions ne sont pas apparus et la séquence ne s'est pas déroulée comme prévu", a indiqué l'organisme, qui a évoqué auprès de "L'Équipe" les conditions météorologiques pour expliquer ces imprévus.
"Il convient toutefois de noter que dans des productions en direct d'une telle complexité, des circonstances imprévues peuvent survenir, en particulier dans les conditions météorologiques défavorables comme rencontrées vendredi soir". La cérémonie d'ouverture des JO s'est en effet déroulée sous une pluie battante quasiment du début à la fin. Ce qui a fait que de nombreuses gouttes d'eau sont venues se fixer sur les caméras, rendant les images beaucoup moins nettes pour les téléspectateurs. "Malgré l'utilisation d'une technologie de caméra autonettoyante, certaines étaient placées dans des endroits où il était difficile de maintenir les objectifs propres", a répondu OBS.
La filiale du CIO rappelle que "les spectacles en direct ne sont pas des films" et qu'il ne peut pas y avoir plusieurs prises, qu'on ne peut pas attendre la météo idéale pour tourner et qu'on ne peut pas "effectuer des modifications éditoriales en post-production". "En fin de compte, nous sommes extrêmement fiers de la couverture OBS fournie aux diffuseurs du monde entier de cette cérémonie d'ouverture révolutionnaire", a conclu la société en charge de la production de l'événement.