
Un épisode trop sensationnaliste pour les spécialistes du sujet ? Hugo Clément et les équipes de "Sur le front" sur France 5 s'intéressaient le 17 février dernier aux conséquences inattendues de la fonte des glaciers et à leur impact direct sur notre quotidien. Dans un reportage intitulé "Faut-il avoir peur pour nos glaciers ?", le journaliste militant s'était notamment rendu sur les débris du hameau de la Bérarde, en Isère, ravagé en quelques heures par de terribles inondations. Il avait mené l'enquête pour comprendre les causes de cette catastrophe naturelle, concluant, après avoir interrogé plusieurs experts, que la rupture d’un lac glaciaire, situé en amont du village, ne serait pas étrangère à ce désastre. Des conclusions reprises dans une chronique sur France Inter au cours de laquelle il a rappelé qu'un "orage violent en altitude a provoqué la vidange brutale du lac glaciaire" et que "cette énorme masse d'eau a dévalé la pente, emportant avec elle d’innombrables blocs de roches sur la Bérarde".
Mais sa chronique, comme son émission, ont fait bondir des scientifiques, qui ont participé, de près ou de loin, aux investigations. Trois d'entre eux ont adressé un courrier à Hugo Clément pour souligner des imprécisions et "un sentiment de malaise", rapporte "Le Dauphiné" dans son édition du 26 février. Ces chercheurs indiquent que le compte-rendu de cette enquête est "déformée pour in fine passer un message que l’on pourrait qualifier de 'complotiste'. Selon eux, "ce message qui laisse à penser que la catastrophe de la Bérarde aurait pu être évitée si le lac du glacier de Bonne Pierre avait été vidangé préventivement, et que rien n’a été fait parce que la Bérarde n’est pas une commune riche, est mensonger et démagogique".
Face à ces accusations, Clara de Beaujon, rédactrice en chef adjointe du magazine dénonçant des scandales environnementaux, est montée au créneau pour défendre la véracité de cette enquête. Elle indique s'être appuyée sur une étude conduite par le service de Restauration des terrains en montagne, et validée par ces mêmes experts, pour arriver aux conclusions tenues par Hugo Clément à la fin du documentaire. "Il est bien précisé dans le documentaire que le lac est apparu en 2016, qu’il y a eu plusieurs vidanges naturelles et qu’il y a une concomitance d’un épisode météorologique et d’un phénomène glaciaire", a souligné la journaliste, interrogée par "Le Dauphiné". Elle ajoute : "Ce documentaire a été validé par plusieurs sources scientifiques, nous maintenons qu’il n’y a aucune omission importante et aucune erreur factuelle. Nous n’adhérons pas aux conclusions de la lettre des trois scientifiques mais nous sommes ravis du débat que notre documentaire suscite car nous espérons que cela permettra d’améliorer la surveillance des lacs glaciaires".

En plus d'éveiller des discussions sur le sujet, ce numéro de "Sur le front" a enregistré un record d'audience de saison, comme se félicitait Hugo Clément sur X. Ce soir-là, France 5 s'était même classé devant France 3 avec 982.000 téléspectateurs réunis devant le magazine, soit 4,9% du public et 3,9% des FRDA-50. Le deuxième numéro, une rediffusion sur le thème "Diamants : que cachent nos bagues de fiançailles ?", avait conservé l'attention de 760.000 téléspectateurs de 21h57 à 22h49, soit 4,5% du public et 3,6% des FRDA-50.