Nouvelle polémique pour "Charlie Hebdo". Cette semaine, l'hebdomadaire satirique revient sur les propos prononcés par Nadine Morano il y a dix jours dans "On n'est pas couché". A la Une, une caricature de Charles de Gaulle avec sa "fille cachée trisomique", la députée européenne. Nadine Morano avait en effet cité le général dans l'émission de Laurent Ruquier pour justifier ses propos sur la "race blanche".
L'humour noir de "Charlie" ne passe pas auprès de Caroline Boudet, maman d'une fille atteinte de trisomie. Elle avait déjà ému la France entière en présentant sur Facebook, en juin dernier, sa fille Louise, trisomique. Son message bouleversant avait été partagé près de 37.000 fois et relayé par de nombreux médias . Cette fois, Caroline Boudet interpelle la rédaction de "Charlie Hebdo" après cette manchette qu'elle estime "ratée".
"Je te respecte énormément, tu sais, écrit-elle. Je fais partie de ceux qui te lisaient déjà avant que toute la France devienne 'Charlie'. Je rigole à tes mauvaises blagues depuis pas mal de temps". Sa fille Louise est née après l'attentat à la rédaction du journal. "Elle a une trisomie 21. Depuis je me bats, et je me battrai toujours pour que sa condition cesse d'être une insulte de cour d'école. Et aujourd'hui, Charlie, tu crois faire du mal à Nadine Morano, en la qualifiant de fille trisomique de De Gaulle. Tu sais quoi Charlie, c'est raté. Tu fais du mal à tous les proches de personnes trisomiques", dénonce-t-elle.
Caroline Boudet estime que "l'intelligence, c'est l'ouverture d'esprit, l'acceptation de l'autre. La bêtise, c'est le racisme, c'est l'intolérance, c'est Morano. La bêtise, ce n'est pas la trisomie". La jeune maman ne soutient pas Nadine Morano, qui raconte des "conneries" pour "racler les fonds de tiroir électoraux". "Alors voilà Charlie, aujourd'hui je te soutiens toujours, tu as le droit de faire de l'humour comme tu l'entends. Mais ta couv me blesse, et en plus elle est ratée", conclut-elle.
L'humour noir sur les trisomiques passe rarement auprès des proches d'enfants atteints. Patrick Timsit en avait fait l'amère expérience avec un sketch au début des années 2000. Il avait fini au tribunal pour avoir comparé les trisomiques à des crevettes roses ("Tout est bon, sauf la tête").