Joli coup pour i-TELE et RTL. Les deux médias co-diffusent ce soir à 18h le débat d'entre-deux-tours des municipales à Paris. Ce dernier opposera les deux candidates arrivées en tête au soir du premier tour : Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP). D'une durée d'une heure, il devrait permettre aux deux responsables politiques de développer leur projet pour la capitale. Dans les rôles d'animateurs de ce débat, on retrouvera Laurence Ferrari pour i-TELE et Marc-Olivier Fogiel pour RTL. Les deux animateurs ont accepté d'en dire un peu plus à puremedias.com sur ce débat à forts enjeux. L'occasion aussi pour eux de revenir sur leur actualité respective.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias. com : C'est votre première collaboration journalistique, comment se passe l'entente jusque-là ?
Marc-Olivier Fogiel (MOF) : C'est une première collaboration mais on se connaît depuis très longtemps. On a notamment travaillé dans la même maison, RTL. On a donc un lien facile. Tout va bien.
Laurence Ferrari (LF) : Je confirme. Tout va bien. On s'est vus aujourd'hui (l'interview a été réalisée mardi 25 mars, ndlr), on a déjeuné ensemble et on a à peu près calé l'essentiel de nos interventions de demain qui, de toute façon, seront assez succinctes étant donné que les deux stars du débat sont Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo.
Justement, comment va s'organiser ce débat ? Quelle sera la répartition des rôles ?
MOF : C'est assez simple, c'est un débat et pas une interview. On va donc se répartir les introductions pour ne pas se marcher sur les pieds et que se soit lisible à l'antenne. On va faire en sorte avec Laurence de valoriser la confrontation des deux candidates. Comme elle l'a dit, ni elle ni moi ne sommes là pour faire un show.
Vous avez découpé l'émission en grands thèmes ?
MOF : Oui, on a organisé le débat autour de cinq grands thèmes : la vie économique et la fiscalité, le logement, l'urbanisme et l'environnement, la sécurité et enfin les transports.
Avez-vous prévu des innovations par rapport aux traditionnels débats d'entre-deux-tours ?
MOF: On ne cherche pas à révolutionner le genre. Après, c'est rapide. Ça va durer une heure et donc être dense. Pour répondre plus précisément à votre question, s'il y a une innovation, c'est dans le rythme. Souvent, on part dans des choses assez longues et confuses dans ce genre de débat. Là, ce sera très séquencé avec la volonté de permettre aux points de vue de s'exprimer mais sans s'appesantir.
Quid de la participation de Jean-Michel Aphatie et de la retransmission du débat sur Canal+ annoncé au départ ?
MOF : Non, il ne sera pas là. Canal+ devait au départ diffuser le débat avec i-TELE. Mais les candidats voulaient qu'il y ait une radio et une télé.
Jean-Michel Aphatie aurait pu représenter RTL ?
MOF : Il aurait pu si cela avait été le matin mais le débat a lieu le soir durant la tranche que je présente sur RTL. Ce qui est important pour l'auditeur, c'est de retrouver un certain nombre de ses repères à cette heure-là. Jean-Michel Aphatie est évidemment plus que légitime pour animer un tel débat. Mais il aurait fallu que le débat ait lieu le matin quand les auditeurs ont l'habitude de l'entendre, ou alors que Canal+ le diffuse également à 18h. A partir du moment où Canal+ ne diffuse pas le débat, ce sont logiquement les animateurs officiant habituellement à cette heure-là sur chaque média qui le présenteront : Laurence Ferrari pour i-Télé et moi pour RTL.
Les résultats plus serrés que prévu au premier tour à Paris sont plutôt une bonne nouvelle pour vous ?
LF : Oui, ça recrée de l'enjeu et de la tension entre les candidates. Si on était sorti du premier tour avec une élection pliée d'avance, ça aurait été moins passionnant. Les deux candidates ont tout à gagner l'une et l'autre avec ce débat. Elles vont vraiment jouer une partie importante.
Vous vous attendez à des "moments de grâce" dans ce débat ?
MOF : (Rires) Non, pas spécialement. Pour ma part, j'essayerai juste d'être concis, précis et efficace, ce qui demande déjà pas mal de boulot.
LF : (Rires) Je n'en sais rien. J'ai déjà fait le débat Delanoë-Panafieu en 2008 pour les municipales à Paris, celui entre Nicolas Sarkozy et François Hollande lors de la présidentielle. Je sais que ce sont des moments de grande tension pour les responsables politiques. Il y a un affrontement personnel parfois très violent. Et je ne suis pas sûre que le fait que ce soit deux femmes cette fois-ci implique moins de violence.
Laurence Ferrari, c'est votre deuxième débat d'entre-deux-tours pour les municipales à Paris ? Qu'ont-ils de différents par rapport à ceux de la présidentielle?
LF : L'enjeu pour chacun des candidats est le même. Après, effectivement, les yeux de la nation ne sont pas braqués de la même façon sur eux. Mais c'est le climax de la campagne ! C'est comme deux boxeurs qui arrivent sur le ring. Ils se sont préparés et vont livrer la vérité de ce qu'ils sont. C'est un moment extrêmement important pour eux, aussi important sans doute que s'il s'agissait d'une présidentielle.
Vous gardez un bon souvenir du débat de 2008 ?
LF : Oui, un très bon souvenir. Mais encore une fois, il y avait une vraie tension sur le plateau. Je crois qu'on avait à peu près fini dans les temps. Ce soir, ça durera une heure. Donc, comme le disait Marc-Olivier, on va essayer de donner du rythme, de faire en sorte que les échanges soient équilibrés et portent sur des thèmes assez différents. Et puis, on va essayer, avec quelques questions au début et à la fin du débat qui ne porteront pas sur les thèmes, de faire un peu ressortir les personnalités des deux candidates.
C'est un peu votre grand retour en télé en tant que journaliste depuis "Face à l'actu" en 2011 sur M6. Comment le vivez-vous ?
Moi, je fais de la radio ce soir. Je ne le vis pas du tout comme un retour en télé. Si j'avais voulu faire de la télé, j'aurais accepté certaines propositions qu'on a pu me faire par le passé. Pour moi, je représente RTL. Je vais faire de la radio, filmée certes, mais de la radio quand même. Ce n'est pas un retour à la télévision même si je suis ravi de travailler sur ce débat avec i-TELE et Céline Pigalle (la patronne d'i-Télé, ndlr) que je connais bien.
Vous souhaitez refaire plus souvent de l'antenne ?
Aujourd'hui, je suis très heureux comme ça. J'ai écarté ce qui m'avait été proposé récemment encore.
La présidence de CAPA ?
Entre autres mais pas que. Je réalise en revanche avec ce débat qu'après plus de 20 ans de vie professionnelle, j'ai eu la chance d'élargir ma palette. J'ai fait pas mal de management, de production, de talk-shows au cours de ma vie professionnelle. Et aujourd'hui, avec ce que je fais sur RTL et i-TELE, j'ai l'impression de renforcer encore un peu plus la dimension journalistique de ma palette. J'ai donc la chance d'avoir plusieurs vies en une.
On a parlé de tensions entre vous et le présentateur de la matinale de RTL, qu'en est-il ?
En général, il y a toujours un fond de vérité dans ce genre de rumeurs. Il se trouve que là, pas une seconde. On ne se connaît pas très bien avec Laurent vu qu'on a des horaires très différents sur RTL. Mais on n'a aucune difficulté. C'est du grand n'importe quoi ! Il n'y a vraiment aucun sujet là-dessus. Et il y en a encore moins sur les soirées électorales comme les municipales puisqu'il est évident qu'il ne pouvait pas les présenter vu qu'il est dès le lendemain matin à l'antenne.
Comme au bon vieux temps sur Europe 1, vous retrouvez votre ami Laurent Ruquier. Vous êtes content ?
On ne s'est jamais quittés avec Laurent Ruquier. C'est vraiment un de mes amis proches, comme on en a peu. Je suis évidemment heureux qu'il rejoigne RTL. Je suis content qu'il arrive dans une maison qu'il aime beaucoup. Il le dit lui-même. Ce qui lui a donné envie de faire ce métier quand il était gamin, c'est d'écouter en grande partie RTL et notamment "Les Grosses Têtes".
Vous pensez que cela va durablement affaiblir Europe 1 ?
Je ne sais pas si ça va affaiblir Europe 1 mais je sais que c'est une bonne chose pour RTL. Laurent Ruquier a une grande qualité, celle de s'adapter au média dans lequel il travaille. Il l'a fait à France Inter où il était parfaitement dans l'ADN de la station. Il l'a fait également par la suite à Europe 1. Je connais son talent. Je sais qu'il saura parfaitement s'adapter, sans se dénaturer, à ce qu'est RTL. C'est donc vraiment un bon choix pour la station.
Vous qui avez fait la navette entre Europe 1 à RTL, qu'est-ce qui différencie le plus les deux stations ?
Franchement, Europe 1 est une maison que j'aime beaucoup. Donc loin de moi l'idée de la dénigrer. C'est une belle station, une belle marque, avec des gens que je continue à voir avec beaucoup de plaisir et très souvent. Je pense que la différence principale vient de leur statut respectif de leader et de challenger et de l'état d'esprit différent qui en découle. Quand on est challenger, on a un peu plus un esprit de commando. Quand on est leader, on est dans un autre état d'esprit.
Qu'est-ce qui est le plus excitant alors : travailler pour un challenger ou un leader ?
Ça dépend de là où on en est dans sa vie. J'ai été ravi de travailler pour un challenger. Ça reste l'un de mes plus beaux souvenirs professionnels. Mais c'est aussi intéressant à un moment d'être chez un leader où il y a une autre façon de voir les choses. Je suis content d'avoir fait les deux tout en restant cohérent.
Le grand écart que vous réalisez chaque jour entre l'animation de votre talk-show, "Le Grand 8" sur D8 et celle du "18h-19h30" sur i-TELE vous convient toujours autant ?
Toujours autant. Je ne le ressens pas comme un grand écart. Ce sont évidemment deux exercices très différents. Il s'agit d'aborder l'actualité sous deux angles. Sous l'angle de l'édito dans "Le Grand 8" avec mes chroniqueuses. Puis sous l'angle du journalisme et des interviews politiques sur i-Télé. Et comme les deux exercices marchent bien, je suis ravi.
Les audiences du "Grand 8" sont sur une pente ascendante depuis quelques semaines après plus d'une saison et demie d'antenne. Comment l'expliquez-vous ?
Oui, c'est une deuxième saison. Ce n'était pas évident au début car le format est original et qu'il fallait l'imposer. Mais maintenant, on commence à être bien identifié, avec un très bon bouche à oreille. On a un public fidèle et pas uniquement composé de femmes. Ça, c'est hyper-important sinon on ne ferait pas ces scores. Donc oui, on a gagné en notoriété et en audience. On a de super invités aussi. Il fallait juste un peu de temps pour que ça s'installe.
Vos deux émissions du groupe Canal+ seront de retour en septembre ?
Oui, oui. Les deux seront reconduites.
Vous avez d'autres projets télé sur D8, i-télé ?
Non, franchement là, ça suffit. On n'est pas nombreux dans le PAF à en faire autant. 2h30 d'antenne en direct chaque jour, croyez-moi, ça suffit largement à mon bonheur.