C'est une histoire pathétique illustrant les manipulations que les nouveaux médias peuvent permettre. Vendredi 11 avril, une femme avait signalé aux policiers de Moulins, dans l'Allier, la disparition d'un garçonnet de 2 ans et demi prénommé Chayson Basinio. Comme l'a rapporté La Montagne, cette femme de 47 ans se présentait comme la grande-tante de l'enfant et s'inquiétait devant les enquêteurs de ne plus avoir de nouvelles de lui et de son père, un certain Rayanne Basinio, depuis une semaine. Elle soupçonnait le père, séparé de la mère de l'enfant, d'être à l'origine de sa disparition. Son récit avait été pris au sérieux par les enquêteurs qui n'excluaient cependant pas un possible canular.
Dans le doute, une information judiciaire avait été immédiatement ouverte pour "enlèvement et séquestration" et des recherches lancées autour du lieu décrit par la grande tante comme le dernier où aurait été aperçu l'enfant. Mais l'histoire avait en fait été inventée de toutes pièces par cette femme. Les enquêteurs s'en sont rapidement rendus compte au vu de ses déclarations confuses. "L'enquête pour enlèvement et séquestration a été clairement réorientée sur des faits de dénonciation de crime ou de délit imaginaire" a ainsi annoncé hier le procureur de la République à Cusset, Eric Mazaud.
"On est dans une histoire malheureusement très actuelle où des personnes ont décidé de créer des faux comptes Facebook, en prenant des images sur des vrais comptes pour alimenter ces faux comptes et les faire vivre entre eux", a expliqué Eric Mazaud, précisant que cela durait "depuis quelques mois". Les enquêteurs ont en fait découvert qu'un faux compte Facebook au nom du père de l'enfant, Rayanne Basinio, avait été créé. Cette page Facebook présentait des photos de cet homme et de son prétendu "fils" Chayson, un prénom également inventé pour la circonstance. L'homme et le garçon qui apparaissent sur les photos existent réellement, les photos ayant été piratées sur un vrai compte Facebook. Un moyen pour la dénonciatrice de donner plus de crédibilité à son histoire de disparition.
Comme le rapporte la Montagne, les enquêteurs ont placé la fausse "grande tante" en garde à vue, tout comme sa fille et son cousin, tous deux mineurs. Les deux adolescents pourraient être à l'origine du faux compte Facebook de Rayane Basinio ainsi que de deux autres faux comptes. Les enquêteurs cherchent également maintenant à savoir quelles sont les motivations des auteurs de cette fausse dénonciation. "On est en train de travailler sur les mobiles, soit c'est un problème psychologique, soit il y a des objectifs derrière, vengeance ou autre" a expliqué le procureur Eric Mazaud. La dénonciation de crime ou de délit imaginaire est passible de six mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende.