Sa sentence est irrévocable. Renaissance, nouveau nom de La République en marche, a décidé d'investir aux élections législatives Isabelle Seguin dans la quatrième circonscription de l'Ain. Un nom inconnu dans la sphère politique nationale mais que les téléspectateurs historiques de l'émission de TF1 "Koh-Lanta" ont peut-être conservé dans un coin de leur mémoire.
Isabelle Seguin, aujourd'hui âgée de 60 ans, s'est en effet taillée une réputation de solide aventurière en co-remportant en 2003 la troisième saison du programme, déjà présenté par Denis Brogniart et intitulé cette année-là "Koh-Lanta : Bocas del Toro". Brocanteuse à l'époque, Isabelle Seguin était membre de l'équipe jaune, les Machiga, aux côtés d'aventuriers devenus des légendes de "Koh-Lanta", à l'image de Moussa, candidat régulier des éditions all-stars de l'aventure de TF1 ("Koh Lanta : La revanche des héros" en 2012 et "Koh-Lanta : L'île des héros" en 2021). Moundir avait cette saison-là façonné sa légende dans l'équipe adverse, les Boro, avec une réplique devenue culte au moment de son départ : "Pourquoi être aussi corrompu ! Aucun honneur ! Aucune dignité !", avait-il crié en pleine jungle.
Après 40 jours d'aventures, Isabelle et Delphine, serveuse de 32 ans à l'époque et arrivée en cours d'aventure, ont affronté le vote du jury final en direct. Première en France, le 29 août 2003, le dépouillement s'est soldé par une égalité. Les candidates ont donc succédé ensemble à Gilles et Amel, vainqueurs en 2001 et 2002 des deux premières saisons de l'émission et se sont partagées la somme de 110.000 euros promise au vainqueur et au finaliste (100.000 euros pour le vainqueur, 10.000 euros pour le finaliste).
Une issue contestée par Isabelle devant les tribunaux. La gagnante a assigné la production de l'émission en novembre 2003 devant le tribunal de grande instance de Nanterre. "Le partage est la solution qui nous paraissait la plus juste", avait plaidé à l'époque la production auprès de l'AFP, ajoutant que les candidates ont signé un avenant au contrat dans lequel cette hypothèse était évoquée.
Problème, selon Isabelle, cet avenant a été signé en catastrophe, "une heure avant la finale, a-t-elle raconté en 2004 au "Parisien". "J'étais dans la loge avec Delphine, les producteurs sont venus nous dire qu'il pourrait y avoir égalité et nous ont proposé trois solutions. Un tirage au sort - on a hurlé, on n'avait pas vécu ces 40 jours pour gagner de cette manière - faire revoter tout le monde (le gagnant est élu par les six derniers candidats, ndlr) ou partager les gains en deux. Nous devions décider en cinq minutes, ils nous ont fait signer sans que l'on ait le temps de réfléchir, alors qu'ils connaissaient déjà le résultat." "Je me suis sentie piégée. Je ne veux pas être une moitié de survivante", protestait cette mère de famille. Au terme de la procédure, la candidate n'avait finalement pas obtenu gain de cause.
En politique, comme à la télévision, la bataille s'annonce rude pour celle qui portera les couleurs de la majorité présidentielle dans l'Ain. Elle affrontera notamment le député sortant, qui n'est autre que Stéphane Trompille, candidat La République en marche en 2017. Cinq ans plus tard, ce dernier n'a pas obtenu l'investiture du mouvement d'Emmanuel Macron pour les prochaines législatives.
Dans "Le progrès", il a néanmoins annoncé qu'il maintiendrait sa candidature "quoi qu'il en coûte". "Une CNI (Commission nationale d'investiture) obscure a tranché mais je veux continuer à m'investir corps et âme, comme je l'ai fait depuis cinq ans, pour mon territoire, je dois ça aux habitants", a ajouté le député La République en Marche, condamné en 2020, rappelle le quotidien régional, pour harcèlement sexuel d'une ancienne collaboratrice.