Place au sport cette semaine dans #QHM. Ce matin, Benjamin Meffre recevait Matthieu Lartot, journaliste sportif de France Télévisions, commentateur des matchs du XV de France dans le Tournoi des VI Nations, mais aussi des JO d'hiver en Corée du Sud, ou encore du tournoi de Roland-Garros. Celui qui est enfin co-animateur de "Stade 2" a évoqué l'actualité sportive chargée mais a aussi rebondi sur l'actualité de la semaine et évoqué la place du sport féminin à la télévision ou encore les défaites à répétition du XV de France. puremedias.com vous propose de découvrir l'intégralité de l'entretien en vidéo ci-dessus, et une sélection de ses réponses ci-dessous.
Sur les défaites du XV de France
Ca commence à être un peu déprimant, un peu décourageant. Il y a cette accumulation de défaites, des scenarii des matchs où à chaque fois on a l'impression que l'équipe de France peut basculer du bon côté... Hier, l'équipe de France mène à la mi-temps et encore une fois, tout s'écroule en 20 minutes. Ca commence à être pénible, vraiment ! On a envie de partager des émotions positives avec ce XV de France, et là, depuis de longues années maintenant, ça ne se passe pas.
Sur les audiences
Il y a eu une forme d'érosion il y a deux-trois ans sur le Tournoi des VI Nations, on l'a sentie véritablement, il y a eu un intérêt moindre. D'ailleurs, c'est ce qui guette à nouveau le XV de France après une série de huit matchs sans victoire. Je crois qu'on n'avait plus vu ça depuis les années 50. C'est assez incroyable ! Après, les audiences sont toujours fortes, le match de l'Irlande la semaine dernière a fait une pointe à 6,5 millions, hier le match a fait 4,7 millions donc ça reste très bien. Mais on n'est plus sur les audiences qu'on faisait il y a une dizaine d'années, où on pouvait faire une pointe à 10 millions en prime time. A l'époque, la France gagnait. C'est pour ça qu'il est urgent que la France gagne à nouveau.
Sur sa passion dans les commentaires et ses envolées
Il y a un phénomène qui peut paraître un peu amplifié parce qu'on n'a plus l'habitude de vivre des beaux moments avec le XV de France donc quand on vit un moment d'exploit personnel, la passion reprend le dessus, le journaliste est un peu de côté, on y va ! Ces moments sont tellement rares que quand ça arrive, on se lâche !
Sur sa participation à Roland Garros en 2018
Je rempile cette année. J'ai par ailleurs, dans ma jeunesse, pratiqué le tennis. C'est un style différent, il faut s'adapter, on est dans une ambiance un peu plus feutrée, on est enfermé dans une cabine, ce qui n'est pas le cas dans le rugby. Le tennis, ça peut se vivre sans commentaire, on laisse les échanges se faire, il n'y a pas besoin d'intervention donc il faut trouver le bon rythme, on vient en complément de ce que les téléspectateurs voient. En rugby, il faut davantage vulgariser la chose. Ce sont deux exercices extrêmement différents dans lesquels je m'éclate.
Sur les JO d'hiver
Là je vais partir à Pyeongchang pour remplacer Laurent Luyat et Céline Géraud sur leur jour de repos. Il était prévu à l'origine que je couvre les JO dans la fenêtre qui était un peu réservée aux Jeux pendant le tournoi des VI Nations, et finalement les dates ne collaient pas trop donc je pars une semaine et je reviens pour la veille de France-Italie.
Sur les chaînes payantes et les droits du sport
Je pense que c'est une erreur stratégique : le basket a été mis en clair pendant des années sur France Télévisions et à l'époque, c'était un sport très populaire. A un moment, Canal+ est venu le chercher pour le diffuser exclusivement. Encore une fois, je ne suis pas contre la diffusion sur les chaînes à péage avec des gens qui savent parfaitement travailler et le font très bien. Mais il faut une complémentarité. Sinon, on tue le sport. Prenez la Pro A (Première ligue de basket, ndlr) par exemple, ce n'est regardé par personne. C'est sorti complètement des radars et les gens n'ont plus d'appétit pour cette discipline-là alors que c'est un sport magnifique. Le rugby à terme doit se prémunir de ça.
Sur des éventuels tentatives de débauchage
Je n'ai jamais eu de contacts avec SFR, ils ont des gens qui travaillent pour eux et qui sont très bien. France Télévisions m'offre un terrain d'expression extraordinaire : j'ai l'opportunité de commenter le rugby, qui est ma passion première, sur les plus grands événements. J'ai l'opportunité de présenter "Stade 2", d'aller faire les Jeux olympiques... Parfois, j'ai eu quelques contacts mais quand je pèse le pour et le contre, même s'il y a des contraintes liées au portefeuilles, à l'argent, ça reste une belle maison.
Sur ses jeux de mots et le besoin de rire en commentant
Je pense que c'est important. Avec toute l'équipe rugby, on a toujours considéré qu'il fallait être à l'antenne comme dans la vie. Et dans la vie, on se chambre, on rigole entre nous, on est là pour passer un bon moment avec le téléspectateur. Le sport à la télévision, c'est passer un bon moment, c'est assez futile par rapport à tout ce qui se passe dans notre société. Moi, j'aime jouer avec les mots, avec la langue. Je ne suis pas là pour plaire à tout le monde et je sais qu'on ne peut pas faire l'unanimité, mais ça nous va bien, ça colle à nos personnalités.