Interview
Melvil Poupaud ("Insoupçonnable") : "Je n'ai pas vu ni eu envie de voir 'The Fall'"
Publié le 13 septembre 2018 à 16:37
Par Kevin Boucher
A l'occasion du lancement d'"Insoupçonnable" ce soir sur TF1, puremedias.com a rencontré Melvil Poupaud, l'interprète de Paul Brodsky.
"Insoupçonnable" © TF1
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Un serial killer sous des airs angéliques. Dès ce soir, Melvil Poupaud se met dans la peau de Paul Brodsky dans "Insoupçonnable", la nouvelle mini-série de TF1. Aux côtés d'Emmanuelle Seigner, le comédien incarne un psychologue spécialisé dans le deuil, père de deux enfants marié à Claire Keim qui, la nuit tombée, se révèle être un véritable tueur en série. puremedias.com s'est entretenu avec le comédien pour évoquer ce nouveau rôle et sa première incursion dans une série télévisée.

Propos recueillis par Kevin Boucher.

puremedias.com : Vous incarnez Paul Brodsky, un psychologue spécialisé dans le deuil, père de famille bien sous tous rapports... et tueur en série. N'est-ce pas trop difficile de se mettre dans la peau d'un tel personnage ?
Melvil Poupaud : En tant qu'acteur en tout cas, c'est le genre de rôle que nous espérons tous, avec cette complexité, ces multiples facettes entre le père de famille charmant, aimant, attirant, séduisant et le monstre terrible, très angoissant. C'est vraiment un rôle idéal, c'est aussi pour cela que j'ai accepté. Et le fait que ce soit dix épisodes me permettait de développer plein de facettes et de jouer sur plein de registres. Après, j'avoue que le côté tueur est parfois troublant, même lorsque l'on joue. J'ai mis un peu de temps à redescendre, d'autant plus que nous avons tourné pendant un an. Mais mon optique lorsque j'ai commencé à travailler le rôle n'était pas psychologique mais beaucoup plus physique, avec une dimension du corps assez importante. Je suis quelqu'un de fin, qui ne fait pas vraiment de sport, et là j'avais envie de prendre du volume, d'avoir un aspect puissant et musclé. Et au bout d'un moment, voir mon corps changer a également joué sur mon mental, sur mon regard même, ce qui fait que j'ai pris de l'assurance et que je me sentais en pleine possession de mes moyens. Ce qui fait que lorsque j'arrivais sur le tournage et que j'avais des scènes physiques ou où je devais avoir l'air menaçant, je sentais moi-même cette force qui m'aidait à aller dans ce côté du rôle.

"Aujourd'hui, je suis beaucoup plus à l'aise avec mon corps" Melvil Poupaud

Justement, le physique de Paul est souvent mis en avant, y compris par sa nudité très présente. Ces scènes vous ont-elles posé problème ?
Non, pas du tout. J'ai déjà fait des films dans lesquels j'étais nu et je suis de moins en moins complexé par mon physique. En vieillissant et à force de m'avoir vu dans plein de films, je me connais un peu sous tous les aspects. Aujourd'hui, je suis beaucoup plus à l'aise avec mon corps. Ensuite, je savais que c'était pour du prime time sur TF1 donc qu'ils n'allaient pas montrer mon sexe par exemple - ce qui me ferait chier. En plus, comme j'avais vraiment fait cette préparation physique, c'était justifié que l'on voit que le mec, lorsqu'il retirait sa veste et symboliquement son costume de psy, puisse montrer une espèce de puissance.

Quelles scènes avez-vous préféré tourner ? Celles du Paul gentil malgré son secret ou celles du Paul violent ?
Ce que j'ai aimé, c'est qu'il y avait un peu des deux aspects dans chaque scène. C'était drôle pendant un moment, dans le mode père de famille, d'être très sincère et premier degré avec les enfants et sa femme puis, en un seul plan, de switcher dans un côté plus sombre. C'était très intéressant à jouer. Idem dans le mode vilain puisqu'on voit un côté enfantin. J'aime quand on voit cette part d'enfance, lorsqu'il dessine ou fantasme sur ses victimes. C'est peut-être ce qui le rend touchant aussi malgré son côté monstrueux, c'est que ce n'est qu'un pauvre môme.

"Je n'avais pas envie de jouer avec l'image de Jamie Dornan en tête" Melvil Poupaud

Avez-vous vu "The Fall", la série originale ?
Non. Je ne l'avais pas vu avant et je n'ai pas eu envie de la voir pendant ni après. Je n'avais pas envie de jouer le rôle avec l'image d'un autre acteur en tête, de me référer à lui en essayant de faire pareil ou à l'inverse de me différencier. J'avais envie de créer mon truc, totalement librement. Et je sais que s'ils m'ont casté, c'est qu'ils n'avaient pas envie de faire une réplique exacte de la série anglaise car je n'ai pas grand chose à voir avec Jamie Dornan qui est plus jeune, qui est un ancien mannequin, avec un autre type de physique. Moi, j'ai commencé avec le cinoche, j'ai expérimenté plein de rôles, je suis plus âgé...

Lorsqu'on vous a présenté la série, n'avez-vous pas eu peur que ce soit un copier-coller de "The Fall" justement ?
Non parce qu'aujourd'hui, plein de séries sont adaptées dans plein de pays. Je trouve ça normal et même intéressant que lorsqu'une idée ou un concept fonctionne qu'on puisse voir si une adaptation est possible dans différents pays ou différentes cultures. Aux Etats-Unis, ils ont tenté de faire "The Fall" mais n'y sont pas parvenus car il y avait un problème dans le scénario sur le personnage de la flic dans ce contexte-là. Ici, de mon point de vue, je trouve que ça marche. C'est comme une reprise en musique. On peut tout à fait se l'approprier.

Vous partagez l'affiche avec Emmanuelle Seigner mais ne partagez que très peu de scènes. N'est-ce pas un peu frustrant ?
J'avais d'autres partenaires très bien aussi ! Mais le fait que ce soit Emmanuelle fait partie des choses qui m'ont donné envie d'y aller. Le casting m'a paru original et de voir Emmanuelle Seigner, avec son image un peu rock'n'roll et sulfureuse, dans le rôle du flic face à moi, dans le rôle du bad guy, je trouvais que c'étais une idée hyper intéressante. De plus, nous avons plein de points communs avec Emmanuelle et j'adore les rôles qu'elle a eu, notamment avec son mari. Je trouve qu'elle devient de plus en plus profonde dans son jeu et ce qu'elle dégage. Il est vrai que nous nous sommes surtout beaucoup croisés mais nous avons eu quelques moments ensemble, nous avons parlé musique puisque nous sommes tous deux musiciens. Il y avait une proximité sans se connaître vraiment. Et cela nous a aidé un peu par rapport au scénario puisque ce sont deux personnages qui ne se rencontrent pas mais se rapprochent malgré tout.

"Une suite n'est pas à l'ordre du jour" Melvil Poupaud

"Insoupçonnable" reprend les deux premières saisons de "The Fall", qui a connu une saison 3 outre-Manche. Vous êtes prêt à reprendre le rôle de Paul en cas de succès ?
Ce n'est pas à l'ordre du jour. Nous n'en avons jamais parlé. Je n'avais jamais fait de série télévisée, encore moins pour TF1 en prime time. Si je le refais, ce ne sera plus une expérience nouvelle... J'aime bien les expériences et là, c'était vraiment très différent de ce que j'avais fait auparavant. Donc pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour.

Justement, vous tenez là votre premier rôle dans une série. Vous n'avez jamais eu de propositions intéressantes par le passé ?
On ne m'avait jamais proposé en fait. Je pense que TF1 n'avait jamais pensé à moi auparavant... et qu'ils connaissaient les films dans lesquels j'ai joué. Là, c'est vraiment le producteur Jean-Benoît Gillig, qui est un mec formidable, l'un des meilleurs producteurs que j'ai rencontré, qui a pensé à moi. Je pense aussi que la télévision a vachement changé depuis quelques années, que ce soit sur la qualité de la production ou même chez TF1.

Ressentez-vous une certaine pression quant à l'audience ?
Non. Evidemment que j'ai envie que cela marche puisque sur un tel projet, un peu atypique, assez noir et hors du commun, ce serait dommage que cela ne fonctionne pas. Après, moi, je n'ai jamais fait du cinéma pour faire des entrées, j'ai toujours fait les choses dans mon coin.

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