Dans un entretien accordé au Monde, Michel Boyon, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel, revient les règles de l'égalité du temps de parole en période de campagne électorale.
Depuis le 20 mars, c'est-à-dire cinq semaines avant le scrutin du premier tour de la présidentielle, radios et télévisions sont soumises à la stricte égalité des temps de parole. En clair, quand un média accorde 10 minutes à Nicolas Sarkozy et François Hollande - les deux personnalités en tête des différents sondages d'opinion avec environ 30% des intentions de vote, ce même média doit accorder 10 minutes à Jacques Cheminade et Nicolas Dupond-Aignan, des candidats crédités de très faibles intentions de votes. Une règle "casse-tête" régulièrement critiquée par les télévisions et les radios.
"La question principale porte sur la durée de la période d'égalité des temps de parole", reconnaît Michel Boyon. "La loi la fixe aux deux semaines précédant le scrutin. En 2007, cette durée a été portée à cinq semaines. Cette situation n'a pas été saine (...) Une trop longue période d'égalité est un risque d'appauvrissement du débat politique, ne serait-ce que par la difficulté d'organiser des débats avec dix candidats. Il serait préférable que cette période corresponde à la campagne officielle, qui a une durée de quinze jours. Nous sommes intervenus sans succès auprès du Conseil constitutionnel pour changer les règles. S'il faut en passer par là, modifions la loi", ajoute-t-il.
Effectivement, dans les faits, plusieurs rendez-vous politiques des télévisions (notamment les plus exposés, comme "Des paroles et des actes", "Parole directe" ou "Face aux Français" sur TF1 et France 2) se sont interrompus en raison de cette règle d'égalité des temps de parole. France Télévisions planche toutefois sur deux éditions spéciales de son magazine "Des paroles ou des actes" où David Pujadas confronterait 5 des 10 candidats à la présidentielle.