Le dictateur nord-coréen avait tout fait pour empêcher sa sortie. Dans quelques jours, Netflix va retirer de son catalogue la comédie "L'interview qui tue" ("The Interview" dans sa version américaine), portée par le duo James Franco et Seth Rogen. Ce film avait été la cible du dirigeant Kim Jong-un qui n'avait pas apprécié être parodié.
"L'interview qui tue !" raconte l'histoire de Dave Skylark, présentateur d'un talk-show phare des Etats-Unis, qui a pour marque de fabrique de poser des questions très intimes à ses invités. Alors qu'il fête le 1.000e épisode, il apprend que Kim Jung-un, dictateur de Corée du Nord, est fan de son programme. Ainsi, le producteur de l'émission, Aaron Rapaport, propose au dirigeant un entretien télévisé. Ils se font alors contactés par une agente de la CIA, qui leur demande d'assassiner Kim Jung-un, ce qu'ils acceptent à contrecoeur.
Lors de la sortie de la bande-annonce de la comédie en 2014, le dirigeant asiatique avait été furieux en découvrant qu'il était moqué dans cette production. Il avait alors demandé à l'ONU de punir les deux acteurs. "Il y a ceci d'ironique dans l'intrigue qui montrer le désespoir du gouvernement des Etats-Unis et de la société américaine. L'assassinat d'un leader étranger renvoie à ce que les Etats-Unis ont fait en Afghanistan, en Irak, en Syrie et en Ukraine. Et n'oublions pas qui a tué Kennedy : les Américains", avait déclaré un porte-parole de Kim Jung-un.
Ne voyant pas de réaction de l'ONU, le dirigeant s'était fendu d'un communiqué cinglant : "Ces cinéastes vulgaires, appâtés par quelques dollars jetés vers eux par des conspirateurs, ont sali la dignité et la conscience du cinéma en osant produire et réaliser un tel film. En conséquence, ils doivent être sévèrement punis (...) Pitoyables sont les Etats-Unis, cherchant désespérément à affaiblir l'autorité de notre République, pourtant plus puissante chaque jour, avec un film minable, alors qu'aucune pression ou menace n'a jamais fonctionné contre nous".
Par la suite, Sony, qui a produit le long-métrage, avait fait l'objet fin 2014 d'une cyberattaque de hackers, qui ont voulu voler des informations confidentielles autour du film. Sans dévoiler leur nationalité, ce groupe de pirates avait menacé frontalement les Etats-Unis.
"Nous allons vous montrer clairement dans tous les lieux où 'L'interview qui tue !' sera diffusé, notamment lors de l'avant-première, à quel destin tragique sont voués ceux qui cherchent à se moquer de la terreur. Rappelez-vous le 11 septembre 2001. Nous vous recommandons de vous tenir à distance des endroits", ont déclaré les hackers. Et d'ajouter : "Et si votre maison est à proximité, vous devriez partir".
Après ces menaces, la tournée de promotion et l'avant-première new-yorkaise de la comédie avaient été annulées. Sony avait pris la décision de ne pas sortir le film en salles, avant de faire marche arrière et d'autoriser sa diffusion dans quelques cinémas américains le 24 décembre 2014. En France également, la sortie du film a d'abord été annulée, puis repoussée au 22 avril 2015.
Alors, si vous voulez visionner cette comédie qui a fait polémique avant sa sortie, vous avez jusqu'au vendredi 31 mars prochain pour regarder "L'interview qui tue !" sur Netflix.