Un accord gagnant-gagnant ? Netflix devait proposer en exclusivité le film "Glass Onion : une histoire à couteaux tirés", dont elle avait racheté pour plus de 460 millions de dollars les droits de la franchise. Il en sera différemment puisque la plateforme américaine s'est entendue, cette semaine, avec trois réseaux majeurs de cinéma américains – Regal, AMC et Cineworld - afin de leur offrir en exclusivité, le temps d'une semaine entre le 23 et le 29 novembre, l'exploitation de la suite de la franchise ("A couteaux tirés) avec Daniel Craig.
Concrètement, le film, dans lequel le détective Benoît Blanc se rend en Grèce pour tenter de résoudre une énigme impliquant une galerie de suspects hauts en couleurs, sera projeté dans seulement 600 salles, essentiellement aux Etats-Unis et dans d'autres pays, comme la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Australie ou l'Allemagne, mais pas en France. Les abonnés à Netflix, eux, devront prendre leur mal en patience jusqu'au 23 décembre, soit un mois après la sortie en salles obscures, pour découvrir le film. "Je suis aux anges (...). Ces films sont faits pour faire vibrer le public, et je suis impatient de ressentir l'énergie de la foule", a réagi le réalisateur Rian Johnson, cité dans le communiqué de Netflix.
Dans ce contexte, le réseau de salles AMC a salué ce mariage de raison, relate l'AFP. "Les salles de cinéma et les plates-formes de streaming peuvent continuer à coexister", a déclaré son patron, Adam Aron, cité dans un communiqué, souhaitant "plus de coopération entre AMC et Netflix". Selon son raisonnement, en coordonnant la sortie d'une superproduction comme celle-ci, "les cinémas gagneront plus d'argent en ayant plus de titres à montrer, et, grâce à la plus grande résonance culturelle que ces films peuvent tirer d'une sortie en salle, ils finiront par être diffusés à un public plus large lorsqu'ils seront également visionnés sur des plates-formes de streaming", a-t-il assuré.
Autrement dit, selon AMC, les deux parties ont intérêt à signer cet accord pour assurer leur pérennité : si les salles obscures peinent actuellement à se remplir - les cinémas ont signé en septembre, avec 7,38 millions d'entrées, leur deuxième pire mois de septembre depuis les débuts des statistiques mensuelles, en 1980 - Netflix, fortement concurrencée dans le secteur du streaming, perd aussi des plumes. Le vétéran du secteur a perdu près de 1,2 million d'abonnés au premier semestre, une première depuis dix ans.