Interview
Pierre Laugier (Itinéraire Productions) : "Avec 'Mercato' on voulait créer une série dans le sillage d''HPI' sans en appliquer la même formule"
Publié le 28 mars 2024 à 18:16
Par Laura Bruneau | Journaliste
Laura Bruneau se passionne très tôt pour le petit écran et c’est devant Des Chiffres et Des Lettres qu’elle apprend à lire. La fièvre des jeux ne la quitte plus : plus tard elle participe à Slam ou Questions pour un Champion. Elle aime aussi les séries - les franchises de Dick Wolf, voyageant jusqu’à Chicago sur les traces de Chicago Fire.
Pierre Laugier, et son associé Anthony Lancret, sont les producteurs derrière "HPI", mais aussi "Mercato" sur TF1. Pierre Laugier a répondu aux questions de Puremedias.
Arnaud Ducret dans la série "Mercato" sur TF1 Arnaud Ducret dans la série "Mercato" sur TF1© François Lefebvre / Itinéraire Productions / UGC /TF1
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Actuellement diffusée sur TF1, la série "Mercato" est produite par Itinéraire Productions, société déjà à l'origine de la fiction à succès "HPI", avec Audrey Fleurot, qui sera de retour sur la Une le 16 mai prochain. Une entreprise à qui l'on doit aussi "Oussekine" pourDisney+ ou encore "Flashback", autre série prochainement diffusée sur TF1. Pierre Laugier, l'un des deux producteurs associés d'Itinéraire Productions, a répondu aux questions de puremedias.com. Il est, bien entendu, revenu sur le succès phénoménal d' "HPI", mais aussi sur la création de "Mercato", série policière d'action et de comédie, avec Arnaud Ducret.

Propos recueillis par Laura Bruneau

puremedias.com : Comment vous avez-vous vécu le succès phénoménal d' "HPI", chez Itinéraire Productions ?
Pierre Laugier : C'est une joie immense qu'on a partagée avec les créateurs de la série, les réalisateurs, le casting. C'est un moment assez irréel qu'on a vécu en 2021 lors de la diffusion des premiers épisodes. On s'est demandé s'il n'y avait pas une erreur. C'était une situation assez inédite puisqu'on sortait de la pandémie, il y avait encore le couvre-feu. On était tous un peu groggy de ce qui venait de se passer, on avait un grand besoin de fraîcheur, de nouveauté, et "HPI" est venue à ce moment-là. Il y a eu le succès de la première saison, un succès qui s'est renouvelé ensuite. C'est devenu presque un phénomène de société. C'est pour vivre ces moments-là qu'on fait ce métier.

Est-ce que ça a changé quelque chose pour votre société de production ?
Oui. Déjà, les gens nous ont identifié. Ils pouvaient mettre une activité sur des noms et des visages, voir ce qu'on avait envie de faire. L'année suivant la première saison de "HPI", on a sorti la série "Oussekine" pour Disney+, ça a été l'émergence de nos premiers projets. Notre société existe depuis 2017, il a fallu un peu de temps pour lancer l'activité. C'était bien de pouvoir présenter "HPI", qui est un immense succès public et critique, mais aussi une série comme "Oussekine", pour montrer au marché, au public ce qu'on avait envie de faire. "HPI" a changé beaucoup de choses pour nous, mais je crois que ça a changé beaucoup de choses pour les producteurs, les créateurs de séries, ça a permis de créer un élan sur la création originale. "HPI" est une série vendue dans le monde entier, qui est remakée en ce moment aux Etats-Unis, ça donne confiance dans la création française.

Dorénavant, avec la carte "HPI", vous êtes reçus comme des rois chez TF1 quand vous avez quelque chose à proposer ?
[Rires] Non, comme des partenaires avec qui on travaille depuis bientôt 10 ans. Anthony [Lancret] et moi, on a toujours eu envie de travailler avec TF1. Avant de créer Itinéraire, on a fait une série avec TF1,"La Mante", à l'époque où on était chez Septembre Productions, diffusée ensuite sur Netflix. C'était une des premières séries françaises sur Netflix, mais c'était une création TF1 initialement. Cette collaboration existe depuis très longtemps. Anne Viau, à l'époque, avait suivi "La Mante" comme conseillère de programme, puis Marie Guillaumond, directrice de la fiction. C'est ensuite Anne Viau qui nous a commandé "HPI" puis "Mercato". J'aime bien rappeler que derrière ces succès, il y a des producteurs, des talents, mais aussi un diffuseur, TF1, et des personnes à la direction de la fiction qui nous accompagnent. On aime travailler ensemble et on aime bien se sentir accompagnés dans les bons moments, comme dans les mauvais.

"Les liens avec TF1 se sont créés quand on avait 10 ans et qu'on regardait la chaîne car on aimait leurs programmes" Pierre Laugier (Itinéraire Productions)

Vous avez des liens privilégiés avec TF1 ("HPI", "Mercato" et prochainement "Flashback"). Comment vous avez noué ces liens privilégiés ? Comment sont-ils nés ?
Les liens, je parle en mon nom et en celui de mon associé, se sont créés quand on avait 10 ans et qu'on regardait TF1 car on aimait leurs programmes. Je sais que lui aimait plutôt "Navarro", moi j'étais plus "Commissaire Moulin". La série "Flashback" vient un peu des années 90 où y il avait aussi "La Famille Formidable", toutes les fictions AB Productions, "Le Club Dorothée". Cet attachement à notre adolescence, à tous les contenus qui sont parfois un peu méprisés, nous on construit et nous ont donné envie de créer à notre tour des personnages de fiction. Le lien s'est construit à ce moment-là je pense et c'est touchant de dire qu'on fait "Flashback" avec le réalisateur Vincent Jamain, fils de Patrick Jamain qui était réalisateur sur "Navarro". Michaël Youn, une autre icône de notre jeunesse, incarne le père. On sent une envie de retrouver des contenus avec une espèce de nostalgie douce. On a envie de raconter des grandes histoires pour le grand public, et de le faire avec sérieux, avec respect pour ce public.

Après avoir signé des séries à succès comme "HPI" ou "Mercato" qui démarre très bien, est-ce que vos rapports changent avec les diffuseurs ?
Non, il ne faudrait pas que ça change parce qu'on essaie de ne jamais avoir de certitudes quand on lance un nouveau projet. On est toujours gouverné par des intuitions, des échanges qu'on a avec les auteurs, avec les réalisateurs, avec les talents. Il faut avoir ces discussions là avec nos différents partenaires et être capables d'entendre une critique, un avis contradictoire, de changer de voilure s'il le faut. Nos métiers sont très empiriques. Evidemment, on a peut-être un accès plus facile aux diffuseurs et davantage la possibilité de porter nos histoires et nos envies. On a peut-être un peu plus de possibilités.

Outre les diffuseurs, est-ce que le métier a changé de regard sur vous puisque maintenant vous êtes les producteurs du plus gros succès télé depuis 10 ans ?
On n'a pas la vocation d'être mieux traités. Le succès c'est une telle somme de circonstances, de hasard, de chance. On essaie de bien faire les choses, c'est notre job de producteurs, de livrer des contenus qui soient le mieux possible. Après, que le public aime ou n'aime pas, ça ne nous appartient pas.

"Le succès d'"HPI" nous a permis de nous agrandir" Pierre Laugier (Itinéraire Productions)

Votre société de production a-t-elle été boostée par le succès de "HPI" ?
Oui, ça nous a permis de nous agrandir. On travaille avec deux productrices artistiques, Juliette Lassalle et Lola Manaï, sur les différents projets qu'on a, "Flashback", "Mercato". Itinéraire Productions appartient au groupe UGC Series. Leurs équipes nous accompagnent dans ce succès, qui est aussi le leur. Il y a plein de nouvelles perspectives, après on reste très prudent. On sait que le marché est assez fragile, fluctuant. On bâtit pierre par pierre cet édifice qu'est Itinéraire Productions.

Après "HPI", est-ce difficile de se renouveler et notamment de créer une nouvelle série, toujours sur le registre de la comédie policière décalée, comme "Mercato" ?
La comédie, c'est un genre qu'on aime beaucoup chez Itinéraire. C'est difficile de trouver, que ce soit au sein de la télé linéaire ou chez les plateformes, des cases pour faire de la pure comédie. Donc on le fait en hybridant avec d'autres genres, le policier, le fantastique, l'action. On essaie de mettre de la comédie dans tous nos contenus. Après, il y a des séries qui sont purement dramatiques, et là on ne peut pas le faire. Je pense qu'en ce moment on a besoin de se divertir et de rire, y compris des situations les plus dures, parce qu'on voit bien que le contexte actuel est très anxiogène.

Est-ce que vous pouvez revenir sur la genèse de "Mercato". Comment est née cette série ?
A la suite du succès de "HPI", on a réfléchi ensemble avec Anne Viau et Anthony Lancret, à ce que pourrait être une autre série dans le sillage de "HPI". On n'avait pas envie d'appliquer la même formule. On voulait parler de la confrontation entre Paris et Marseille, une envie d'investir la série d'action, de la traiter sur le mode de la comédie d'antagonismes avec ce principe de poisson hors de l'eau. On a eu des échanges avec Anne [Viau] et, ensuite, Jérémie Marcus, scénariste qu'on suivait, est venu poser les premiers jalons de la série. Arnaud Ducret est rentré assez vite dans la boucle. On a tout de suite lancé la prod des deux premiers épisodes avec David Hourrègue qui a créé la série en tant que réalisateur. Puis Simon Astier a amené son univers, son côté un peu absurde, dans les épisodes suivants et c'est Gaël Leforestier qui a fermé le ban. Je cite également tous les auteurs qui ont travaillé sur la série, Magali Rossitto, Sandrine Gregor, Sarah Malléon et Gauthier Plancquaert qui ont écrit les 8 épisodes de cette première saison. C'est une série qui a été un vrai challenge de production parce qu'il fallait qu'en termes d'action, le compte y soit, que dans chaque épisode, il y ait des moments de bravoure, des moments un peu dingues, qui reflètent toute la diversité des expériences qu'on peut vivre à Marseille.

"On travaille sur l'écriture de la saison 2 de "Mercato" pour être prêts" Pierre Laugier (Itinéraire Productions)

Vous avez dit "cette première saison". Vous travaillez déjà sur une deuxième saison ?
Traditionnellement, quand on produit une première saison, on travaille sur l'écriture de la saison 2, pour être prêts, si jamais une saison 2 existe.

Quand vous vendez "Mercato" à TF1, après leur avoir vendu "HPI", est-ce que vous avez une pression des audiences ?
On l'avait au moment de "HPI". On se met toujours la pression. On est là pour que le public reste, que le public aime la série.

Pourquoi avoir choisi de situer "Mercato" à Marseille ?
C'est un choix de coeur et de raison. Une ville qu'on aime beaucoup, très cinégénique, très ancrée dans l'imaginaire français, dans le monde entier. On avait envie de ce côté très ensoleillé, touristique, mais aussi plus interlope de certains quartiers, de l'arrière-pays, des Calanques, d'une forme de danger, d'aventure, de voyage, à l'intérieur même de la ville. On a l'impression que Marseille c'est une ville monde, toutes les populations y sont présentes. Elle reflète bien la diversité française. Ça peut aussi être la meilleure ambassade de la France à l'international si d'aventure la série était amenée à voyager.

Dans "Mercato", il y a Elodie Varlet et Bryan Trésor qui sont passés par "Plus Belle la Vie". Quand on tourne à Marseille, inéluctablement, on se retrouve avec des comédiens passés par "Plus belle la vie" ?
Oui, mais tant mieux. Il se trouve que notre casteur local travaillait beaucoup avec des acteurs de "Plus belle la vie" qui, à l'époque, n'avait pas encore été réactivé. Des comédiens se sont retrouvés au chômage et nous en tant qu'employeur on est là pour recruter. Des comédiens qui ont passé le casting venaient de "Plus belle la vie" et d'autres feuilletons. On est ravi d'avoir Elodie Varlet dans le rôle de Nadine, notre légiste. Mais on ne s'est pas dit : tiens on prend des acteurs de "Plus belle la vie". On s'est dit on prend des acteurs parce qu'ils correspondent aux rôles et qu'ils sont bons.

A part "Flashback", évoquée précédemment, et qui va être diffusée sur TF1, est-ce qu'Itinéraire Productions a d'autres projets ?
Oui, des projets qui viennent d'être annoncés à Séries Mania. On a une série avec Isabelle Adjani dans le rôle principal pour Netflix. Et une autre série, en tournage actuellement, pour Disney+ intitulée "Les disparues de la gare", créée par Gaëlle Bellan et réalisée par Virginie Sauveur, avec un très beau casting, Camille Razat et Hugo Becker dans les rôles principaux. Une série inspirée d'une histoire vraie.

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