Le Conseil d'Etat a tranché. Dans une décision prise le 16 décembre 2020 et publiée au Journal officiel le 6 janvier 2021, le Conseil supérieur de l'audiovisuel, aujourd'hui appelé l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) avait mis en demeure RMC et RMC Story après les propos polémiques du professeur Christian Perronne. Invité du "Grand oral" des "Grandes Gueules" d'Alain Marschall et d'Olivier Truchot, le 31 août 2020, le médecin qui a participé au documentaire contesté "Hold Up" et qui a été suspendu de ses fonctions par l'AP-HP en décembre 2020, s'était exprimé à plusieurs reprises sur la pandémie de Covid-19, mais aussi sur la maladie de Lyme et le paludisme.
Le gendarme de l'audiovisuel avait ainsi estimé que "les déclarations de l'invité sur le recul de l'épidémie et de la mortalité ne reflétaient manifestement pas la situation épidémique en France et dans le monde". "Or, d'une part, cet invité était le seul membre médical présent en plateau et, d'autre part, ces déclarations n'ont pas fait l'objet d'une contradiction suffisante par les autres participants, ni par les journalistes", avait indiqué le CSA, jugeant que RMC "ne peut être regardée comme ayant fait preuve d'honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information sur la pandémie".
De plus, le Conseil avait relevé d'autres points de vue sur des questions prêtant à controverse, comme sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine. Le professeur Christian Perronne avait également défendu l'utilisation des tisanes d'artemisia comme traitement antipaludéen, une méthode qui aurait selon lui suscité "une colère monstre de Bill Gates, de l'OMS, parce qu'ils voulaient absolument promouvoir un vaccin pour le paludisme qu'ils n'arrivent pas à fabriquer depuis 20 ans". Par ailleurs, il avait aussi soutenu la théorie selon laquelle la maladie de Lyme aurait été "créée en laboratoire par l'armée américaine par un ancien nazi".
Ainsi, selon "L'informé", pour la première fois, le Conseil d'Etat a pris position sur les propos médiatiques des scientifiques antivax et complotistes. Il a pris hier sa première décision en la matière en confirmant la mise en demeure infligée par l'Arcom à RMC et RMC Story pour la séquence avec Christian Perronne.
Une décision qui ne devrait pas satisfaire les deux animateurs des "Grandes gueules", Alain Marschall et Olivier Truchot. A l'époque, après la décision de l'Arcom, le tandem de présentateur avait vivement réagi dans les colonnes du "Parisien" : "Je ne savais pas que le CSA, autorité administrative dont le président est nommé par le chef de l'État, était habilité à reprocher aux journalistes les questions qu'ils n'ont pas posées. J'en prends bonne note. Le professeur Perronne a fait la tournée des plateaux avec la sortie de son livre. Ça tombe sur nous, pourquoi ?".