Des noms sortent. Le vendredi 2 avril dernier, dans un reportage dans son "19.45", M6 avait révélé que le collectionneur Pierre-Jean Chalençon organisait des dîners clandestins à Paris. Dans ce sujet, l'ancien visage d'"Affaire conclue" assurait que des ministres participaient à des repas interdits par les restrictions sanitaires. Face à l'ampleur prise par la polémique, il s'était rétracté et avait plaidé l'humour.
Mais l'affaire a été prise au sérieux par les autorités et les séquences diffusées ont conduit le procureur de Paris à ouvrir une enquête pénale pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "travail dissimulé". Six jours après le début de l'affaire, Pierre-Jean Chalençon et le chef Christophe Leroy, les deux organisateurs présumés des dîners clandestins organisés à Paris pendant le couvre-feu, ont été placés en garde à vue.
Selon des informations de "Mediapart" samedi, le chef cuistot a affirmé qu'aucun ministre actuel n'a fréquenté l'un de ses dîners interdits. Toutefois, d'après le site d'investigation, Brice Hortefeux, ancien membre du gouvernement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a participé à un déjeuner dans un club privé tenu par le chef Christophe Leroy fin mars. Il y avait retrouvé le journaliste de BFMTV Alain Duhamel pour un repas professionnel avec une troisième personne.
"Une personne que je connais est venue me voir pour tout autre chose, et dans la conversation me dit : 'Si vous avez des déjeuners ou des dîners, il y a un business club dont je suis membre et c'est tout à fait possible d'organiser cela'", a déclaré l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a dit avoir immédiatement demandé si la pratique était légale : "La personne me répond : 'Oui'. D'ailleurs, pour me montrer que c'est légal, elle me fait passer des documents internet, en précisant que tous les jours, c'est publié sur les réseaux sociaux". "Cette personne me dit : 'Il y a beaucoup de monde qui passe, des entreprises, des élus...'. Quand vous savez cela, vous vous dites que vous êtes dans les clous", a confié Brice Hortefeux.
De son côté, Alain Duhamel a reconnu avoir déjeuné dans ce lieu avec l'ancien locataire de la Place Beauvau, précisant qu'il "ne savait pas de quoi il s'agissait" : "Je croyais que ce serait soit chez lui, soit chez un de ses amis, et puis, je suis monté dans ce truc-là. Je ne suis pas du tout du genre club, etc. Et puis, je me suis aperçu qu'il y avait des gens qui déjeunaient. On m'a emmené tout de suite dans une petite salle à manger au fond, où nous étions trois", a raconté l'éditorialiste. Et d'ajouter : "Comme je suis plutôt bien élevé, je n'allais pas faire un esclandre en m'en allant". Le journaliste s'est estimé "un peu piégé" après son déjeuner : "Je n'en suis pas mort, mais j'ai mal dormi quand même".