Edito. TF1 voulait "réincarner" la politique avec son nouveau rendez-vous, diffusé dimanche à 18h40. Elle ne l'a pas réinventée ou même bousculée. Tout était pourtant bien parti, avec en ouverture un Alain Juppé effacé derrière un écran, spectateur des images qui ont marqué sa carrière. Un livre, deux phrases inachevées à compléter par l'invité : c'était l'autre trouvaille de ce début d'émission. Mais le flottement ayant suivi a tué l'effet escompté. Un "élément de suspense" qui s'est vite transformé en artifice. Gilles Bouleau s'est senti tout à coup bien seul, au milieu de cette immense plateau bleu, si bleu qu'on se croyait devant un after d'un match de l'Euro.
Le décor planté, l'interview pouvait commencer. Par un "nuage de mots", résultat d'une enquête d'opinion sur la personnalité d'Alain Juppé, qui va être décortiquée pendant plus de vingt minutes. Une éternité où le maire de Bordeaux ne dira rien qu'on ne sache déjà. A ce moment-là, on n'était pas loin du "Divan" de Marc-Olivier Fogiel sur France 3. Quelle curieuse idée de commencer une interview sur le passé de l'homme alors que les Français attendent de connaître quels seront ses projets pour 2017. "On ne va pas en permanence ressasser le passé", dira Juppé à 19h13. Trop tard. Et TF1 a sans doute perdu beaucoup de téléspectateurs pendant cette première partie. La deuxième sur ses idées et son projet sera plus concrète mais souvent technique et ennuyeuse.
La Une a du pain sur la planche pour revenir dans la course des formats politiques en vue de la présidentielle. Sur la forme, l'émission était plan-plan, sous-produite, avec peu d'images ou de séquences pour tenir le rythme. Pendant ce carrefour ultra-concurrentiel, TF1 ne peut pourtant pas se permettre d'avoir une offre politique aussi proche de celles, nombreuses, des radios et chaînes d'informations ! "Vie Politique" aurait eu toute sa place sur LCI. Il manquait incontestablement une Léa Salamé pour bousculer un Alain Juppé dans sa zone de confort pendant une heure, jamais mis en difficulté par ses intervieweurs. Pas une seule question ne lui a été posée sur la tuerie d'Orlando ou même les violences à Marseille. Lui-même attendra la fin de l'émission pour témoigner son soutien au peuple américain... sur Twitter ! Une émission en direct mais déconnectée de la réalité et de l'actualité. A l'image de la "Vie Politique" française...