Non, Emmanuel Macron ne tient pas de double discours sur la guerre en Ukraine suivant qu'il s'adresse à la presse française ou aux médias étrangers. Une séquence diffusée dans "Quotidien" vendredi 11 mars et vue des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux a néanmoins pu faire penser le contraire. À tel point que certains candidats à la présidentielle, à l'image d'Éric Zemmour et Marine Le Pen , se sont engouffrés dans la brèche. Un #MacronMenteur a été lancé sur les réseaux sociaux par leurs soutiens, affirmant qu'Emmanuel Macron chercherait, en résumé, à faire peur aux Français pour se faire confortablement réélire.
Dans les faits, "Quotidien" a diffusé, vendredi dernier, des images d'Emmanuel Macron face aux journalistes lors d'un point de presse au sommet européen de Versailles, le 10 mars. Yann Barthès a, dans ce contexte-là, repris deux déclarations du chef de l'État qui pouvaient apparaître contradictoires. Dans une première réponse en français, Emmanuel Macron affirmait être "inquiet et pessimiste" en ce qui concerne les négociations en cours avec Vladimir Poutine. Quelques instants plus tard, le président de la République, invité à répondre en anglais par la presse étrangère, semblait tenir un discours aux antipodes de sa première déclaration. "You know, i'm definitely optimistic" ("Vous savez, je suis définitivement optimiste"), a-t-il affirmé.
Devant un tel retentissement, la séquence diffusée vendredi est devenue virale, "CheckNews", rubrique de fact-checking de "Libération" a consacré tout un article à la question. Titré "Macron est-il 'pessimiste' avec les médias français et 'optimiste' avec les journalistes étrangers?", l'article retranscrit les déclarations intégrales d'Emmanuel Macron.
"Vous savez, je suis définitivement optimiste. Mais j'essaie également d'être réaliste. Je dois dire que nous sommes constamment engagés dans la discussion avec le président Poutine. A la toute dernière minute avant qu'il ne lance cette guerre et après qu'il a décidé de la lancer, nous avons essayé de rouvrir les négociations et d'obtenir un cessez-le-feu (...) Un cessez-le-feu et une négociation. Je ne vois pas ce cessez-le-feu devenir réaliste dans les prochaines heures. Pour être honnête avec vous. Ce cessez-le-feu ne me paraît pas réaliste dans les prochaines heures, pour être honnête avec vous." Aucun doute n'est donc possible, dans les deux langues, le fond du discours d'Emmanuel Macron est similaire.
Le chroniqueur de "Quotidien", Julien Bellver, est revenu, hier dans son "19h30 médias", "sur le 'gate' du week-end", comme il l'a lui-même surnommé. "'Pessimistic', 'optimistic', on dirait une chanson de Mylène Farmer. Mais rien à voir", a débuté, ironique, le chroniqueur.
"Visiblement, les Russes et l'extrême-droite française n'ont pas compris que cette séquence était du second degré, un raccourci volontaire. Qui peut croire que le président français donne, à quelques minutes d'intervalle, deux versions devant les mêmes caméras en fonction des médias auxquels il s'adresse (...) Bref, le président français utilise deux mots au sens opposé pour dire la même chose. C'est ce que l'on a voulu montrer vendredi au second degré", a développé ensuite Julien Bellver. "Par souci de clarté", le chroniqueur a donc lancé les deux séquences, en français et en anglais, dans la longueur. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.