L'ex-Bleu au ton cash ! Dans quelques jours, la Coupe du monde de football donnera son coup d'envoi au Qatar. A cette occasion, puremedias.com propose tout au long de la semaine une série d'entretiens, baptisée "La sélection de Puremédias". Plusieurs anciens joueurs de football ont accepté de se plier à l'exercice de l'interview afin d'évoquer le rendez-vous sportif, mais également donner leur vision du métier de consultant sportif.
Chroniqueur sur la chaîne L'Equipe durant la compétition, Vikash Dhorasoo est devenu un consultant incontournable des plateaux télévisés. Connu pour ses coups de gueule et ses engagements politiques, l'ancien milieu de terrain avait longtemps évolué au sein de l'Olympique lyonnais, où il a disputé 224 matchs, avant de jouer pour le Milan AC et le Paris Saint-Germain. En équipe de France depuis 1990 avec les moins de 18 ans, il fait partie de l'effectif qui avait atteint la finale de la Coupe du monde de 2006, aux côtés de Thierry Henry et Zinedine Zidane. Celui qui a été formé au club du Havre a accepté de s'entretenir avec puremedias.com.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde de football devant la télévision ?
Vikash Dhorasoo : Ca va être mon premier souvenir de football. C'est la Coupe du monde de 1982. J'ai 8 ans et demi. Je l'ai en grande partie regardé à l'Île Maurice, sur une petite télé. C'est mon oncle qui était venu me chercher en mobylette. Je me souviens de l'équipe du Brésil qui était complètement folle. C'était aussi la France qui perd face aux Allemands à Séville.
Quel est votre pire souvenir ?
C'est l'élimination du Brésil en 1982, quand j'y pense bien. Ca peut être aussi cette défaite de la France la même année. Mais également en 1986 ! On reperd face aux Allemands alors qu'on avait fait le plus dur en battant le Brésil en quart de finale.
"J'aimerais bien que la surprise vienne d'Afrique"
Quelle sera la nation surprise de cette Coupe du monde ?
J'espère que ce sera le Sénégal. J'adorerais qu'une équipe africaine atteigne les demi-finales. Cette équipe du Sénégal est championne d'Afrique, avec des joueurs incroyables. J'aimerais bien que la surprise vienne d'Afrique.
Quel joueur va faire rêver les téléspectateurs durant la compétition ?
On les connaît les joueurs incroyables. Il y a Messi qui joue sa dernière Coupe du monde... (silence) Elle est difficile cette question ! (rires) Du côté français, on aura l'oeil sur Mbappé et Benzema. Il y aura du beau monde.
Pensez-vous que l'équipe de France peut à nouveau gagner la Coupe du monde ?
Oui. Elle peut gagner. En 2018, on ne s'y attendait pas. Aujourd'hui, elle a un gros potentiel. Elle a encore un beau réservoir. L'équipe a beaucoup changé. Une Coupe, c'est long. Il faut avoir de l'expérience. La France est championne du monde, donc je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas encore favorite.
"J'ai tout fait, sauf gagner la Coupe du monde !"
En tant que consultant, comment préparez-vous cette Coupe du monde ?
Je n'ai pas besoin de me préparer spécialement. Moi, je regarde le foot. Je suis au courant de l'actualité. J'essaye de regarder le maximum de matchs. Je lis les journaux tous les jours pour avoir le maximum d'informations. Il y a des pays que je connais moins que d'autres. Je ne vais pas faire semblant. Je vais regarder le plus de matchs possible pendant la Coupe du monde. J'ai la chance de travailler à L'Equipe et à Canal+ Afrique. Ca me permet de voir beaucoup de matchs et de pouvoir en débattre.
Est-ce que votre expérience au sein de l'équipe de France et cette finale en 2006, sera un plus pour vous ?
Je ne sais pas si c'est un plus, mais c'est mon regard. C'est celui d'un ancien joueur de foot, qui a joué en équipe de France. J'ai fait de grandes compétitions. J'ai fait les qualifications et des grands tournois, tout au long de ma carrière. J'ai été avec les Espoirs, les Jeux olympiques, l'équipe de France militaire... Les choses changent et je ne suis pas avec le groupe de Didier Deschamps. Je ne vis pas avec eux, mais je peux m'imaginer ce qui peut se passer durant une compétition. J'ai tout fait, sauf gagner la Coupe du monde ! (rire) Je suis juste allé en finale !
"La presse ? On la sait dangereuse et possiblement méchante"
Avec toutes les problématiques autour du Qatar, est-ce plus difficile de se préparer à cet événement sportif ?
Pour moi, non. Tout ça m'intéresse beaucoup. On prend les sujets qui se présentent. Quand ce sont des sujets qui sont plus sensibles, parfois politiques et sociétaux, on doit en discuter. Il n'y a aucun problème pour moi. Et tant mieux ! Moi, je me prépare à parler de football et de tout ce qui se présente autour. On sait ce qui se passe. On est conscients. On est sensibilisés. Je suis prêt. J'avais même fait une tribune dans "Libération" ("Mondial au Qatar : footballeurs, nous aussi, on se lève et on se casse !", 24/09/22, ndlr) sur le Qatar. J'ai participé à un documentaire qui a été diffusé sur Public Sénat à ce sujet. Je vais intervenir dans d'autres émissions de débats ou dans des associations pour parler de ce qui se passe là-bas. Ca ne me pose aucun problème.
Un consultant a-t-il plus de liberté qu'un journaliste pour analyser le football ?
Je ne sais pas du tout. Moi, je suis un footballeur. Je sais ce qu'on attend de moi. Je ne sais pas si ça donne plus de liberté. Moi, je suis là pour défendre les footballeurs, même quand ils sont indéfendables. Et j'y arrive ! Même avec pas mal de mauvaise foi. (rires)
Quand vous étiez joueur, quelle était votre vision de la presse et des journalistes ?
(il réfléchit) On les sait dangereux. (silence) Dangereux et possiblement méchants. On était noté de manière très violente. C'était très difficile. Donc, on est méfiant.
Le fait d'aujourd'hui collaborer avec des médias, votre opinion a-t-elle changé concernant la presse ?
Non, pas du tout.
Vous estimez toujours que la presse est méchante ?
Nous, les footballeurs, on est très exposés et analysés. Je ne voudrais pas être à leur place aujourd'hui. Ce n'est pas la même période. Nous, à l'époque, tous les matchs n'étaient pas diffusés. C'est arrivé progressivement. Il n'y avait pas des talks tous les jours. Il n'y avait pas les réseaux sociaux. Il n'y avait pas autant de matchs proposés à la télévision.
"Je veux expliquer ce qu'ils vivent et comment c'est un métier qui peut aussi être difficile"
A la fin de votre carrière, est-ce que vous vous imaginiez devenir consultant ?
Non. Je n'imaginais pas ça. Je suis super content d'être à L'Equipe et à Canal. Sur la chaîne L'Equipe, je suis content de pouvoir représenter les footballeurs. Je ne suis pas le seul. Il y a plusieurs footballeurs sur cette antenne. J'essaye de donner à chaque fois mon point de vue d'anciens footballeurs. J'essaye toujours de les défendre et de me mettre à leur place. Je veux expliquer ce qu'ils vivent et comment c'est un métier qui peut aussi être difficile. Je sais qu'on est des privilégiés avec parfois de très bons salaires. Mais ça reste difficile.
Vous voyez encore être consultant durant plusieurs années ?
(rires) En tout cas, en ce moment, je m'amuse très bien. Je trouve que c'est super, que ce soit à "L'Equipe de Greg" ou à Canal. J'adore tous ces débats, car avec le foot, tout le monde peut avoir un avis et peut le donner. C'est rare que ce soit le cas. Je remarque que tous les avis se défendent. Moi, j'essaye simplement de donner mon avis et ça me plaît.