
Une intention qui interroge. Dans un tweet, sorti de nulle part et publié ce jeudi 2 mars 2023, le journaliste politique et rédacteur en chef de "Décideurs magazine", Lucas Jakubowicz, a affirmé que "la maison d'édition qui publie 'Astérix et Obélix' en anglais va retoucher les albums pour cacher sangliers rôtis et scènes de chasse, symboles de maltraitance animale pour certains". Et d'ajouter : "Elle juge également "problématique" le nanisme et l'obésité des deux héros", a-t-il écrit dans ce message, vu plus d'1,2 million de fois.
Une nouvelle suscitant l'indignation de nombreux députés issus des rangs du Rassemblement national, des Républicains et de Renaissance. "Mais faites-les taire !", s'est par exemple exclamé Julien Odoul, l'un des porte-paroles du parti de Marine Le Pen. Et reprise par de nombreux journalistes...

Problème : cette "information" est complètement fausse ! "Bien évidemment, il s'agit d'une farce, certainement en clin d'oeil à l'actualité. Les éditions Albert René et les éditeurs partenaires à l'international continueront de respecter l'oeuvre magistrale qu'est Astérix dont les valeurs universelles et l'humour sont intemporels", a réagi dans "Le Parisien" l'éditeur de la bande-dessinée.
L'auteur de ce "canular" s'est lui aussi expliqué dans les colonnes du quotidien francilien : "J'ai l'esprit taquin. Je fais un canular par an, mais toujours avant le 1er avril. Il y a deux ans, j'avais imaginé que des Mexicains attaquaient la marque Pepito pour appropriation culturelle... J'essaye d'être dans l'actualité et de trouver l'idée la plus crédible possible. Là, je suis étonné de voir à quel point, ça a marché... Des politiques et des confrères ont repris l'info, sans même vérifier. C'est finalement un peu triste", a-t-il assumé.
Et de compléter sur France Inter : "L'idée était d'utiliser l'humour pour dénoncer la censure des livres qui est un peu à la mode et le wokisme ambiant. C'était clairement indiqué qu'il s'agissait d'une blague", s'est-il justifié. Après son premier tweet, Lucas Jakubowicz avait répondu à un internaute qui souhaitait connaître l'origine de son "information". "La source ? Un certain Tullius D connu pour son éthique et sa fiabilité", avait plaisanté le journaliste. Un message malheureusement beaucoup moins viral.
De nombreux journalistes et professionnels des médias ont conspué la plaisanterie de Lucas Jakubowicz. "La frontière entre une blague et une fake news est parfois étroite. (Spoiler : c'est une blague qui s'est transformée en fake news)", a commenté, sur Twitter, le rédacteur en chef de BFM Business, Raphaël Grably.
"Qu'est ce que nous avons été, pour certains, bêtes, d'être tombés dans le panneau !", s'est désolé le directeur général de l'Ifop, Frédéric Dabi, sur Sud Radio hier. "Mais le panneau a l'air tellement crédible. On était prêt à croire quelque chose heureusement de faux mais qui sonnait terriblement vrai", a-t-il conclu en référence a la récente décision de l'éditeur anglais de Roald Dahl de changer certains mots pouvant être jugés offensants dans les rééditions de ses romans ("Charlie et la chocolaterie").