Factchecking du factchecking. Libération a décidé de vérifier les dires d'Elise Lucet face à Brice Hortefeux. Dans une vidéo mise en ligne lundi dernier, soit quelques heures avant la diffusion sur France 2 d'un nouveau numéro de "Cash Investigation" baptisé "Business de la peur", on pouvait voir la présentatrice du 13 Heures mettre en doute l'efficacité des caméras de surveillance face à l'ancien ministre de l'Intérieur.
La journaliste remettait ainsi en question une ancienne affirmation de Brice Hortefeux selon laquelle "la délinquance diminue deux fois plus vite dans les communes équipées de vidéosurveillance". Cette conclusion était tirée d''une étude de 2009 réalisée par les services du ministère, de la police, de la gendarmerie, et de l'inspection générale de l'administration.
"On a regardé cette étude avec beaucoup d'attention. On voit, et c'est très intéressant, j'avoue que j'ai été surprise, que le nombre d'agressions aux personnes augmente plus dans les villes les plus équipées de caméras de vidéosurveillance : +25,8% ! Ce qui va complètement à l'encontre de ce que vous nous dites jusqu'alors", avait alors lancé Elise Lucet à l'ancien ministre. Un brin pris de court, Brice Hortefeux n'avait alors pas caché son agacement et répondu : "Il n'y a pas tous les éléments. Je le démens. J'ai pas tout les rapports sous les mains trois ans après".
Libération dans sa rubrique "Désintox" s'est à son tour plongé dans ce rapport de 2009. Le quotidien conclut que l'affirmation de Brice Hortefeux est juste au regard de l'étude invoquée. La délinquance générale a ainsi baissé entre 2000 et 2008 de 13,5% dans les 49 villes équipées de caméras de surveillance prises en considération par l'étude. Elle n'a diminué que de 6,9% dans les agglomérations "non-équipées" sur la même période. Les conclusions sont similaires dans les zones de gendarmerie.
Mais Libération conteste aussi la présentation des faits d'Elise Lucet devant Brice Hortefeux. Le quotidien explique ainsi que le chiffre de +25,8% donné par la journaliste fait référence aux atteintes aux personnes dans les villes ayant une densité de caméra supérieure à 1 caméra pour 1000 habitants. Si le nombre d'agressions a bien davantage augmenté dans ces villes que dans celles ayant une densité de caméras plus faible (une pour 1000 à 2000 habitants) avec +14,3%, il augmente en revanche beaucoup moins dans ces villes très "vidéosurveillées" que dans les agglomérations ayant une densité de caméra encore plus faible (une pour plus de 2000 habitants) avec +44,8%.
Les atteintes aux personnes ont aussi plus fortement augmenté dans les villes n'ayant pas de caméra du tout (+40,5%). L'intervention d'Elise Lucet est ainsi jugée pour une fois "peu concluante" par le quotidien.
Mise à jour 17h16 : L'équipe de "Cash Investigation" a répondu à l'article de Libération sur son site internet.