"Ma main dans ta gueule", c'est ainsi que Riss titre son édito dans le prochain numéro de "Charlie Hebdo". Le journal satirique, par la plume de son directeur de la publication, prend la défense de Tex, qui s'est fait évincer de France 2 après une mauvaise blague prononcée sur C8. Dans "C'est que de la télé", le présentateur des "Z'amours" avait ironisé sur la violence faite aux femmes.
"Fini de rigoler, fini le second degré, fini l'humour noir. C'est ainsi. Par des juges invisibles tapis quelque part autour de vous, il a été décidé qu'il ne fallait plus rire en public avec ce genre d'humour. Aucun tribunal n'a prononcé de sentence, aucune loi n'a été violée, et, pourtant, le bourreau a fait son office et a coupé la tête du malheureux animateur", démarre Ris, expliquant que "le féminisme a bon dos" quand "on invoque la lutte contre les violences faites aux femmes pour justifier la sanction de cette blague cruelle."
Pour le caricaturiste, cette sanction est "inacceptable", car c'est par ce procédé "qu'on censure et qu'on interdit". "Ne faites pas de blagues sur la religion, car vous stigmatisez les croyants. Ne faites pas de blagues sur les petits enfants qui se font tripoter, car vous banalisez la chose. Ne faites pas de blagues sur les handicapés, car vous aggravez leur situation", poursuit-il, ajoutant : "C'est la théorie de l'huile sur le feu. Et si vous riez à une blague, vous contribuez à aggraver l'injustice que l'humour a eu l'audace de mettre en scène."
Il se désole qu'il "ne reste plus rien au rire après ça" : "Parce que le ressort de l'humour est précisément la transgression. On prend la liberté de rire avec quelque chose qui n'est pas drôle". De plus, Riss précise que "la première vertu de l'humour n'est pas de faire rire, mais de s'emparer d'une liberté que personne ne vous a accordée", soulignant qu'il "ne demande l'autorisation à personne" et qu'il "prend cette liberté" et "rit".
"Malheureusement, cette liberté n'a jamais été autant remise en cause. Il suffit de lire les réactions sur les réseaux sociaux dès qu'une blague ou un dessin déplaisent. Une armée de censeurs surgit de nulle part et vous envoie aussitôt à la potence. Menaces de mort, injures et maintenant licenciement", se désole-t-il, lâchant ensuite : "Tous ces braves gens s'imaginent investis d'une moralité exemplaire et sublime qui leur donnerait le droit de dire ce qui doit exister et ce qui ne doit pas exister."
Il conclut son édito en s'attaquant à "cette vague autoritariste", comprenant également des journaliste, des acteurs, des féministes et des "militants de tout poil". "La France ressemble de plus en plus à une classe de lèche-cul toujours prêts à moucharder pour faire se faire voir du maître. Une France de lâches, de corbeaux et de délateurs, qui croient défendre le bien, mais ne défendent que leur servilité", écrit-il, avant de terminer : "Qui ont la prétention d'oeuvrer pour un monde meilleur, mais ne font que le rendre plus stupide en l'infectant de leur propre bêtise."