Les séries de Canal+, c'était mieux avant ? C'est ce que pense en tout cas Abdel Raouf Dafri, le scénariste de "Braquo", série policière diffusée entre 2009 et 2016 sur la chaîne cryptée avec Jean-Hugues Anglade, dont il a signé l'intrigue des trois dernières saisons. Actuellement en pleine promotion de son premier long-métrage "Qu'un sang impur...", l'homme a été interrogé par "Allociné" sur le projet d'adaptation en série du film "Un prophète", dont il a également co-signé le scénario en 2009. Selon lui, "l'arche narrative est terminée. On a 10 épisodes, on a une première saison". Toute la question étant désormais de savoir "quelle est la chaîne ou la plateforme qui acceptera de signer".
Et selon toute vraisemblance, ce ne sera pas Canal+. Abdel Raouf Dafri juge en effet que depuis l'arrêt de "Braquo", aucune création originale de la chaîne ne s'est révélée à la hauteur. "Depuis 'Braquo' sur Canal, je n'ai pas encore vu de série qui attaque de manière frontale son sujet. En revanche, j'en vois beaucoup sur Netflix", pointe-t-il, même s'il convient que toutes les séries présentes sur le service américain ne sont pas "superbement réussies".
Il affirme en outre que l'arrêt de "Braquo" est dû à un changement de ligne éditoriale de Canal+. "Ca m'étonnerait que Canal+ signe pour la série ("Un prophète", ndlr). Ils édulcorent tout ce qu'ils touchent. Avec Braquo, j'ai été protégé, avec ce que j'ai pu faire sur la saison 2, l'Emmy Award obtenu... Donc j'ai pu faire ce que je voulais jusqu'à la saison 4. Après, tout devenait un problème : la violence, le langage trop cru, etc". "Vraiment, je suis attristé que Canal + ne fasse plus de séries innovantes, fortes, et je n'ai rien vu de bon depuis un moment", insiste Abdel Raouf Dafri en substance. "Pourtant, j'aimerais bien continuer à travailler avec Canal !", précise-t-il non sans contradiction.
La préférence du scénariste se tourne donc désormais vers les plateformes de SVOD, qui représentent l'avenir selon lui. "Il faut regarder le nombre d'abonnés en France de Netflix par rapport à celui de Canal+", rappelle Abdel Raouf Dafri, faisant référence à 2019, année durant laquelle Netflix a franchi le seuil symbolique des 5 millions d'abonnés en France, soit davantage que le nombre d'abonnés individuels de Canal+ (4,6 millions en juin 2019).
"Et si vous interrogez n'importe quel jeune dans la rue en lui demandant sur quelle chaîne il regarde ses séries, je suis sûr que pas un seul d'entre eux ne vous répondra Canal+. Ils vous diront Netflix, Amazon, streaming...". L'avis tranché de ce professionnel intervient quelques semaines seulement après que le "New York Times" a désigné les séries de Canal+ "Le bureau des légendes", toujours en cours de diffusion et "Les Revenants", comme faisant partie des 30 meilleures séries internationales de la décennie.