L'une des volte-face les plus étonnantes de ces dernières années. Evincé de Canal+ en novembre 2020, Sébastien Thoen y fait son grand retour en cette fin d'année 2023 en incarnant dans une fiction le nouveau patron de la chaîne, désigné par erreur suite à une faute de frappe. Pied de nez aux événements qu'il a vécu trois ans plus tôt, l'humoriste a néanmoins été sommé de s'expliquer sur ce retour tonitruant au micro de Célyne Baÿt-Darcourt sur franceinfo. D'autant que son éviction avait également entraîné le licenciement d'une trentaine de collaborateurs du service des sports du groupe l'ayant soutenu.
"De l'eau a coulé sous les ponts, moi on vient me voir on me dit 'écoute, ça te dirait de venir refaire des blagues' dans la maison où je suis resté 30 ans, où j'ai fait des choses que j'aurais jamais pu faire ailleurs", a justifié l'humoriste de 46 ans avant de présenter "Merci patron" au micro de la radio du service public. La journaliste média a souligné que le groupe Canal n'était plus le même que 30 ans auparavant. "Oui mais moi je m'en fous qui est à la DRH ou qui est à la compta. Comme vous, vous ne vous demandez pas qui est à la cantoche quand vous signez un truc ici", a rétorqué Sébastien Thoen.
Il raconte avoir surtout entendu dans les sollicitations de Maxime Saada , le patron du groupe Canal, "une volonté d'apaisement". "Maxime Saada (...) me dit : 'On a déconné il y a trois ans, là ça s'est calmé, revient, on va se marrer'. Et on me propose justement d'en plus faire 'Merci patron'", a-t-il encore détaillé. Sébastien Thoen a ensuite raconté que le patron du groupe audiovisuel détenu par Vincent Bolloré a reconnu que son licenciement avait été "mal géré". "Et puis on peut faire une erreur et se planter et le reconnaître, c'est pas grave, c'est humain", a-t-il concédé.
À ces mots, Salhia Brakhlia a rétorqué que cela pourrait ne pas être l'avis des 25 salariés licenciés de Canal+ pour avoir signé une pétition pour le soutenir après sa parodie de "L'heure des Pros". Une question qui n'a pas manqué de faire réagir l'humoriste. "Je me doutais que vous alliez m'en parler et vous avez raison, ça va buzzer. C'est bien, vous avez le sens du buzz à la radio". La journaliste indiquant qu'il s'agissait d'une vraie question, il a à son tour promis une "vraie réponse". "Moi évidemment, je ne suis pas très à l'aise par rapport à ça. Evidemment, quand c'est arrivé, il faut savoir qu'il y avait le plan social à Canal (...), il a commencé en 2015 pour X raisons, Canal+ se séparait des gens", a-t-il rembobiné.
S'il a précisé que ça ne minimisait pas les faits, il a déclaré avoir été "touché" par l'initiative spontanée de ses anciens collègues après son licenciement. "Depuis, je les ai tous rappelés quasiment. Ils ont tous rebondi, ils font tous autre chose. Stéphane Guy cartonne sur RMC, fait la Champion's League, Marie Portolano c'est encore une autre histoire, elle est sur 'Télématin', c'est génial...", a énuméré Sébastien Thoen.
Comprennent-ils et elles pour autant son retour ? Pas forcément, a estimé l'humoriste. "Je comprends, je l'entend, je ne suis pas complètement ouf. Derrière le punk incontrôlable, il y a aussi un coeur qui bat et je comprends. Il y a des gens qui m'ont dit 'écoute, tu es comme tout le monde, tu ne penses qu'à toi, fais-toi plaisir', d'autres qui m'ont dit 'je ne serais pas revenu, t'abuses', d'autres qui m'ont dit 'ben écoute, moi je suis parti mais depuis je revend des docs à Canal+', certains font autre chose. J'ai eu tous les sons de cloche mais c'est important d'en parler. Moi je ne fais pas le malin par rapport à ça même si comme tout le monde, je pense aussi à moi et je me dis que 3 ans après, on a tous rebondi, tant mieux". Il a encore estimé que si tous ses anciens collègues n'avaient pas été embauchés dans d'autres rédactions, il ne serait "pas revenu comme ça". "Même si moi, mon seul patron, c'est l'abonné et mon seul métier c'est de faire des blagues", a-t-il conclu sur le sujet dans la séquence que puremedias.com vous propose de réécouter.
Trois ans plus tôt, Sébastien Thoen avait été licencié de façon expéditive après un sketch parodiant l'émission "L'heure des pros" de Pascal Praud. Il avait ensuite été soutenu par plusieurs salariés du groupe, dont le journaliste Stéphane Guy. Une trentaine de personnes avait ensuite été évincée de la société après ce soutien public. Après son éviction du groupe, Sébastien Thoen n'avait pas retenu ses blagues acerbes contre le groupe Canal+ et notamment Vincent Bolloré, n'ayant pas peur de le nommer ouvertement. Il avait d'ailleurs consacré de nombreuses pages au riche patron de Vivendi dans son ouvrage "Chagrin d'humour", sorti en 2022.
Outre "Merci patron", l'humoriste incarnera aussi "L'agence tourisme", une série de documentaires touristico-rigolos, sur Canal+.