"On voit des choses que personne ne voit". Le 23 janvier dernier, au studio 128 de la Plaine Saint-Denis, c'était jour ou plus exactement soir d'enregistrement pour Faustine Bollaert et son émission "La boîte à secrets". En coulisses, l'oeil rivé sur un écran de télévision, les trois maquilleurs du programme n'ont pas perdu pas une miette de ce qui se déroulait sous leurs yeux. Il faut dire qu'ici, plus qu'ailleurs, les larmes sont fréquentes et les retouches maquillage indispensables. puremedias.com était dans les coulisses du numéro qui sera diffusé ce soir, à partir de 21h05, sur France 3.
Le concept du programme, une création française signée Capa et 13.34, est aussi simple qu'efficace. Trois personnalités, représentant trois générations différentes, sont réunies le temps d'une soirée auprès de Faustine Bollaert pour ouvrir une boîte disposée devant eux, qui contient un objet ayant une signification particulière. Après avoir expliqué l'histoire autour de cet objet, ils assistent à une surprise en live, le plus souvent avec l'intervention de proches.
Les larmes ne sont donc jamais bien loin, même si l'animatrice se défend d'animer un programme uniquement lacrymal. "La première émission était très émouvante (avec un Marc Lavoine abasourdi par la surprise d'Enrico Macias, ndlr), on a eu presque trop de larmes. Ce que j'aime, c'est passer par toutes les émotions : rigoler, pleurer et avoir des moments suspendus", résume l'animatrice depuis sa loge, une fois l'enregistrement terminé et la pression retombée.
Débuté à 19h, le tournage s'est conclu à l'heure prévue, c'est-à-dire à 22h30. Faustine Bollaert était présente dès le milieu de la journée pour les répétitions, tandis que les invités sont arrivés dans les studios de la Plaine Saint Denis vers 17h et placés dans des loges séparées pour éviter de tomber sur des proches venus leur faire une surprise.
Ici, le plateau est moins intimiste que dans "Ca commence aujourd'hui", l'émission quotidienne qu'elle anime sur France 2. Il est taillé pour une programmation en prime time, ce qui oblige Faustine Bollaert à s'adonner à une vraie gymnastique intellectuelle pour "gérer le public, le gros barnum, les admirateurs des personnalités parfois expansifs et la réaction des personnalités aux émotions de chacun". Si le tournage de "La boîte à secrets" se déroule dans les conditions du direct, les pauses, nécessaires pour des raisons techniques - y compris pour les fameuses retouches maquillage - sont les plus courtes possibles. "La pause doit être extrêmement courte parce qu'il ne faut pas sortir de l'ambiance de l'émotion", explique Faustine Bollaert.
Pour ce quatrième numéro, Mimie Mathy, Olivier Minne et Sheila ont accepté de se prêter au jeu, avec de jolis moments d'émotion, comme une demande en mariage renouvelée pour une des personnalités. Olivier Minne avoue avoir hésité à participer à l'émission. "Je n'aime pas parler de moi. Je pense que c'est un sujet sans intérêt aucun et je continue à le penser", livre à chaud et en toute modestie celui qui se révèle très émotif dans le programme.
Pour Mimie Mathy qui a, quelques semaines auparavant, participé sur TF1 à "La chanson secrète", création française basée elle aussi sur le concept de surprise, les deux offres diffèrent dans leur mécanique. "Là, on a le temps. En plus, 'La chanson secrète', c'est très court parce qu'on est huit par émission. Ici, on n'est que trois et on est tout le temps ensemble donc c'est très agréable de partager la vie et la boîte à secrets des autres", constate l'ange gardien de la première chaîne. Faustine Bollaert a d'ailleurs apprécié l'investissement de la comédienne. "J'ai vu Mimie Mathy pleurer quand Olivier Minne pleurait. Elle est très généreuse avec les autres", souligne l'animatrice.
En matière d'invités, Faustine Bollaert a eu maille à partir avec l'un d'entre eux dès le deuxième numéro, diffusé en décembre dernier sur France 3 : Florent Pagny. L'interprète de "Ma liberté de penser" s'est révélé peu réceptif aux surprises organisées en son honneur, avec parfois des commentaires désabusés. Un peu gênant quand on sait que chaque numéro nécessite pas moins de deux mois de préparation et que les équipes menées par Jean-Philippe Lemonnier, Fanchon Giorda et Marlène Motto, les producteurs artistiques, s'assurent en amont que les personnalités prévues sont d'accord pour se retrouver ensemble sur un même plateau. "C'était très compliqué. Il n'avait pas envie, il était plus fermé, se souvient Faustine Bollaert à propos de Florent Pagny. J'ai besoin d'être entourée d'ondes positives. On donne une telle énergie dans la préparation de cette émission...". Mais l'animatrice n'a rien lâché et le fiasco a été évité de justesse. "Au final, il était hyper content", estime-t-elle.
Le producteur Jean-Philippe Lemonnier ne dit pas le contraire. "C'était le plus dur, mais il est reparti heureux et conquis", nous explique-t-il. A en croire l'homme à la tête de 13.34 Productions, si la programmation des deux premières émissions a été un "cauchemar", puisque nombre de stars ont été rétives à s'aventurer en terrain inconnu, le ciel s'est à présent éclairci. "Pour le manager de Slimane par exemple, il y a eu un avant et un après cette émission. De nombreuses personnes qui ne le connaissaient pas l'ont découvert. On a désormais 12 personnalités qui ont aimé faire l'émission et qui n'hésitent pas à le dire", se réjouit le professionnel. Selon lui, une dizaine d'autres stars ont montré leur intérêt pour participer à de futurs numéros, parmi lesquelles Patrick Bruel ou Muriel Robin. "On adorerait avoir des sportifs, Didier Deschamps par exemple. Des politiques aussi peut-être", se prend à rêver la productrice Fanchon Giorda.
Reste la sanction de l'audience, pour l'heure préoccupante avec une moyenne de seulement 1,50 million de téléspectateurs pour 7,8% de part de marché selon Médiamétrie pour les trois numéros déjà diffusés. "C'est vraiment le village gaulois France 3 le vendredi soir, tient à rappeler Jean-Philippe Lemonnier en référence à cette case réputée difficile. On était un peu déçus du deuxième score mais ça va s'installer petit à petit". Et de résumer : "On n'installe pas quelque chose en quatre numéros. On a la confiance de France Télé. 'Plus belle la vie' ne serait pas là si on ne lui avait pas laissé du temps, tout comme 'Star Academy'". Signe de l'intérêt suscité par "La boîte à secrets" : les droits d'adaptation de cette création française ont été vendus dans six pays européens.
"C'est une émission qui véhicule de belles valeurs et je pense que c'est exactement ce que les gens viennent chercher à la télévision aujourd'hui", abonde Faustine Bollaert. "On a l'impression tout d'un coup d'être quelqu'un d'absolument merveilleux. Ce serait drôle d'ailleurs qu'ils fassent un truc où on ne parle que des points noirs de la personne !", s'amuse Olivier Minne.
Et si Jarry était le patron des programmes de France Télévisions, l'avenir de "La boîte à secrets" serait assuré. En effet, invité du numéro diffusé le 7 février dernier, il avait fait une véritable déclaration d'amour au concept même de l'émission. "Il faut que ce genre d'émission continue parce que tout ce qui nous fait du bien est là. On va sortir du plateau et on va appeler les gens qu'on aime pour leur dire qu'on les aime. Merci et n'arrêtez pas !", s'était-il exclamé avec l'enthousiasme qui le caractérise.