Déception. Ce soir, à 21h, France 2 donnera le coup d'envoi de la diffusion du "Chalet", sa nouvelle série en 6x52 minutes portée par Nicolas Gob, Thierry Godard et une ribambelle de comédiens peu connus du grand public. Appartenant au genre très peu exploré à la télévision française du "slasher", la série se déroule à huis clos dans le petit hameau alpin de Valmoline, où treize copains décident de passer quelques jours dans un chalet avant le mariage de deux d'entre eux. Problème, la petite bande et les six habitants de Valmoline vont se retrouver coupés du monde et décimés les uns après les autres.
À cette intrigue de base qui se déroule à l'été 2017, s'en ajoute une seconde située, elle, en 1997. C'est à cette époque que la famille Rodier, deux parents et leurs deux enfants, s'installent dans le "Chalet des Glaces" - le même qui accueillera la bande de copains vingt ans plus tard - avant de disparaître mystérieusement. Mais c'est dans une troisième temporalité, postérieure aux événements de 1997 et 2017 que s'ouvre la série avec le rapport d'expertise psychiatrique auquel est soumis Sébastien Genesta, l'un des treize copains de la bande, que l'on suppose donc incriminé du meurtre de ses petits camarades.
Et si ce n'est déjà pas facile à suivre sur le papier, c'est encore pire à l'écran ! Le premier épisode souffre d'un gros manque de rythme et navigue maladroitement entre les époques. La présence d'une indication temporelle à l'écran, rajoutée a posteriori au montage par la production sur demande de France 2, permet à peine de s'y retrouver. La petite foule de personnages présents, dont certains évoluent sur les deux époques, n'arrange évidemment rien, ce qui fait que le moindre manque d'attention de la part du téléspectateur risque au mieux d'achever de le perdre et au pire de lui passer l'envie de poursuivre son visionnage.
Cette entrée en matière pour le moins délicate risque d'ailleurs d'être problématique pour France 2 et il sera intéressant de regarder la courbe d'audience demain matin, nombre de téléspectateurs risquant de fuir dès le premier épisode. La chaîne semble d'ailleurs consciente du problème puisqu'elle a demandé à la production de revoir sa copie afin de donner davantage de clés de compréhension aux téléspectateurs. "C'est un pari audacieux mais nous sommes peut-être allés trop loin" reconnaît d'ailleurs Fanny Rondeau, patronne de la fiction de France 2 dans les colonnes du "Parisien".
Aux problèmes de rythme et d'écriture, s'ajoutent quelques invraisemblances dans l'intrigue et une mise en scène des meurtres qui est franchement ratée voire complètement grotesque. Si la série tend quelque peu à se bonifier en se rapprochant de son final, celui-ci laisse perplexe et la sensation d'étouffement recherchée est quasi-inexistante. Quelques bons points sont toutefois à souligner, dont un univers sonore très réussi, une ambiance montagne parfaitement restituée et quelques personnages intéressants. Sur le papier, "Le Chalet" avait pourtant tout pour être une complète et audacieuse réussite. Mais, si le compte n'y est pas, France 2 a au moins le mérite de la prise de risque.