Altice et "Libération" se séparent. Selon une information de "L'Obs" confirmée par l'AFP, le quotidien va quitter le giron du groupe de Patrick Drahi. "Libé" va au passage changer de structure juridique pour devenir une société à but non lucratif, un dispositif inédit pour un quotidien en France. Concrètement, Altice France va créer un Fonds de dotation pour une presse indépendante, qui acquerra, via une filiale (Presse Indépendante SAS) le journal, sa régie et sa société de développement technologique
"Cette nouvelle structure garantit à 'Libération' sa totale indépendance éditoriale, économique et financière". vante un courriel interne de la direction d'Altice. Elle sera "présentée aux instances représentatives du personnel" et déclenchera l'ouverture de la clause de cession, précise le document. "Les droits actuels de la rédaction seront intégralement maintenus et garantis", ajoute le texte, tandis qu'Altice s'engage à "doter substantiellement ce Fonds de dotation pour permettre à 'Libération' de rembourser l'intégralité de ses dettes mais aussi de lui donner, progressivement, les moyens nécessaires au financement de son exploitation future et ainsi garantir son indépendance à long terme". Les dettes du quotidien sont estimées à une quarantaine de millions d'euros.
Selon "L'Obs", le directeur de la rédaction, Laurent Joffrin, quittera par ailleurs ses fonctions à la fin de l'année mais restera le principal éditorialiste du journal. Il continuera aussi d'incarner le quotidien sur les plateaux télévisés, notamment dans "L'heure des pros" sur CNews dont il est un invité régulier.
"Libération" avait intégré le giron d'Altice en 2014. Le quotidien était le dernier titre de presse encore au sein du groupe telecom après le départ de "L'Express" l'an dernier, hebdomadaire devenu la propriété à titre personnel du patron d'Altice France, Alain Weill. En matière de médias, Altice est désormais recentré sur l'audiovisuel avec notamment la propriété des chaînes BFMTV et du bouquet RMC.