Cap sur la publicité pour "Libération". Lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes médias (AJM), Denis Olivennes, le directeur général du journal, a dévoilé sa stratégie pour relever un titre de presse ayant perdu près de 12 millions d'euros en 2020.
Parmi ses principaux chantiers, l'accroissement des revenus tirés de la publicité. Selon Denis Olivennes, ils ne représentent que "10% du chiffre d'affaires" de "Libération", contre 25 à 40% pour des quotidiens comparables. Le directeur général de "Libé" compte notamment sur l'aménagement de la charte publicitaire du titre de presse et le développement de trois types de contenus : la publicité classique, les partenariats produits par la rédaction et les contenus sponsorisés auxquels la rédaction n'aura pas participé.
Côté coulisses, "Libération" compte par ailleurs créé sa propre régie publicitaire avec 7 commerciaux venus de l'ancienne maison-mère Altice, qui s'occupait jusque-là de cette activité. Denis Olivenne a profité de l'occasion pour annoncer le débauchage de Christophe Blond du quotidien gratuit "20 minutes" pour chapeauter l'ensemble. Concernant la pub sur le numérique, le patron du journal a par ailleurs confirmé son choix de confier l'activité de programmatique à Prisma Media.
Au cours de cette rencontre avec la presse spécialisée, l'ex-cadre de Lagardère a plus généralement affirmé une nouvelle ambition pour le journal. Il a ainsi confirmé son intention de voir le quotidien retrouver le chemin de l'équilibre d'ici la fin de l'année 2023, alors qu'il a perdu "8 à 9 millions d'euros par an" ces dernières années, et même 12 millions d'euros en 2020, sous l'effet conjugué de la crise Presstalis et de l'épidémie de Covid.
Outre la publicité, Denis Olivennes compte aussi redresser "Libé" en accroissant sa diffusion en print, et surtout sur le numérique. "Nous sommes passés de 20.000 à 50.000 abonnés numériques en 2020, et nous continuons de viser les 110.000 pour 2023, soit une croissance de 20.000 abonnés par an que l'accord de modernisation passé avec Google va nous aider à atteindre", a-t-il précisé. Refusant de confirmer le montant de 3 millions d'euros adossé à cet accord avec le géant américain, Denis Olivenne a aussi rappelé l'acquisition récente par "Libé" de la plateforme Arc Publishing du "Washington Post", un autre outil censé lui permettre de décoller sur le numérique.
Si elle veut réduire les "frais fixes" du journal, notamment les loyers, la direction de "Libération" promet d'investir dans sa rédaction. Dov Alfon, son nouveau patron en provenance du quotidien israélien "Haaretz", a ainsi annoncé que le nombre d'enquêtes publiées par "Libération" allait augmenter, tout comme la couverture des sujets autour de l'Education et de la Culture. Pour ce faire, la hausse des effectifs de la rédaction - elle a gagné 15 postes entre 2019 et 2021 - devrait se poursuivre dans les mois qui viennent. "Libé" compte actuellement près de 180 journalistes.