Pas facile d'écrire une comédie... OCS Max lance ce soir à 20h40 une nouvelle série "OCS Signature". Ce label qui permet de développer des séries françaises de 26 minutes vise à atteindre, selon la présentation officielle qui en est faite, trois objectifs : "des sujets originaux, une liberté créative et une vraie exigence artistique". Le lancement de "Mike", série produite par Kabotine et co-créée par le comédien et humoriste Max Boublil et Frédéric Hazan (ex-auteur des "Guignols de l'info") répond-elle à ces trois exigences ? puremedias.com a pu visionner en avant-première les 12 épisodes qui composent cette première saison.
Premier constat, pour le sujet original, il faudra repasser. "Mike" suit en effet le héros du même nom, incarné par Max Boublil, un chanteur qui a connu son heure de gloire au début des années 2000 grâce à un tube mais qui connaît depuis de nombreuses années un trou d'air.
Le trentenaire immature vit avec son ex-régisseur Franck (Frédéric Hazan) devenu son manager et reçoit de temps en temps sa fille Liv (Liona Bordonaro), 11 ans, sorte de Daria des temps modernes qui observe le monde et le comportement immature de son père d'un air désabusé. Mike vit mal le fait que Caroline (Gwendolyn Gourvenec), sa future ex-femme qu'il a trompée avec une autre, se soit mise en couple avec une autre femme, Juliette (Lilou Fogli). Il entend tout faire pour la reconquérir, quitte à faire passer sa carrière musicale au second plan. Mais l'histoire finit bien vite par tourner en rond.
Pour la "liberté créative" vantée par OCS Signature, force est de constater que le label a donné carte blanche à Max Boublil et Frédéric Hazan. Sexualité, religion ou racisme font partie des sujets traités. Une liberté dont les deux auteurs ont usé et même abusé. "Mike" ne s'interdit en effet aucun sujet mais les traite avec un tel dilettantisme que cela en devient parfois gênant. L'homosexualité, féminine comme masculine, est ainsi traitée sous le prisme de la comédie de boulevard, avec des tromperies dans tous les sens.
Le pire est atteint quand "Mike" verse dans la vulgarité. On pense à cette scène au cours de laquelle un producteur de musique cite un discours du général De Gaulle pour se motiver pendant l'acte sexuel, avant de s'exclamer "Et vive la République et vive la France !" au moment de jouir...
Enfin, la "vraie exigence artistique" n'est pas au rendez-vous, avec une mise en scène paresseuse (les quelques scènes de bagarre sont ridicules), des situations prévisibles qui fonctionnent toutes selon le diptyque "tout commence bien/tout dérape" et des personnages qui manquent cruellement de profondeur.
Seuls les guests parviennent à redresser la barre d'un navire ayant tendance à tanguer dangereusement. Au fil des épisodes de "Mike" apparaissent François Rollin, les chanteurs Sinclair et Philippe Katerine dans des rôles décalés réussis, tout comme ceux de Richard Berry et Claire Nadeau (la Mamie Suze des "Tuche") qui campent les parents du héros incarné par Max Boublil. En revanche, Bruno Lochet, l'ancien de la troupe des Deschiens, qui apparaît dès le 3e épisode et gagne en importance au fil de l'intrigue, déçoit dans le rôle de l'idiot du village.
Heureusement, les 12 épisodes - OCS Max les diffuse au rythme de deux tous les jeudis soir et l'intégralité de la saison est disponible sur sa plate-forme de replay - passent assez vite. On l'aura compris, dans un contexte où l'exigence du public à l'égard des séries françaises a été revu à la hausse, "Mike" déçoit. Dans un registre comparable et toujours sous le label OCS Signature, une série comme "Irresponsable", qui met en scène un héros immature dans la même tranche d'âge que Mike est autrement plus réussie et jubilatoire.