Un jeune sur trois prêt à voter FN. Le parti frontiste est le premier de France sur les moins de 25 ans et le recrutement de jeunes pousses. Le FNJ (Front National Jeunesse) compterait plus de 25.000 adhérents. Cette "nouvelle génération FN", C8 a voulu aller à sa rencontre, la filmer, pour comprendre comment Marine Le Pen parvenait à attirer autant de jeunes à l'heure ou la plupart se désintéressent de la politique et de la vie publique. Mais le parti, allergique aux médias, n'a jamais donné suite aux demandes de tournage. La chaîne a donc décidé d'infiltrer le FNJ des Alpes Maritimes, fédération très active dans le recrutement de ces "nouveaux talents".
Quentin, un jeune journaliste, s'invite à une réunion pour grossir les rangs du FNJ régional. Il est reçu, sa caméra dissimulée. Ils sont nombreux comme lui à vouloir prêter main forte à quelques semaines de la présidentielle. A 23 ans, il est le plus vieux ce jour là. Chargé de son intronisation dans les rangs frontistes, Bryan Masson, 20 ans, secrétaire départemental du FNJ, encarté depuis qu'il a 15 ans. Ultra-motivé, en première ligne, de formation prestigieuse, il est l'un des grands espoirs du parti. On l'a récemment vu dans "Premier Vote", une série documentaire de France 3 sur les jeunes engagés en politique.
Sur un petit marché de Nice, Bryan accompagne Quentin, le journaliste masqué, et les autres militants. Il faut tracter, vendre Marine pour la présidentielle. Ils suivent les consignes du parti à la lettre, le nom Le Pen n'est jamais prononcé. "Ca rappelle Jean-Marie. Marine, ça fait plus moderne", explique Bryan à ses jeunes recrues. Ces jeunes garçons sont bien accueillis dans ce quartier pauvre de la ville. Encouragés. "On est foutus ! Moi je dis les étrangers, chez eux !", lâche un visiteur de ce marché où le PS et Les Républicains ne vont plus.
Ce discours radical des sympathisants ne colle pas vraiment au FN new look, ripoliné par Marine Le Pen en vue de la présidentielle. Mais Bryan ignore qu'une caméra filme ces indésirables. Quand deux journalistes étrangers sont là (un allemand, un japonais) pour tourner un sujet sur le FNJ, le discours de ces néo-militants fois ne varie pas. "Je suis un peu raciste", euphémise l'un d'eux, avant de tenir des propos homophobes à l'endroit de Florian Philippot. Crispation de Bryan qui lui demande de se taire, tente de négocier une coupe avec les reporters.
"C'est pas grave, ce sera pas diffusé chez nous. En France, on serait morts", se rassure un jeune frontiste. C'était sans compter sur la caméra dissimulée de C8. Ce militant un peu trop sincère ne sera jamais rappelé pour tracter ou animer le mouvement. Trop dangereux dans l'opération publique de dédiabolisation du parti opérée par "Marine". Trois militantes historiques qui posent problème seront même sorties manu militari de la permanence par Bryan dans une scène d'une violence inouïe. "Il n'y a pas de méthode douce, vous prenez vos affaires et vous partez. Vous dégagez !".
Le documentaire de C8 bascule quand il s'intéresse aux liens encore très forts entre les nouveaux jeunes adhérents et les ex-militants du bloc identitaire. Parmi eux, le très sulfureux Philippe Vardon, adepte de la théorie du grand remplacement, aujourd'hui conseiller régional en PACA. "C'est un super chef", le présente Bryan à Quentin. Le jeune journaliste dont tout le monde ignore la vraie identité est embarqué dans plusieurs soirées FNJ à Lyon. La première est soft, "avec que des tapettes, des chochottes", la seconde plus radicale, au bar "La Traboule", à Lyon, QG du bloc. Derrière le bar, une photo dédicacée de Marine Le Pen.
Bryan porte un bracelet rouge, signe de ralliement à cette mouvance extrémiste qui prône la "remigration" (renvoyer les étranger dans leurs pays). C'est le double visage de Bryan. Respectable devant les caméras (sur France 5, la semaine dernière, notre photo), incarnant le nouveau FN fréquentable. Lui aussi avait son "double maléfique" sur Twitter, avant de fermer son compte qui aimait retweeter Renaud Camus. Cette jeunesse du Front National, parfois radicale et sans filtre, n'apparaît jamais comme telle dans les médias. C8 entre-ouvre ce soir les portes de ses coulisses toujours aussi nauséabondes.
"La face cachée du Front National"
Ce soir à 21h sur C8.