Un tournage mal préparé. Des erreurs de pilotage. Et des détails sur les conditions d'organisation du vol des hélicoptères. C'est ce qu'on trouve dans le rapport d'enquête que le JIAAC argentin a rendu hier sur la collision entre deux hélicoptères survenue en Argentine lors du tournage de "Dropped", le jeu d'aventure de TF1. Les familles des victimes ont été conviées hier par son équivalent français, le Bureau d'enquêtes et d'analyse français, pour prendre connaissance de ses conclusions.
"C à vous" a invité hier sur son plateau la mère d'une des victimes, membre de l'équipe de tournage, qui était présente à cette réunion. Benedicte Mei explique que "le rapport pointe une certaine désorganisation du tournage lui-même, c'est à dire que ça s'est décidé tout à fait au dernier moment puisque la veille ils ont demandé un deuxième hélicoptère pour faire ce vol qui devait durer 4 minutes. L'objectif de ce vol était qu'un hélicoptère filme l'autre hélicoptère dans lequel il y avait les candidats."
"Le vol devait se produire en début d'après-midi, ça été reporté de deux heures donc ils sont partis à 17h heure locale parce qu'il y avait des nuages dans le ciel donc ça gênait les prises de vues. Il faut savoir qu'en Argentine, à cette époque là, le soleil se couche à 18h30 et qu'à 19h, il fait nuit noire (...) donc il y avait une certaine précipitation", raconte Bénédicte Mei. "Nous avons posé la question 'Y a-t-il un plan de vol ?' En Argentine, ils nous ont dit 'Si, si, on a un truc' et ils nous ont sorti un papier. Il y avait juste deux traits, un rouge, un bleu. Un dessin d'enfant" ajoute-t-elle.
"Il y a quand même plusieurs difficultés qui sont un, la basse altitude donc ça requiert beaucoup d'attention des pilotes ; ensuite le fait que dans un des hélicoptères il y avait un caméraman qui était debout la porte grande ouverte pour pouvoir filmer et ça génère beaucoup de bruit, beaucoup de distraction. (...) Les deux pilotes n'avaient jamais volé ensemble. Ont-ils fait des formations pour voler en formation ? Ils ont cherché, ils n'ont pas trouvé. Ils ont conclu à une impréparation du vol", dit-elle encore, mettant en avant des tournages organisés de façon totalement désinvolte.
Bénédicte Mei, qui s'est portée partie civile au lendemain de l'accident, s'est également penchée sur les enquêtes en cours et les différents rapports et a découvert qu'il y avait déjà eu un problème d'hélicoptère sur le même tournage la semaine précédente. "Ca a été raconté par plusieurs membres de l'équipe. Un hélicoptère a eu un problème pour atterrir. Il avait failli se crasher donc il était reparti. A l'issue de ça, ils avaient décidé d'être plus vigilants, c'est la raison pour laquelle ils avaient embauché un pilote qui avait 6.600 heures de vol. Il ne suffit pas d'avoir un pilote expérimenté. Dans le rapport, vous voyez qu'ils étaient beaucoup trop près l'un de l'autre, c'était un vol trop rapide, la vision était complètement entamée, donc ils n'ont même pas pu avoir des situations d'évitement. (...) Ils ne se sont même pas vus se rentrer l'un dans l'autre."
Désormais, les familles attendent les résultats des enquêtes pénales actuellement en cours, à la fois en France et en Argentine. Ce sont elles qui détermineront les responsabilités des différents protagonistes. puremedias.com vous propose de revoir ce témoignage.