Les médias en font-ils trop avec les diverses affaires gravitant autour de Pierre Palmade ? Depuis l'accident de l'humoriste le vendredi 10 février, les chaînes d'informations et sites d'actualité - sans oublier les radios - tournent en boucle sur le sujet. Son cas "inonde les médias", comme l'a relevé Cyril Lacarrière dans sa chronique sur France Inter. Le journaliste souligne que quasiment 20.000 articles ou chroniques consacrées ont été fait diffusés ces dix derniers jours. Des données obtenues grâce à l'agrégateur Tagaday.
Avec environ 2.000 articles quotidiens à ce sujet, c'est autant de bruit que "la couverture médiatique quotidienne de Vladimir Poutine au 1er semestre 2022 (au départ de la guerre en Ukraine; ndlr) ou sur un autre registre, deux fois plus que celle de Kylian Mbappé durant la Coupe du monde", souligne France Inter. Rien que ça.
Pourquoi une telle course à l'échalote ? Comme souvent, la raison est financière. Les médias remarquent que le sujet intéresse les Français. Un intérêt qui se transforme en trafic, puis en audience et en abonnements. Soit autant de revenus supplémentaires. Au "Parisien", par exemple, "l'audience numérique sur la semaine du 13 au 19 février" a augmenté de 50%, explique un porte-parole.
Chez BFMTV, qui enchaîne les interviews, informations exclusives et directs, le sujet tire l'audience vers le haut. Via le petit écran, la chaîne capte 3,3% de l'audience globale sur cette même semaine. À titre de comparaison, sur l'ensemble du mois de janvier 2023, la chaîne d'information en continu accaparait 2,7% de l'audience sur les 4 ans et plus. Sans oublier que sur le digital, la chaîne de Marc-Olivier Fogiel a décompté 29,4 millions de visites, leur "meilleure semaine depuis février 2022". Sa rivale, CNews, a été légèrement portée par l'affaire, avec 2,2% de part d'audience (+0,1%).
Les Français se sont donc passionnés pour cette "Affaire Palmade". Ou plutôt, ces affaires, puisque ce qui était à l'origine un simple faits-divers, un accident de voiture, s'est transformé en histoire où volets légaux se mêlent à des témoignages intimes. Pour Virginie Spies, spécialiste des médias et enseignante chercheuse à l'université d'Avignon, tous les éléments ont été réunis pour créer un "feuilleton du réel".
"C'est une affaire qui a tous les ingrédients de ce qu'on appelle la feuilletonnisation : Un accident qui concerne une personne connue, la fuite des protagonistes, des informations qui arrivent au fur et à mesure, des révélations quotidiennes", liste l'experte. Au final, le grand public a "l'impression de vivre cette affaire à chaque instant". D'où son intérêt marqué.
Les médias audiovisuels, chaînes d'informations en continu d'abord, ont créé les trois-quarts des contenus. "C'est le caractère de l'info en continu qui permet cela, avec les différents spécialistes des chaînes, les invités... L'info en continu a ici une 'histoire' qui se raconte dans un 'quasi direct', conclut Virginie Spies. À savoir s'ils en font trop, l'avis revient aux téléspectateurs...