La direction de TF1 a "forcément raté quelque chose" au sujet de Patrick Poivre d'Arvor, figure emblématique de la chaîne, désormais mis en examen pour viol. C'est ce qu'a reconnu ce jeudi 7 novembre Robert Namias, l'ancien directeur de l'information de TF1, devant la commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel, relate l'AFP. "Le contexte n'était pas le même", a-t-il expliqué en référence aux époques précédentes, "mais malgré tout, on a raté quelque chose". Sous serment, l'ex-dirigeant a assuré qu'il n'aurait jamais imaginé "un instant qu'il puisse y avoir de tels crimes commis à TF1".
Pour Robert Namias, ces accusations ont ouvert "une énorme blessure". Certaines victimes affirment que la direction de TF1 aurait protégé PPDA, une figure incontournable de l’antenne pendant plus de deux décennies. La députée Estelle Youssouffa, du groupe Liot et ancienne journaliste à LCI, chaîne appartenant au même groupe, a souligné que "le harcèlement (de la part de PPDA) était parfaitement connu". Un commentaire qui sous-entend que les comportements du visage de la chaîne étaient de notoriété publique au sein de l’entreprise, mais n'ont jamais été sanctionnés.
Ces déclarations interviennent alors que des révélations ont éclaté à partir de novembre 2021, après un livre puis une plainte de l’autrice Florence Porcel, qui accuse PPDA de l’avoir violée à deux reprises. Des accusations qui ont mené à la mise en examen de l’ancien présentateur en décembre 2023 pour l'un des viols présumés. De nombreux témoignages d’anciennes collaboratrices avaient ensuite fait surface, accusant l'ex-présentateur vedette des journaux télévisés de TF1 de viols et de harcèlement.
Au total, plus de 40 femmes ont porté plainte contre le journaliste, aujourd’hui âgé de 77 ans, pour des faits présumés de viols et d'agressions sexuelles, qu'il continue de nier. Robert Namias a précisé que les accusations à l’encontre de PPDA concerneraient "70-80" femmes, bien que la majorité de ces témoignages n'émanent pas de collaboratrices directes de TF1, et que les incidents rapportés auraient souvent eu lieu en dehors de la chaîne. "Je n'ai jamais été informé de rien", a-t-il affirmé. Et de poursuivre : "Si nous avions eu la moindre conviction, il aurait dû quitter l'entreprise immédiatement".
Pourtant, une première plainte pour viol avait été déposée en 2005, et les bureaux de TF1 avaient été perquisitionnés. Une perquisition qui avait entraîné une visite de la police dans le bureau de Patrick Poivre d'Arvor à TF1. Interrogé à ce sujet, Robert Namias déclare n'en avoir eu "aucune connaissance". Cette plainte, révélée par "Le Monde" en octobre dernier, avait été déposée par Caroline Merlet, âgée de 29 ans à l’époque, après sa venue sur le plateau du journal télévisé. L'enquête fut rapidement classée sans suite, et PPDA avait alors été interrogé par la police judiciaire des Hauts-de-Seine, selon l'AFP.
Concernant des signalements de harcèlement, le dirigeant a affirmé ne pas en avoir reçu de la part de ses équipes. Néanmoins, il a reconnu que "dans les années 80-90 voire 2000, on n'avait pas du tout la même approche de ces questions de harcèlement sexuel".