Pas de solidarité féminine hier soir sur le plateau du "Grand Journal de Canal+". Alors qu'il organisait un débat sur l'attitude des médias français dans le traitement de l'influence russe sur la crise ukrainienne, Antoine de Caunes n'a pas réussi a mettre d'accord ses intervenantes.
Caroline Fourest et Natacha Polony, invitées de l'émission, se sont vivement opposées lors d'un débat houleux. Alors que la première dénonçait la propagande des médias russes qui manipulent les faits, la seconde a tenu, elle, à relever la "russophobie" de la France. "Du point de vue français il y a un énorme problème, et pas seulement avec les journalistes d'ailleurs. Il y a de la part des élites politiques, une russophobie qui est frappante", a déploré la journaliste du Figaro dénonçant la couverture de l'affaire par les médias français depuis le début des évènements place Maïdan. "J'ai lu la presse française systématiquement et il y avait une façon de présenter les choses en minimisant totalement le rôle de l'extrême droite ukrainienne", a lancé Natacha Polony avant de s'en prendre plus directement aux éditos anti-Poutine du journal "Le Monde".
"C'est très soft par rapport à ce qu'il est en train de faire", a réagi Caroline Fourest à la lecture d'extraits d'articles du quotidien du soir. "C'est votre vision", s'est agacée Natacha Polony. Un échange assez tendu a suivi. Alors que Caroline Fourest insistait sur la volonté de Vladimir Poutine de déstabiliser l'Ukraine, sa consoeur a haussé le ton. "Pas seulement ! Vous minimisez totalement le rôle des Américains dans la crise ukrainienne. C'est quand même hallucinant de faire l'impasse absolue là-dessus", s'est-elle agacée avant de s'en prendre au philosophe Pascal Bruckner qui aurait multiplié les clichés anti-russes sur les plateaux "On n'est pas couché" dont il était l'invité en avril dernier. "On tiendrait ce discours sur n'importe quel autre peuple, ça serait inadmissible", a-t-elle conclu.
Jean-Michel Aphatie, chroniqueur de l'émission, a pris la parole pour prendre la défense de Caroline Fourest. "On peut quand-même dire que Vladimir Poutine est un drôle de coco, si je puis dire. (...) Si Bachar el-Assad assassine des femmes et des enfants dans son pays c'est avec la complicité de Valdimir Poutine qui fait depuis deux ans tout ce qu'il peut pour empêcher de trouver une solution politique. Poutine est en train de déstabiliser la région. On peut quand-même dire que Vladimir Poutine est un sale type", a-t-il lancé, très énervé.
En retrait depuis le début du débat,Anne Nivat, nouvelle chroniqueuse de l'émission, et spécialiste de la Russie, a tenu à intrevenir. "Ca m'amuse beaucoup de voir des éditorialistes français s'écharper et avoir beaucoup de passion sur la Russie ! (...) On parle d'évènements très complexes qui sont en train de se développer à l'instant même où nous parlons. Et je trouve ça un peu ridicule d'avoir des idées hyper franches et arrêtées comme vous venez de le montrer", a-t-elle ironisé. Puis, s'en prenant directement à Caroline Fourest, la journaliste a lancé avec un grand sourire : "Il est plus facile pour les médias français de taper sur Poutine que d'essayer de comprendre dans les nuances une situation complexe. (...) Je vous mets au défi d'aller faire du reportage en Russie, en Ukraine et en Crimée !"
Une pique qui a n'a pas calmé les tensions sur le plateau puisque Natacha Polony et Caroline Fourest ont continué à exprimer leurs fortes divergences jusqu'à la fin de ce débat tendu que puremedias.com vous propose de revoir.