Un piratage organisé. Comme le rapporte l'AFP, le groupe audiovisuel qatari BeIN Sports a réclamé lundi pas moins d'un milliard de dollars à l'Arabie Saoudite, qu'elle accuse de diffuser en toute illégalité ses programmes sportifs par l'intermédiaire de l'opérateur satellitaire Arabsat, dont le royaume est le principal actionnaire. Un détournement qui dure depuis un an déjà. En plus de celle du groupe de télévision, une procédure parallèle est en cours puisque Doha poursuit l'Arabie Saoudite devant l'Organisation mondiale du commerce pour "violations de la propriété intellectuelle", comme l'a annoncé le ministère qatari de l'Économie et du Commerce.
Grâce à Arabsat et notamment la chaîne beoutQ - clin d'oeil à peine caché à son illustre aînée qatarie - les habitants du Moyen-Orient et du Maghreb peuvent via un décodeur et pour la somme modique d'une centaine de dollars annuels, suivre de nombreuses compétitions telles que les championnats de football européens, le basketball ou la Formule 1.
De même, la dernière Coupe du monde a été intégralement diffusée sur beoutQ. Autant de droits pour lesquels BeIN Sports débourse des millions d'euros chaque année. Le groupe assure dans un communiqué qu'il s'agit du "piratage le plus répandu que le monde ait jamais connu en matière de retransmission sportive". L'Arabie Saoudite, qui a officiellement condamné ce piratage organisé, se défend de tout lien avec Arabsat et assure avoir fait la chasse aux fameux décodeurs dans son pays.
Ce conflit intervient dans un contexte de tensions entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont interrompues depuis juin 2017. L'Arabie Saoudite et ses alliés accusent notamment le Qatar d'entretenir des liens avec des groupes islamistes radicaux et d'être proche de l'Iran, ennemi juré du pays de Mohammed ben Salmane. Conséquence, beIN Sports n'est plus autorisée à émettre en Arabie Saoudite, ce qui a déjà engendré des centaines de millions de dollars de pertes pour le groupe audiovisuel, comme le relevait "Libération" en mai dernier.