"Cantat parle". Ce mercredi, Les Inrockuptibles font leur Une sur un long entretien accordé par Bertrand Cantat au magazine. Une interview dans laquelle l'ex-leader de Noir Désir évoque son retour musical avec le duo Detroit mais surtout le meurtre de Marie Trintignant, décédée en août 2003 après avoir été frappée à de multiples reprises par le musicien. Dans les colonnes des Inrocks, Bertrand Cantat dit avoir été "désespéré par la disparition de Marie, par (sa) responsabilité".
Toutefois, le musicien dément s'être détaché du décès de sa compagne de l'époque. "C'est exactement l'inverse. Qui peut oser dire une chose pareille ? Pour essayer de faire croire quoi ? J'étais anéanti de douleur en pensant à elle, mais aussi à ses enfants et à ses proches. Je n'ai jamais voulu une chose pareille, il n'y a pas de mots pour dire ce que je ressentais" assure Bertrand Cantat, ajoutant "Je pétais les plombs, je hurlais que je voulais rejoindre Marie, je ne vivais que dans la douleur, le vertige..."
"Je n'ai jamais pu faire le travail de deuil, je n'en avais pas le droit : j'étais juste un ignoble personnage. Même en méditant, je n'arrivais plus à savoir ce qui était vrai de notre histoire. Je ne pouvais pas croire ce qui était arrivé, j'espérais toujours me réveiller, je me pinçais... Et le jour était pire que la nuit. Il n'y avait plus aucune limite dans ce cauchemar" continue Bertrand Cantat, confiant avoir voulu se suicider après avoir emmené Marie Trintignant à l'hôpital, dans la nuit qui ont suivi les coups.
Au procès, Bertrand Cantat affime avoir "bien tenté de dire la vérité, (...) de faire passer à la famille de Marie un message profond de remords et de compassion, de demande de pardon". "Mais j'étais tellement détruit que j'étais à peine audible. Je ne me défilais pas : tout était de ma faute, il aurait fallu avoir une autre vie" poursuit-il. Et en 2010, après sa libération, Bertrand Cantat dit s'être retrouvé dans "une autre prison" : Noir Désir, "où il fallait demander l'autorisation pour chanter". Il évoque par ailleurs la fin du groupe comme "un drame mineur en comparaison des dix dernières années."
Suite à la publication des premiers extraits de ce long entretien accordé par Bertrand Cantat aux Inrockuptibles hier soir, Jean-Louis Trintignant, le père de Marie Trintignant, a réagi sur Europe 1. "J'ai essayé de ne pas l'accabler et franchement, je changerai de trottoir si je le voyais. Je l'ai rayé de ma vie" a-t-il expliqué, avant de revenir sur la tentative de suicide de Bertrand Cantat. "Je croyais, après le drame, qu'il le ferait. Mais il ne l'a pas fait, c'est son problème" a-t-il terminé.