Son réflexe a été de filmer avec son téléphone portable. Mercredi, quand les frères Kouachi quittent les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo après avoir tué plusieurs de ses dessinateurs, ils croisent sur leur chemin un policier de la brigade VTT du XIe arrondissement de Paris. Ils le visent avec leur kalachnikov, sans le tuer. Ahmed Merabet implore les frères Kouachi de le laisser en vie mais ils s'avancent et l'abattent froidement, à bout portant. Un homme, présent dans un immeuble du boulevard Richard-Lenoir, est témoin. Il filme l'effroyable scène.
La vidéo est mise en ligne sur Facebook auprès de ses 2.500 amis puis retirée une quinzaine de minutes plus tard. Trop tard, elle fait rapidement le tour des réseaux sociaux, diffusée par certains médias. La vidéo est vue plusieurs millions de fois. Certains coupent la séquence macabre avant l'assassinat du policier, d'autres la diffusent en intégralité. Elle se retrouvera à la Une de nombreux quotidiens étrangers :
Cette semaine, même "Le Point" l'a mise à sa Une, suscitant l'indignation de Manuel Valls et dufrère d'Ahmed Merabet. "Je ne vous cache pas mon dégoût qu'un magazine soit publié aujourd'hui avec la photo d'un policier lâchement abattu", a ainsi déclaré le Premier ministre. Pour le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, la Une du "Point" est "une atteinte à la mémoire d'un policier disparu dans l'exercice courageux de ses fonctions".
L'auteur de cette vidéo regrette avoir capté cette scène qui symbolise aux yeux du monde entier les attentats survenus en France la semaine dernière. "J'étais complètement paniqué, j'avais besoin d'en parler à quelqu'un. J'étais seul dans mon appartement, j'ai mis la vidéo sur Facebook. C'est mon erreur", explique à l'agence AP l'auteur de la vidéo, un ingénieur vivant boulevard Richard-Lenoir à Paris. Il évoque un "réflexe stupide" et présente ses excuses à la famille d'Ahmed Merabet. "Sur Facebook, il n'y a pas de confidentialité. C'est une leçon pour moi", explique-t-il.