La presse bouleverse son calendrier habituel suite aux tragiques événements de ces derniers jours. "Libération" publiera ainsi exceptionnellement un numéro demain, tiré à 150.000 exempalires. Ce matin, l'hebdomadaire "Le Point" a publié un numéro consacré à l'attentat des frères Kouachi contre le siège de "Charlie Hebdo", mercredi matin, dans le XIème arrondissement de Paris, et qui a fait 12 morts. "7 janvier 2015 - Une tragédie historique" titre le magazine, qui arbore le logo "Je suis Charlie", en publiant une capture non-floutée des deux terroristes sur le point de tuer Ahmed Merabet, le policier abattu à bout portant en dehors des locaux de "Charlie Hebdo".
Publiée hier sur les réseaux sociaux, la Une a vivement fait réagir, de nombreux internautes critiquant le choix de ne pas flouter la photo et dénonçant un manque de respect pour les proches de la victime. Ce midi, lors de la présentation de ses voeux aux habitants d'Evry, Manuel Valls a vivement critiqué la Une du magazine, exprimant son "dégoût". "Je ne vous cache pas mon dégoût qu'un magazine soit publié aujourd'hui avec la photo d'un policier lâchement abattu", a ainsi déclaré le Premier ministre. Pour le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, cité par l'AFP, la Une du "Point" est "une atteinte à la mémoire d'un policier disparu dans l'exercice courageux de ses fonctions"
Face à la colère grandissante sur les réseaux sociaux, Etienne Gernelle, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, avait justifié dès hier soir ce choix sur le site du Point. "Pourquoi avons-nous choisi cette photo pour la couverture ? Parce que précisément elle montre la violence, la barbarie, et la lâcheté des terroristes. Et l'atteinte à un symbole de l'État, la police", expliquait-il ainsi.
"Nous pensons que nous ne pouvons pas occulter cette réalité, justement parce qu'elle est insupportable", poursuivait Etienne Gernelle, notant que des journaux étrangers - à l'image du New York Times - ont publié la même photo. "C'est un dilemme ancien pour la presse. Faut-il montrer l'horreur au risque de choquer et blesser ? Ou s'abstenir, au risque de fermer les yeux sur l'inacceptable ? Nous pensons que l'attaque terroriste contre Charlie Hebdo, au cours de laquelle des policiers représentant l'autorité de l'État sont tombés en défendant la liberté d'expression, se devait d'être dénoncée de manière forte", avait conclu le directeur de la rédaction du "Point".