La tension est vive entre Christophe Barbier et les nationalistes corses. Le patron de "L'Express", qui est aussi comédien, devait jouer le rôle de Talleyrand dans la pièce "Le Souper", de Jean-Claude Brisville, samedi soir à Bastia, dans le cadre du festival "Arte Mare". En marge de cette même manifestation culturelle, il devait aussi participer à un débat sur l'image de l'île de beauté dans les médias. Mais les deux évènements ont finalement été annulés pour cause d'un trop grand "climat de tension" selon l'organisation du festival. "Les conditions d'un débat serein ne sont pas réunies" a expliqué cette dernière vendredi dans un communiqué.
Christophe Barbier a lui aussi annoncé cette annulation sur son compte Twitter, évoquant pour sa part une "fièvre nationaliste".
Le Souper annulé à Bastia, pour cause de fièvre nationaliste. Dommage... Et partie remise. Consolation: mes éditoriaux sont donc fondés...
- Christophe Barbier (@C_Barbier) 14 Novembre 2014
A l'occasion de sa venue dans l'île de beauté, le journaliste avait donné jeudi 13 novembre une interview à Corse Matin. Le quotidien local en avait profité pour tancer le patron de "L'Express", accusé d'être "dans la stigmatisation" voire "l'ostracisme" des Corses. Le quotidien local visait ainsi plusieurs éditoriaux du journaliste dans plusieurs médias ces dernières années, jugés "anti-corse". Un editorial du journaliste sur la violence dans l'île en novembre 2012 sur i-TELE avait par exemple entraîné de vives réactions de plusieurs responsables nationalistes, à l'image de Jean-Guy Talamoni.
Dans son entretien à Corse Matin jeudi dernier, Christophe Barbier avait assumé le ton et le contenu de ses éditoriaux. "Je souhaite provoquer des réactions vives. Stigmatiser, c'est montrer les stigmates, mettre les doigts dans les plaies. C'est bien parce qu'il y a des plaies, que le corps social saigne. Un éditorial doit comporter une part de provocation, sinon il se résume à un filet d'eau tiède" avait-il notamment expliqué. Et d'ajouter : "Peu importe que les lecteurs n'approuvent pas mes analyses, seul compte pour moi qu'ils sachent pourquoi ils me désapprouvent, quels arguments ils mobilisent pour me contrer. Ainsi, j'ai l'impression d'avoir été utile et, s'ils me transmettent des critiques structurées, les lecteurs me font progresser".
Interrogé sur la violence qu'il juge "culturelle" en Corse, Christophe Barbier avait également maintenu ses propos. "Cette culture doit évoluer. Le rapport aux armes me semble un premier chantier. Tirer en l'air à la sortie d'un mariage, même avec de classiques fusils de chasse, est un archaïsme qui veut mêler au bonheur la potentialité de mort que représente une arme. Il faut collectivement renoncer à ces traditions qui relèvent d'une logique de Far-West" avait-il déclaré au cours de cet entretien présenté comme "serré" par la rédaction de Corse Matin.