Les rédactions se mobilisent pour la liberté de la presse. Le 25 janvier dernier, l'hebdomadaire économique "Challenges" a annoncé avoir été condamné par le Tribunal de commerce de Paris à retirer un article sur son site internet concernant Conforama. De plus, le journal devra rembourser 12.000 euros de frais de justice à la partie adverse. L'enquête en question révélait "les conséquences des difficultés financières" de l'enseigne d'ameublement.
Lundi dernier, dans un éditorial, Vincent Beaufils, le directeur de la rédaction de "Challenges" a annoncé que son magazine avait fait appel de la décision du Tribunal de commerce. "Dans un éditorial de notre numéro du 25 janvier nous expliquions que ce jugement était pour nous exemplaire du risque que le 'secret des affaires' fait peser sur le droit à l'information. (...) Raison pour laquelle nous avons décidé d'interjeter en appel, une décision qui a été communiquée au tribunal ce jour", a-t-il déclaré. Le site internet a également retiré l'article concernant Conforama sur son site.
Afin de communiquer leur solidarité avec "Challenges", une vingtaine de rédactions ont signé hier une tribune afin de "dénoncer un jugement transformant la liberté d'informer en délit". Les sociétés des journalistes, des rédacteurs et du personnel de chacun des médias "s'indignent de la récente condamnation (...) au motif que notre confrère aurait enfreint le secret des affaires". "L'hebdomadaire économique a été sévèrement sanctionné pour avoir informé ses lecteurs d'une procédure de 'mandat ad hoc' concernant Conforama", poursuivent-ils.
Les journalistes ont ensuite écrit : "Le code du commerce qui impose un caractère confidentiel à une telle procédure a prévalu sur la liberté d'informer, l'un des principes fondamentaux de la République française et l'une des conditions de sa vitalité". "Nous dénonçons ce jugement qui menace l'exercice de la profession de journaliste, en particulier de journaliste économique", poursuivent les sociétés de rédactions, avant de conclure : "Nous demandons aux pouvoirs publics, mais aussi à la justice, de garantir pleinement la liberté d'informer de manière indépendante et rigoureuse, garante d'une véritable démocratie."
Les signataires de la tribune : "Les Echos", "Le Point", "L'Humanité", Premières Lignes, "Le Figaro", TF1, "Libération", "Le Monde", TV5 Monde, l'AFP, Mediapart, France 3, BFMTV, "Télérama", France 2, France 24, RTL, France Inter, "Ebdo", "Alternatives économiques", Abacapress et la Fédération française des agences de presse et ses trois syndicats.