Comment tourner un film ou une série en temps de pandémie ? C'est à cette question épineuse qu'ont tenté de répondre ces dernières semaines les principaux acteurs du secteur. Après de longues discussions, ils sont parvenus à un accord, validé dans un long document publié conjointement cette semaine par le CCHSCT Cinéma, Comité central d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail de la production de films, et le CCHSCT Audiovisuel.
Parmi les préconisations, les professionnels sont invités à procéder à une analyse approfondie des risques et besoins avant le début du tournage, et à nommer un "référent COVID", placé sous l'autorité du directeur de production ou du chargé de production. Ce poste "peut nécessiter l'activité à temps plein d'une personne qualifiée", précise le guide. Les postes de travail doivent être adaptés pour respecter la distanciation physique et les horaires adaptés autant que possible pour espacer l'arrivée des salariés.
Les scénaristes sont invités, dans la mesure du possible, à réécrire les scènes qui impliqueraient des plans rapprochés, des baisers ou embrassades, ou des scènes de foule ou de bagarres, par exemple. L'utilisation d'effets spéciaux pour recréer ces scènes est également encouragée. Sur le tournage, les membres de l'équipe devront tous porter des masques, et des prises de température pourront être réalisées auprès des membres de l'équipe qui en feraient la demande. Les acteurs pourront pour leur part s'habiller, se maquiller et s'équiper eux-mêmes de micros, sous la supervision des professionnels de ces secteurs.
Ces mesures auront un prix. Interrogé par "Variety", Nicolas Altmayer de Mandarin Films a estimé que les budgets des deux prochains films de sa société de production, le nouveau François Ozon et le nouveau David Foenkinos, pourraient croître de 15%. Par ailleurs, elles devraient également allonger les journées de tournage - ou rallonger les tournages si les horaires restent les mêmes. Selon lui, une heure supplémentaire par jour serait nécessaire.
"Du sérieux des mesures prises pour assurer la sécurité des professionnels, dépendra aussi la sortie durable de cette crise. Sans cela une autre (nouvelle) vague épidémique aurait de terribles conséquences humaines et ne ferait que repousser dangereusement le rétablissement du secteur", préviennent les deux organisations, qui précisent également que ces premières mesures seront amenées à être complétées en fonction des retours des professionnels sur le terrain.