Interview
Daniel Riolo (RMC) : "J'ai une légitimité tout aussi valable que n'importe quel consultant !"
Publié le 10 mai 2018 à 14:55
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie, l'éditorialiste sportif de RMC s'est confié auprès de puremedias.com.
Daniel Riolo Daniel Riolo© Abaca
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puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football, qui se déroulera en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Daniel Riolo, éditorialiste de RMC et auteur d'enquêtes sur le milieu du football, a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 26 avril.

Partie Coupe du monde

puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Daniel Riolo : Celle de 1982. Je pense qu'en foot, la nostalgie joue vraiment beaucoup. Dans les souvenirs, c'est là qu'on forge les bons moments. En 1982, je suis enfant, j'ai 12 ans. Je me souviens de tout de cette Coupe du monde. De quasiment tous les matchs. Historiquement, on peut considérer qu'elle est très belle. Il y a beaucoup de matchs de légende et d'évènements qui ont marqué une époque. Mes deux cultures française et italienne s'entrechoquent dans cette Coupe du monde. Je regarde France/Allemagne un mercredi soir. Je pars en Italie deux jours après chez ma famille, je regarde la finale avec l'Italie. La même semaine, j'ai pleuré l'élimination de la France et fait la fête parce que l'Italie a gagné la Coupe du monde. C'était un souvenir très fort.

"La tristesse du match de foot à 20 ans, on la relativise vite" Daniel Riolo

Quel est le plus mauvais souvenir ?
Je n'en ai pas. En 1990, il n'y a pas la France, alors je suis en report sur l'Italie qui perd dans sa Coupe du monde. Je me souviens que j'étais triste. J'avais 20 ans. Mais bon, la tristesse du match de foot à cet âge, on la relativise vite. C'est drôle, je me rappelle plus des Coupes du monde quand j'étais jeune que des plus récentes. Il y a une séparation à partir du moment où j'ai commencé à travailler. Quand on les suit pour le travail, les souvenirs ne sont pas les mêmes. C'est moins un grand moment. C'est paradoxal. On regarde avec un oeil pro.

Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
Le duo Messi - Ronaldo. C'est implacable. Ils sont inséparables. On ne peut pas les distinguer. Les deux sont hors du commun. Ils sont dans une continuité. Il n'y a rien d'aussi fou dans le foot. Il y a des figures historiques : Pelé, Maradona, Platini, Zidane. Mais des joueurs qui ont été performants aussi longtemps, sur la durée, chaque année. Ce sont Nadal et Federer au tennis.

Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Il n'y en aura pas. Les meilleurs, ce sont le Brésil, l'Allemagne, l'Espagne... La France ensuite avec l'Argentine. La Belgique qu'on ne cite pas mais qui est une superbe équipe. Je ne vois pas qui pourra battre l'une de ces équipes-là. Je ne vois pas de surprises.

Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
Oui, oui. L'expert te dira que le Brésil te semble mieux, que l'Espagne et l'Allemagne sont meilleures. Après, si ça se joue sur un match, en quart ou en demi, on sait très bien que tout peut arriver. La demi-finale France/Allemagne du dernier Euro, elle est là pour démontrer que les choses les plus folles peuvent se produire.

Partie médias
"La Ligue 1 ? Ca vient après la Coupe du monde et la Ligue des champions, faut pas déconner !" Daniel Riolo

Avec votre statut d'éditorialiste sur RMC, comment allez-vous aborder cet évènement ?
Comme chaque compétition internationale, à fond les ballons ! C'est toujours un mois qui est très intense. La première fois que j'ai fait "L'After" pour RMC, ça devait être pour l'Euro 2008, c'est du matin au soir, on ne vit que là-dedans pendant un mois. On ressort, on est bien lessivé. On est pressé de voir la finale arriver. C'est même un peu usant.

Pour un expert de football, c'est plus palpitant la Coupe du monde ou la Ligue des champions ?
La Ligue des champions, à partir des quarts de finale, c'est vraiment chaque année un truc que j'adore. Après, la Coupe du monde, ça reste des moments uniques. Mais il faut que ce soit des matchs extraordinaires. Sur la dernière Coupe du monde, ce n'est pas facile, elle n'a pas marqué. Il y a l'Allemagne/Brésil qui reste dans toutes les mémoires. Mais sinon... Je n'ai pas le souvenir de trucs fous. Alors que la Ligue des champions, c'est chaque année un truc !

Et la Ligue 1 ?
Ca vient après, quand même ! Faut pas déconner !

"A partir du moment où on commente l'actualité et où on donne son opinion, ça peut donner lieu à une polémique sur le plateau" Daniel Riolo

Où se situe la différence entre journaliste et consultant ?
Moi, je suis journaliste, pas consultant. Le consultant, c'est un ancien joueur. Je ne suis pas ancien joueur moi ! Je suis journaliste éditorialiste.

Peut-on être journaliste, essayer d'être neutre et donner son avis en même temps ?
L'éditorialiste, c'est un moment dans la carrière d'un journaliste, on lui demande de produire une opinion sur ce qu'il veut et un regard critique. C'est la seule différence. Après, j'ai fait toutes les sortes de journalisme. Que ce soit commenter un match, aller faire un reportage, faire une interview... Pour SFR, je présente une émission, "Transversale" où je fais des entretiens. Le soir, dans "L'After", je donne mon opinion sur les évènements footballistiques.

Vous avez un avis tranché mais il vous arrive assez souvent de faire des mea culpa. C'est assez rare chez les éditorialistes.
Le propre de l'opinion, c'est qu'elle peut varier. Je trouve que c'est normal. Les évènements font qu'un avis est modifié. Une opinion évolue dans le temps. Il peut y avoir un joueur qui est mauvais de septembre à octobre, puis qui est bon en avril. Il faut bien dire qu'il est bon. A l'école, on peut remonter ses notes sur un trimestre. Le journalisme, c'est l'étude du quotidien.

Vous participez à "L'After" sur RMC. Doit-on dans un débat chercher la polémique ?
On ne cherche rien du tout. A partir du moment où on commente l'actualité et où on donne son opinion, ça peut donner lieu à une polémique quand on n'est pas d'accord avec les autres personnes sur le plateau ou avec les auditeurs qui nous téléphonent. Mais la polémique n'est pas recherchée. Il ne manquerait plus que ça. On ne fabrique rien, on n'a jamais rien fabriqué en dix ans d'"After".

"C'est une chose qu'il m'est arrivé de déplorer qu'il y ait trop de consultants dans les émissions et qu'on ne donne pas leur place à des journalistes" Daniel Riolo

Les plateaux de débat de sports sont de plus en plus envahis par d'anciens joueurs de football. Est-ce que c'est plus difficile pour un journaliste de s'y faire une place ?
Je pense que c'est plus compliqué. Après, c'est difficile pour moi de répondre à la question parce que moi, je suis journaliste et je suis sur un plateau comme ça. J'ai face à moi un consultant. Je ne sais pas si un autre journaliste pourrait prendre la place du consultant. Souvent le consultant, il est là pour apporter son expertise du terrain. Il faut qu'il soit bon aussi. Il faut qu'il soit capable de faire passer ses idées et de s'exprimer pour qu'on comprenne. Il doit verbaliser son expérience du terrain. Après, oui, c'est une chose qu'il m'est arrivé de déplorer qu'il y ait trop de consultants dans les émissions et qu'on ne donne pas leur place à des journalistes, qui pourraient avoir des opinions intéressantes à entendre et un autre regard. Dans les émissions politiques, les éditorialistes qui se font face, il n'y a pas d'anciens hommes politiques - ça peut arriver parfois, c'est rare. Moi, je milite pour qu'il y en ait plus.

D'ailleurs, des politiques qui sont devenus éditorialistes, il y en a beaucoup qui se sont cassé les dents...
Ouais, mais le défaut du sport, c'est de considérer qu'il faut avoir été sur le terrain pour avoir un bon avis. Alors qu'en politique, on a plein d'éditorialistes et de journalistes sur les plateaux qui n'ont pas été hommes politiques avant et qui n'ont pas été élus ! Les critiques de cinéma n'ont pas réalisé de films ! C'est quelque chose que j'ai du mal à comprendre, mais c'est la mode du consultant dans le sport. "Avoir été sur le terrain, ça donne une légitimité". Bah non, moi je combats cette idée. J'estime que j'ai une légitimité tout aussi valable que n'importe lequel des mecs qui ont été sur le terrain ! De toute façon, il y a toujours une limite au consultant ! Est-ce que le consultant qui n'a joué qu'en Ligue 1 peut donner son avis sur la Ligue des champions ? S'il a joué la Ligue des champions mais qu'il n'a pas gagné la Coupe du monde, est-ce qu'il peut parler de ce que c'est que jouer une Coupe du monde ? Donc, en fait, c'est sans fin cette limite-là. Cet argument de la légitimité est toujours à un moment confronté à un mur. Souvent, c'est un mur de bêtises ! Cet argument, pour moi, il ne tient pas la route !

Depuis le début de votre carrière, vous êtes passé par plusieurs médias (RTL, LCI, TV5 Monde, NT1, D8, ndlr). Avez-vous le sentiment d'avoir une plus grande liberté sur RMC que dans les autres groupes ?
En tout cas, il y a deux choses. RMC a été le premier sur le secteur de l'opinion. C'était la marque de fabrique et ça a été repris par tout le monde. L'opinion est née ici et toutes les émissions de ce genre-là sont nées ensuite. Est-ce qu'il y a plus de liberté ici qu'ailleurs ? Je ne sais pas. Ce que je sais et j'en suis sûr, parce que moi, j'en suis l'incarnation et le témoin numéro un, c'est que l'opinion est protégée. On a un patron qui protège ça. Est-ce que ça évoluera quand on aura des droits et qu'on sera diffuseur ? Ca, je ne sais pas ! J'y répondrai l'année prochaine après l'appel d'offres. Jusque-là, l'opinion est protégée sur cette antenne.

"Quand on m'insulte, je réponds par une insulte. Il n'y a pas à accepter qu'un mec derrière son téléphone puisse dire ce qu'il a envie de dire" Daniel Riolo

Vous avez un rapport particulier avec les réseaux sociaux. Vous répondez très souvent aux internautes. Tous les journalistes ne le font pas.
Je ne sais pas en fait. Parce que les mecs me parlent, je leur réponds. Les mecs m'insultent, je les insulte. C'est sûrement la déformation de "L'After". On est au contact du public. Donc, le mec m'interpelle, je lui réponds. Surtout, je ne laisse pas filer l'insulte, parce que je ne supporte pas. Alors, quand on m'insulte, je réponds par une insulte. Il n'y a pas à accepter qu'un mec derrière son téléphone puisse dire ce qu'il a envie de dire. Je le fais... Mais peut-être trop ! Après tout, je pourrais très bien ignorer et être indifférent. Et en même temps, c'est aussi une preuve que je ne suis pas indifférent à ce que dit le public. Sinon on va te dire : "Ouais, vous êtes coupé du monde. Vous ne parlez pas aux gens". Bah si, moi je regarde ce que disent les gens. Après, c'est difficile de savoir si Twitter est réellement une caisse de résonance ou si ça représente vraiment une opinion ou simplement une petite tendance. Mais n'empêche que ça ne me dérange pas de répondre et d'aller au fight avec des mecs s'ils veulent en venir à ça. Je pense que chez les journalistes, je dois être sur le podium de ceux qui répondent le plus aux gens.

Vous répondez quand même aux trolls, aux centaines de tweets...
Moi, ça ne me déplaît pas. Je dois également être le journaliste qui voit le plus d'étudiants dans l'année et qui répond le plus aux demandes pour les aider pour leurs mémoires. Je dois en être à vingt dans l'année. A tel point que cette année, j'ai complètement saturé et que je me demande si je vais pouvoir continuer l'année prochaine. Parce que c'est trop, y'a trop de demandes, je ne sais pas comment faire. Mais je trouverais ça dommage de se couper du public. J'ai toujours la faiblesse quand un mec envoie un mail, qu'il est étudiant en dernière année et qu'il dit qu'il est auditeur de "L'After" depuis 5 ans. J'avoue que je suis un peu sensible. Je ne me vois pas le basher. Après, ça me coince. Je ne peux pas m'en sortir.

Vous avez également bâti votre carrière avec la publication de plusieurs enquêtes sur l'univers du football. Avec la starisation des joueurs et l'ultra-communication des clubs, est-ce que ce n'est pas plus difficile d'enquêter sur ce milieu ?
Non. Il n'y a rien de compliqué. Les mecs parlent dans le football. Je n'ai aucun problème là-dessus.

Vous êtes sur l'écriture d'un nouvel ouvrage ?
Un bouquin ? Non, là, je me repose, je suis fatigué. Le dernier m'a tué. "L'Autopsie du sport français" (Hugo Sport), c'était... Stop ! Pour l'instant, en tout cas.

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