Les journalistes de l'agence de presse économique Bloomberg sont accusés d'avoir espionné des ordinateurs dans les salles de marché du monde entier.
Tous les journalistes de l'agence avaient, depuis des années, un accès privilégié à l'immense base de données éditée par l'agence qui fournit, en temps réel, de nombreuses informations et services à 315.000 professionnels de la finance, pour 20.000 dollars par an. Jusqu'ici rien de scandaleux. Mais leur mot de passe leur permettait de savoir à quelle heure des milliers de traders, banquiers, régulateurs et dirigeants de la finance se connectaient sur le terminal, et, surtout, quel(s) type(s) de pages ils consultaient. Même le bureau de Ben Bernanke, le puissant patron de la Réserve Fédérale, était ainsi espionnable.
La Fed mais aussi le Trésor américain et la Banque centrale européenne ont demandé immédiatement des explications à l'entreprise créée en 1981 par Michael Bloomberg, l'actuel maire de New York. Celle-ci a déploré "une erreur inexcusable". "Le mois dernier, nous avons changé notre politique de manière à ce que tous les reporters n'aient accès qu'aux mêmes données relatives à nos clients que les autres abonnés", a fait savoir l'agence qui a tout de fois minimisé les informations auxquelles avaient accès ses journalistes. Selon elle, il ne s'agissait que de "données limitées sur les liens de nos clients à leurs terminaux, mais cela n'a jamais concerné des données sécurisées sur leurs positions, leurs transactions ou leurs messages".
L'affaire a été lancée par Goldman Sachs. La banque d'affaires s'était étonnée que des journalistes aient appris le départ d'un de ses salariés car il ne se connectait plus depuis plusieurs semaines à son terminal. L'affaire peut paraître anecdotique, mais les journalistes de Bloomberg pouvaient savoir, par exemple, que le patron de la Fed travaillait le soir activement sur les taux d'intérêts pratiqués par la Banque centrale européenne...